01/12/2012
LE RAPPORT GALLOIS
Alors que le gouvernement se félicite du rapport Gallois qu'il vient d’adopter, tout en le modifiant selon son propre intérêt (et non dans l'intérêt des français), Jean-Luc Mélenchon considère que dans ce rapport « tout est à jeter ». J'approuve la position de co-président du Parti de Gauche, même si je ne partage pas tous ses arguments bien différents de ceux qui sont les miens.
En fait, le rapport Gallois est une sorte de parade qui veut détourner l'attention de tous nos citoyens, en essayant de leur faire « avaler des couleuvres » à de simples fins électorales, notamment en ce qui concerne les prochaines municipales de 2014. Non pas que Louis Gallois (proche des socialistes) n'ait pas quelques talents que l'on retrouve dans certaines pages de son rapport. En apparence, ses propositions présentent un intérêt non négligeable, mais au final, il est clair qu'à l'arrivée les grands projets avancés risquent de ressembler à « la montagne qui accouche d'une souris ».
Alors, une soi-disant compétitivité peut-elle changer le sort de la France et des salariés ? Je répondrai tout de suite NON. Même si les entreprises font des efforts énormes pour se moderniser et investir, même si leurs charges sont allégées, comment peut-on lutter contre la Chine ou d'autres pays de l'Asie et de l'Europe de l'Est où les salaires sont démesurément bas ? Ce n'est de cette façon que l'on pourra remettre notre nation sur les rails.
Produire et vendre des produits de luxe.
La France a toujours été un symbole international du savoir-faire et du luxe. Par exemple, voici quelques 60 ans, notre pays construisait et vendait des voitures de grand standing un peu partout dans le Monde. Les marques s'appelaient Delahaye, Delage, Bugatti, Talbot, Hotchkiss, Salmson, etc. … Et même Renault ou Peugeot produisaient de très beaux véhicules : La firme de Boulogne-Billancourt conçut la très belle et luxueuse Vivastella dans les années 30-40, et plus tard, la fulgurante Alpine entrée à jamais dans la légende sportive. Quant au Lion de Sochaux, il imagina la célèbre 601 qui fit rêver longtemps les amateurs de grosses voitures.
Dans un autre secteur de production, la France fabriquait à une époque les plus belles chaussures du monde. Aujourd'hui, la ville de Romans, reste l'un des grands témoins d'un temps où cette industrie extrêmement florissante, faisait vivre des milliers de salariés.
Ainsi, la France pourrait facilement se remettre à l'ouvrage pour fabriquer ou développer tous les secteurs du luxe qui l'ont fait connaître pendant des siècles, un peu partout sur planète.
Ces branches privilégiées de l'économie fonctionneront toujours très bien quelle que soient les difficultés de l'économie à travers les âges : même en temps de grande crise, le luxe est toujours gagnant, en raison d'une classe sociale souvent très riche qui, elle ne connaît pas les restrictions : en général, les personnes fortunées n'examinent pas le niveau de leur compte en banque, et n'attendent pas non plus les soldes pour se faire plaisir. Le prix n'est pas pour elles un facteur d'achat ; seul l'envie et le coup de cœur stimulent les plus favorisés de notre société.
Aussi, pourquoi ne pas construire à nouveau des voitures de grand luxe qui pourront faire concurrence aux puissantes Mercédès, BMW, Audi, Porsche, Bentley ou Ferrari pour ne citer que les principales marques qui séduisent les plus grands fortunes du Monde ?
Pourquoi ne pas fabriquer et développer les réseaux de la mode et de la haute couture pour exporter des produits d'exception à travers tous les continents de la Terre ? Il est clair que le Pays tout entier s'y retrouverait très rapidement : emplois, salaires largement améliorés en raison des prix de vente élevés pratiqués sur les produits concernés, marchés à l'exportation en croissance continue, etc. … etc. …
Mais en apparence, les politiques ont d'autres projets, comme ils en ont eu déjà par le passé. Le problème récurrent est que la quasi totalité de ces projets ne fonctionne jamais. Et c'est la principale raison pour laquelle, notre nation se trouve dans la situation d'aujourd'hui.
Mais revenons au rapport Gallois qui a fait cette semaine la une de l'actualité.
Avec ce projet de 60 pages, le gouvernement Ayrault s'est un peu ragaillardi, trouvant enfin le souffle qui lui manquait. Un souffle positif largement cautionné par Madame Laurence Parisot qui n'a pas manqué de féliciter ledit gouvernement.
A croire que la Présidente du Medef vire peu à peu à gauche, ce qui d'ailleurs ne serait pas étonnant, si l'on considère parfois l'ambiguïté de certaines de ses positions au cours des années passées.
En résumé, avec le rapport Gallois, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont marqué leur premier point depuis leur arrivée au pouvoir. Ils paraissaient incapables de prendre une décision. Louis Gallois leur a donné du grain à moudre ce qui sauve momentanément leur incompétence tandis que Laurence Parisot venait leur apporter clairement son soutien. Quoi de mieux …
En parallèle, trop prise par ses querelles intestines pour désigner son futur président, L'UMP n'a pas réagi. Quelque part et bizarrement, elle s'enlise alors quelle pourrait monter au créneau pour dénoncer les erreurs du pouvoir. En fait, depuis le départ de Nicolas Sarkozy, la droite n'a plus de chef. Et dans un avenir proche, la situation risque de devenir bien compliquée pour une opposition qui se désorganise chaque jour un peu plus.
Cette faiblesse, si elle s'affirme, permettra à François Hollande de conserver passablement le cap pendant cinq ans et d'être réélu en 2017. A titre de comparaison, regardons le cas précis de Barack Obama. Le bilan du Président américain est largement négatif, notamment pour son action contre le chômage. Et pourtant il vient d'être porté à nouveau à la présidence des Etats-Unis. Dans ce contexte, le président Hollande n'a pas à s'en faire, et d'ailleurs, croyez-moi, il a confiance ! A suivre au fil du temps
08:55 Écrit par OUTALHA dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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29/11/2012
La Palestine en quête d'un statut à l'ONU
Le 29 novembre 1947, la jeune Organisation des Nations unies adoptait le plan de partage de la Palestine en deux Etats. L'un, juif, fut proclamé quelques mois plus tard sous le nom d'Israël. L'autre, arabe, n'a pas vu le jour et son territoire n'a cessé de se réduire. A défaut d'être en mesure de corriger cette injustice, l'Assemblée générale de l'ONU aura au moins l'occasion, jeudi 29 novembre, de maintenir en vie le principe du partage, énoncé il y a soixante-cinq ans. Ses 193 pays membres doivent en effet se prononcer sur la demande d'élévation du statut de la Palestine d'entité observatrice à Etat observateur (ou Etat non membre) des Nations unies, c'est-à-dire le rang du Vatican. Cette requête a été déposée par Mahmoud Abbas, président de l'OLP et de l'Autorité palestinienne (AP), après l'échec de son plan initial visant à obtenir le statut d'Etat membre à part entière.
Lancé en septembre 2011, ce projet a vite avorté faute d'une majorité en sa faveur au sein du Conseil de sécurité, seul organe de l'ONU habilité à délivrer un statut de plein droit. Abbas eût-il réuni un nombre suffisant de voix que son initiative n'aurait pas eu plus de succès, les Etats-Unis ayant annoncé d'emblée qu'ils brandiraient leur veto en cas de mise au vote. Devant l'Assemblée générale, en revanche, où le veto n'existe pas, le succès d'Abbas est garanti. La Palestine y dispose en effet d'une majorité automatique d'une grosse centaine de pays, qui l'ont pour la plupart déjà reconnue comme Etat.
- Comment est née cette ambition ?
La démarche de Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen, est le produit d'un paradoxe : jamais l'Autorité palestinienne n'a autant ressemblé à un Etat, en termes de savoir-faire, et jamais elle n'en a été aussi éloignée, en termes de maîtrise du territoire. Début 2011, alors que le projet d'une reconnaissance à l'ONU prend forme, la Banque mondiale et le FMI donnent leur blanc-seing au patriarche palestinien. Dans des rapports publiés coup sur coup, ces deux temples de la bonne gouvernance occidentale conviennent que l'entité établie par les accords d'Oslo dispose d'une administration suffisamment sophistiquée pour mériter le titre d'Etat. Un certificat de bonne conduite qui vient couronner le travail accompli par le premier ministre, Salam Fayyad, grand manitou de la modernisation des institutions palestiniennes.
Le problème est que cette machine tourne à vide. Le dédale de réglementations militaires israéliennes qui pèsent sur le quotidien des Palestiniens de Cisjordanie et la poursuite de la colonisation, qui les spolie de la terre sur laquelle ils espèrent déclarer leur indépendance, font de l'AP un "Etat-éprouvette". Une superstructure hors sol, dotée d'une maîtrise grandissante des compétences régaliennes mais privée du droit de les exercer.
La contradiction est d'autant plus cruelle que, avec Benyamin Netanyahou au pouvoir en Israël, à la tête de la coalition la plus à droite qu'ait jamais connu ce pays, toute perspective de relance du processus de paix semble illusoire. A la direction palestinienne, beaucoup estiment même que le paradigme d'Oslo a vécu. Qu'aussi longtemps que les négociations prendront la forme d'un tête à tête entre occupant (Israël) et occupé (Palestine), avec les Etats-Unis dans le rôle du facilitateur, ce processus ne pourra être que stérile car asymétrique. D'où la décision d'Abou Mazen de saisir l'ONU, pour desserrer le carcan d'Oslo, internationaliser sa cause et fixer, au moins sur le papier, cet Etat, dans les frontières de 1967 qu'Israël lui dénie.
- Quels gains Mahmoud Abbas peut-il en retirer ?
Voter pour l'admission d'un pays à l'ONU comme "Etat" n'implique pas de reconnaître cet Etat au niveau bilatéral. Les deux processus sont distincts. Si la France se décidait à soutenir la demande du patron de l'AP, elle ne serait pas obligée, le lendemain, de conférer à la représentation de la Palestine à Paris le rang d'ambassade. En revanche, une telle admission peut avoir des conséquences concrètes au niveau de l'ONU. La Palestine pourrait ensuite postuler à la totalité des agences qui lui sont rattachées, comme l'Organisation mondiale de la santé ou le Programme alimentaire mondial, avec une forte chance d'y être acceptée.
Cette perspective est inquiétante pour de nombreux pays occidentaux, qui redoutent une répétition du scénario Unesco : en représailles à l'admission de la Palestine comme Etat membre au sein de cette agence en charge de la culture et de l'éducation, en octobre 2011, les Etats-Unis ont cessé de la financer. Un manque à gagner équivalent à 22 % de son budget ! En théorie, également, la Palestine pourrait intégrer la Cour pénale internationale (CPI), comme l'a laissé entendre son procureur général, et donc y déposer plainte contre des responsables israéliens. Là encore, cette éventualité crispe de nombreux alliés de l'Etat juif. Au point que Nicolas Sarkozy, le premier à suggérer à Mahmoud Abbas de viser le statut d'Etat observateur, avait tenté de le faire renoncer par avance à toute saisine de la CPI. Les tractations devraient donc aller bon train d'ici jeudi 29 novembre pour obtenir des Palestiniens quelques discrètes assurances sur leurs intentions d'après-vote.
- A quels risques Mahmoud Abbas s'expose-t-il ?
Abrogation des accords d'Oslo, accélération de la colonisation, confiscation des droits de douane palestiniens et interdiction aux dirigeants de l'AP de sortir de Cisjordanie : l'éventail de représailles qu'agite Israël peut paraître dissuasif. Il ne l'est pas vraiment aux yeux des responsables palestiniens, qui ont déjà expérimenté nombre de ces mesures punitives. Même la note du ministère des affaires étrangères israélien suggérant de "renverser le régime d'Abou Mazen" ne les a pas fait douter. Ils savent qu'Israël aurait beaucoup trop à perdre du démantèlement de l'AP. Il se retrouverait avec la population de la Cisjordanie sur les bras, soit 2,5 millions d'habitants (1,5 million dans la bande de Gaza), dont il lui faudrait financer les besoins en matière de santé et d'éducation. Et il perdrait l'appui des services de police palestiniens, à qui il a efficacement sous-traité une partie de sa sécurité et de celle des colonies juives de Cisjordanie.
Le véritable risque qu'encourt Mahmoud Abbas est celui d'un désaveu des Européens lors du vote du 29 novembre. Alors que son rival du Hamas parade, fort de la "résistance" de ses combattants durant la récente guerre contre Israël et des attentions que lui ont prodiguées la dizaine de ministres arabes accourus à Gaza, le patriarche palestinien est sur la corde raide. Les quasi-visites de courtoisie que lui ont rendues Hillary Clinton et Laurent Fabius ont mis en lumière sa marginalisation croissante. Il a besoin d'un rapide succès, fût-il symbolique, pour reprendre pied sur la scène politique palestinienne.
Un soutien des grandes capitales européennes à l'Assemblée générale pourrait l'y aider et redonner un semblant de lustre au credo sur lequel il a bâti sa carrière : la résolution du conflit par la négociation, sur la base de deux Etats pour deux peuples. Une abstention de ces mêmes capitales enverrait un message rigoureusement inverse. Elle ferait l'affaire des radicaux des deux camps. Mahmoud Abbas, dont on a souvent dit qu'il était à deux doigts de démissionner, trouverait là une bonne raison de claquer définitivement la porte.
Chronologie
1974 L'OLP se voit accorder le statut d'observateur à l'ONU.
1988 A Alger, l'OLP proclame la création de l'Etat de Palestine sur les territoires occupés en 1967 par Israël (Cisjordanie et Gaza). Cet Etat est reconnu par une centaine de pays du Sud et du bloc soviétique.
1993 Signature des accords d'Oslo sur la pelouse de la Maison Blanche à Washington. Ils lancent le processus de paix entre Israël et les Palestiniens.
2000 Effondrement du processus de paix et début de la seconde Intifada, qui prendra fin en 2005 avec l'élection, à la présidence palestinienne, de Mahmoud Abbas.
2007 Le Hamas, victorieux un an plus tôt aux élections législatives palestiniennes, s'empare de la totalité du pouvoir à Gaza.
2008 Relancé un an auparavant à Annapolis (Etats-Unis), un nouveau processus de négociation israélo-palestinien s'achève sur un échec.
2011 Mahmoud Abbas demande l'admission de la Palestine comme Etat membre à part entière à l'ONU. Faute d'un soutien suffisant au sein du Conseil de sécurité, il opte un an plus tard pour le statut moins prestigieux d'Etat non membre.
10:37 Écrit par OUTALHA dans international, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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