27/09/2012
COMMENT VAINCRE LES FAMINES ?
Beaucoup de lycéens lisent « Les Raisins de la Colère » de John Steinbeck. Dans ce livre, l’auteur décrit le « Dust Bowl » des années 30 et les souffrances qu’ont dû endurer beaucoup d’américains en raison de la violente sécheresse, de techniques agricoles primitives et de la tempête de poussière qui s’en est suivie au Texas, dans l’Oklahoma et dans d’autres Etats. Alors que le Midwest américain a été touché par la sécheresse cet été, il est intéressant d’étudier pourquoi les mauvaises récoltes n’ont pas, dans ce cas, conduit à des pénuries de nourriture et à d’autres problèmes graves.
Il est également intéressant de se pencher sur la question de savoir pourquoi les famines, qui se sont produites régulièrement au cours de l’histoire de l’humanité, ont presque disparu depuis à peu près un siècle. La réponse réside dans le marché et la mondialisation. Leur combinaison, pour les raisons explicitées ci-dessous, permet à l’humanité d’être beaucoup moins à la merci du climat et fait en sorte que la nourriture soit acheminée à l’endroit où il faut. Les marchés aident à combattre les famines de deux façons : d’abord, les innovations rendues possibles par la « recherche du profit » et la liberté relative sur les marchés dans le monde occidental ont largement augmenté la productivité agricole. Nous nourrissons avec succès une planète de 7 milliards d’hommes – même si nous voudrions la nourrir mieux encore – et nous le faisons en utilisant sans cesse moins d’hectares et moins d’agriculteurs. Les Etats-Unis peuvent nourrir leur propre population et même exporter des céréales vers le reste du monde, en dépit du fait que les agriculteurs soient obligés de détourner leur maïs vers l’éthanol subventionné. Nous risquons moins les famines aujourd’hui parce que nous pouvons produire plus de nourriture avec moins de ressources. En cas de mauvaise récolte à un endroit, d’autres grandes récoltes ailleurs viendront compenser le manque.
Le deuxième intérêt des marchés en la matière, c’est que les signaux émis par les prix et les profits informent les producteurs sur les endroits où la nourriture manque, fournissant ainsi les incitations pour l’y acheminer. Les prix sont des incitations « enveloppées dans de la connaissance », ce qui leur permet de servir de signaux pour assurer que personne ne manque de nourriture. Certes, la nourriture peut être plus chère durant une sécheresse, mais cela est bien mieux que de n’avoir pas de nourriture du tout, comme c’était le cas fréquemment au cours de l’histoire de l’humanité.
Nous voyons ces processus opérer actuellement. La sécheresse au centre des Etats-Unis a détruit une grande partie des récoltes de maïs dans l’Indiana et dans l’Iowa. Dans le même temps, les agriculteurs des Etats de Washington et de Virginie n’ont pas été touchés. L’offre raréfiée dans le Midwest a augmenté les prix et signalé aux producteurs des autres Etats que des opportunités de profit existaient à ces endroits ; les incitations associées à ce signal ont conduit les fermiers à acheminer leurs récoltes où se trouvait la demande. Certes, les prix élevés dégraderont la situation de certains consommateurs, mais le maïs est en fait plus rare, donc les prix plus élevés ne résultent pas du fait que les agriculteurs « exploitent » la sécheresse, mais reflètent une réelle pénurie d’offre.
Les signaux prix peuvent également conduire les producteurs à détourner le maïs de la production non-alimentaire vers la production alimentaire. Une telle substitution n’est possible que parce que les prix de marché fournissent la connaissance et les incitations nécessaires. Dans un monde sans marché, les producteurs ne pourraient pas avoir accès aussi facilement et efficacement l’information; et ils n’auraient pas les incitations pour répondre de façon appropriée. Il en résulterait plus de famines.
Enfin, la mondialisation a quasiment éradiqué les famines. Tous les mécanismes marchands identifiés ci-dessus sont d’autant plus efficaces que le commerce s’accroît. Quand les marchés de marchandises sont mondialisés, les pays faisant face à des sécheresses et à des mauvaises récoltes peuvent se ravitailler auprès du monde entier. Les habitants des Etats-Unis ne sont pas contraints de faire appel aux agriculteurs de l’Etat de Washington ou de Virginie. Ils peuvent faire parvenir du maïs du monde entier. Les agriculteurs canadiens, qui ont connu une année plus clémente, voient le prix de leurs exportations vers les Etats-Unis augmenter. Les canadiens vont payer leurs céréales un peu plus cher, certes, mais les prix aux Etats-Unis vont être bien plus faibles qu’ils ne l’auraient été en l’absence d’importations canadiennes.
Comme Pierre Desrochers et Hiroko Shimizu l’ont montré dans leur merveilleux nouveau livre The Locavore’s Dilemma (« Le dilemme du locavore »), la croyance selon laquelle produire et distribuer localement la nourriture augmenterait la sécurité alimentaire est erronée. Le plus important que nous puissions faire pour assurer la sécurité alimentaire face à la sécheresse et aux autres menaces sur les récoltes, c’est de permettre aux marchés de fonctionner librement et d’étendre cette liberté au monde entier.
Nous ne pouvons pas contrôler la météo, la menace de sécheresse est donc toujours présente. Mais nous pouvons libérer le marché, et mondialiser la production de nourriture pour empêcher les désastres humains que sont les famines quand les récoltes échouent. La victoire sur les famines constitue l’un des grands accomplissements de l’Homme au cours du dernier siècle. Le fait que personne ne meurt de faim aux USA en raison de la sécheresse de cet été est une preuve de cette victoire. Ne laissons pas les forces du « locavorisme » ruiner ces progrès.
Beaucoup de lycéens lisent « Les Raisins de la Colère » de John Steinbeck. Dans ce livre, l’auteur décrit le « Dust Bowl » des années 30 et les souffrances qu’ont dû endurer beaucoup d’américains en raison de la violente sécheresse, de techniques agricoles primitives et de la tempête de poussière qui s’en est suivie au Texas, dans l’Oklahoma et dans d’autres Etats. Alors que le Midwest américain a été touché par la sécheresse cet été, il est intéressant d’étudier pourquoi les mauvaises récoltes n’ont pas, dans ce cas, conduit à des pénuries de nourriture et à d’autres problèmes graves.
Il est également intéressant de se pencher sur la question de savoir pourquoi les famines, qui se sont produites régulièrement au cours de l’histoire de l’humanité, ont presque disparu depuis à peu près un siècle. La réponse réside dans le marché et la mondialisation. Leur combinaison, pour les raisons explicitées ci-dessous, permet à l’humanité d’être beaucoup moins à la merci du climat et fait en sorte que la nourriture soit acheminée à l’endroit où il faut. Les marchés aident à combattre les famines de deux façons : d’abord, les innovations rendues possibles par la « recherche du profit » et la liberté relative sur les marchés dans le monde occidental ont largement augmenté la productivité agricole. Nous nourrissons avec succès une planète de 7 milliards d’hommes – même si nous voudrions la nourrir mieux encore – et nous le faisons en utilisant sans cesse moins d’hectares et moins d’agriculteurs. Les Etats-Unis peuvent nourrir leur propre population et même exporter des céréales vers le reste du monde, en dépit du fait que les agriculteurs soient obligés de détourner leur maïs vers l’éthanol subventionné. Nous risquons moins les famines aujourd’hui parce que nous pouvons produire plus de nourriture avec moins de ressources. En cas de mauvaise récolte à un endroit, d’autres grandes récoltes ailleurs viendront compenser le manque.
Le deuxième intérêt des marchés en la matière, c’est que les signaux émis par les prix et les profits informent les producteurs sur les endroits où la nourriture manque, fournissant ainsi les incitations pour l’y acheminer. Les prix sont des incitations « enveloppées dans de la connaissance », ce qui leur permet de servir de signaux pour assurer que personne ne manque de nourriture. Certes, la nourriture peut être plus chère durant une sécheresse, mais cela est bien mieux que de n’avoir pas de nourriture du tout, comme c’était le cas fréquemment au cours de l’histoire de l’humanité.
Nous voyons ces processus opérer actuellement. La sécheresse au centre des Etats-Unis a détruit une grande partie des récoltes de maïs dans l’Indiana et dans l’Iowa. Dans le même temps, les agriculteurs des Etats de Washington et de Virginie n’ont pas été touchés. L’offre raréfiée dans le Midwest a augmenté les prix et signalé aux producteurs des autres Etats que des opportunités de profit existaient à ces endroits ; les incitations associées à ce signal ont conduit les fermiers à acheminer leurs récoltes où se trouvait la demande. Certes, les prix élevés dégraderont la situation de certains consommateurs, mais le maïs est en fait plus rare, donc les prix plus élevés ne résultent pas du fait que les agriculteurs « exploitent » la sécheresse, mais reflètent une réelle pénurie d’offre.
Les signaux prix peuvent également conduire les producteurs à détourner le maïs de la production non-alimentaire vers la production alimentaire. Une telle substitution n’est possible que parce que les prix de marché fournissent la connaissance et les incitations nécessaires. Dans un monde sans marché, les producteurs ne pourraient pas avoir accès aussi facilement et efficacement l’information; et ils n’auraient pas les incitations pour répondre de façon appropriée. Il en résulterait plus de famines.
Enfin, la mondialisation a quasiment éradiqué les famines. Tous les mécanismes marchands identifiés ci-dessus sont d’autant plus efficaces que le commerce s’accroît. Quand les marchés de marchandises sont mondialisés, les pays faisant face à des sécheresses et à des mauvaises récoltes peuvent se ravitailler auprès du monde entier. Les habitants des Etats-Unis ne sont pas contraints de faire appel aux agriculteurs de l’Etat de Washington ou de Virginie. Ils peuvent faire parvenir du maïs du monde entier. Les agriculteurs canadiens, qui ont connu une année plus clémente, voient le prix de leurs exportations vers les Etats-Unis augmenter. Les canadiens vont payer leurs céréales un peu plus cher, certes, mais les prix aux Etats-Unis vont être bien plus faibles qu’ils ne l’auraient été en l’absence d’importations canadiennes.
Comme Pierre Desrochers et Hiroko Shimizu l’ont montré dans leur merveilleux nouveau livre The Locavore’s Dilemma (« Le dilemme du locavore »), la croyance selon laquelle produire et distribuer localement la nourriture augmenterait la sécurité alimentaire est erronée. Le plus important que nous puissions faire pour assurer la sécurité alimentaire face à la sécheresse et aux autres menaces sur les récoltes, c’est de permettre aux marchés de fonctionner librement et d’étendre cette liberté au monde entier.
Nous ne pouvons pas contrôler la météo, la menace de sécheresse est donc toujours présente. Mais nous pouvons libérer le marché, et mondialiser la production de nourriture pour empêcher les désastres humains que sont les famines quand les récoltes échouent. La victoire sur les famines constitue l’un des grands accomplissements de l’Homme au cours du dernier siècle. Le fait que personne ne meurt de faim aux USA en raison de la sécheresse de cet été est une preuve de cette victoire. Ne laissons pas les forces du « locavorisme » ruiner ces progrès.
18:44 Écrit par OUTALHA dans societe | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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FRANÇOIS HOLLANDE AMORCE LE DUR VIRAGE DE LA RIGUEUR
Certes le mot de rigueur, tabou à gauche comme hier à droite, n’a jamais été prononcé et pourtant François Hollande l’a pleinement assumé ce 9 septembre devant près de 10 millions de téléspectateurs sur le plateau du 20 heures TF1. La France sait maintenant qu’il lui faut se préparer au choc budgétaire le plus rude de ces trente dernières années. Le Président «normal» s’est donc transformé en Président de «combat» pour présenter sa première facture pour 2013 : 10 milliards d’économies budgétaires ; 10 milliards d’impôts pour les entreprises et 10 milliards d’impôts sur les ménages «aisés».
Le tout sur fond de croissance revue à la baisse (de 1,3 à 0,8%). Une rigueur sans précédent et des «riches» plus que jamais dans le collimateur du fisc. Hollande a décidé sans surprise de maintenir sa taxe à 75% pour les revenus qui dépassent un million d’euros tout en admettant qu’elle n’a qu’une valeur symbolique. Mais pouvait-il reculer au moment ou Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, et quatrième fortune sur la planète, se prépare toute honte bue à l’exil en Belgique.
L’essentiel est ailleurs. « Vous me dites il faut accélérer, j’accélère…» a concédé le Président avant d’ajouter à l’adresse de ses détracteurs et de son prédécesseur «mais je ne peux pas faire en quatre mois ce que d’autres n’ont pas fait en cinq ans ou en dix ans…» Il a cependant confirmé qu’il est bien décidé désormais à répondre aux critiques des médias, à l’impatience des Français et aux mauvais sondages qui se succèdent..
C’est ce changement dans le style Hollande qui a d’abord retenu l’attention des chroniqueurs notamment ceux de la Presse Quotidienne Régionale. C’est «à la première personne du singulier (“je suis en première ligne”) comme le souligne beaucoup d’observateurs que le chef de l’Etat s’est efforcé de reprendre la main. «Menton relevé, mais gestes apaisants. Déclarations martiales de chef de guerre contre la crise, (…), mais ton de père de famille tranquille ou d’instituteur à l’ancienne» souligne par exemple Christine Clerc dans Le Télégramme. Didier Rose, des Dernières Nouvelles d’Alsace, l’a trouvé «tendu, hors du registre de la séduction». «Sérieux, presque austère, il a montré qu’il était le patron», relève Bertrand Meinnel du Courrier picard.
Sarkosisation ?
La comparaison avec Nicolas Sarkozy s’est imposée. Philippe Waucampt (Républicain lorrain) a retenu un «ton plus viril et décidé» visant à «démontrer qu’il y a un taulier à l’Elysée, pour parler comme son prédécesseur dans cette excellente maison». D’autres vont plus loin dans le parallèle. «A son entrée en fonction, il avait pourtant promis: je ne déciderai pas de tout, pour tout et partout.
Nous avons compris hier soir que la promesse ne tient plus (…) Qu’on nous pardonne ce néologisme, M. Hollande se sarkozyse» juge «Le Progrès». Ainsi François Hollande serait-il à son tour condamné à endosser les habits d’un «hyper-président» qu’il détestait, comme l’évoque beaucoup d’éditorialistes.
Un ton condescendant pour parler de son Premier ministre et un langage guerrier. «Il parle de “combat” et promet de “rendre des comptes” devant les Français quitte à faire du Sarkozy bis», note par exemple Yann Marec dans Le Midi libre. Un «Nicolas Sarkozy dont le style va-t-en-guerre pourrait bien s imposer à cet homme qui se voyait en président normal», renchérit Philippe Marcacci dans L’Est républicain. Tous se rejoignent, dimanche soir François Hollande a «eu le souci de ne surtout pas apparaître en président “normal” dans une situation, celle de la France, qui ne l’est pas» comme le note Ivan Drapeau dans La Charente libre. «Le président socialiste n’a pas promis de la sueur et des larmes face à une situation dont il ne cache pourtant plus la gravité. Il a seulement exhorté à l’effort» nuance Bruno Dive dans Sud-Ouest qui ajoute que «on attendait Churchill et on a eu Schröder, ce qui n’est déjà pas si mal». On peut imaginer que devant son poste de télévision Martine Aubry a froncer des sourcils.
Virage social-démocrate ?
En assumant l’inévitable politique de rigueur même s’il s’agit d’une rigueur de gauche, François Hollande a-t-il amorcé le virage social démocrate qui certes pourrait rassurer les marchés et aussi son partenaire européen mais en abandonnant les «fondamentaux» de la gauche plurielle ?
C’est justement la question qui fâche à la gauche de la gauche bien sur (mais également au sein même d’un PS rivé à ses dogmes) où certains sont toujours prompts a crier à la trahison de classe. Bien évidemment Jean Luc Mélenchon ne pouvait laisser passer l’occasion de tirer à boulet rouges sur le locataire de l’Elysée et même s’il se veut respectueux du Président de la République, son jugement n’en est pas moins définitif : «Une politique d’austérité en France – 30 milliards d’euros retirés de la circulation économique du pays ! – c’est nécessairement, obligatoirement, absolument, l’enlisement”. L’Inquiétude est grande également, et c’est plus grave du côté des organisations syndicales.
Or voilà que s’ouvre un chantier capital dans l’agenda du «redressement» tracé par le chef de l’Etat, celui de la compétitivité des entreprises françaises qui passe par une réforme en profondeur du marché du travail. But affiché, atteindre un “équilibre gagnant-gagnant” entre protection des salariés et «souplesse » laissée aux entreprises.
Cela passe bien évidemment par une réforme du financement de la protection sociale. On en saura plus dans quelques jours avec le rapport commandé à Louis Gallois, l’ancien président d’EADS, dont on sait déjà qu’il est partisan d’un «choc de compétitivité». Or la marge de manœuvre est étroite. Le candidat Hollande n’a pas voulu ( à tort pensent certains de ses amis) de la TVA sociale chère à Nicolas Sarkozy. Comme il en a convenu le Président devra sans doute se rabattre sur la CSG et à une « taxation écologique» pour opérer l’indispensable transfert du poids du financement de la protection sociale des revenus du travail vers d’autres sources de revenus. Les arbitrages s’annoncent brulants. La concertation qui a commencé a pour objectif d’obtenir un «compromis historique» entre le partenaire social. Mais l’heure n’est plus aux négociations sans fin. Si un accord ne se dégageait pas d’ici la fin de l’année, le Président a prévenu que «l’Etat prendra ses responsabilités ».
Dans cette hypothèse plus qu’une droite décrédibilisée c’est d’abord sur sa gauche qu’il lui faudra convaincre. En se donnant deux ans pour réussir à inverser la courbe du chômage et à stabiliser la dette François Hollande tourne la page du «changement c’est maintenant», un slogan qui faisait boomerang. Mais ce n’est peut être qu’un sursis et celui qui se voyait reprocher une prudence excessive, vient de prendre un pari risqué. Avait-il le choix ?
18:39 Écrit par OUTALHA dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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