29/11/2012
Les Restos du Cœur rejettent l'aide bénévole d'une jeune femme voilée
Une jeune mère de famille voilée, Nora Ait Bella, désireuse de s'engager bénévolement au sein de l'antenne des Restos du Cœur de Toulouse, s'est vue purement et simplement refoulée à cause de son voile.
L’esprit d’entraide et de solidarité envers son prochain ne peut-il donc réchauffer tous les cœurs et rayonner même sous un voile, sans qu’il ne soit aussitôt découragé et réprimé par une discrimination implacable qui nie une liberté individuelle fondamentale et frappe même là où on ne l’attend pas : l’engagement bénévole dans l'emblématique association des Restos du Cœur ?
Faudra-t-il désormais que les femmes voilées montrent patte blanche en se dévoilant pour être autorisées à se dévouer auprès des plus démunis, sous peine d’être considérées comme le maillon faible, ou pire suspect, à exclure d’office de la grande chaîne de la générosité initiée par Coluche en 1985 ?
Cet ostracisme dogmatique, guidé non pas par la bienveillance et l'abnégation gravées dans le marbre de la charte éthique des Restos du Cœur, mais par une islamophobie qui pervertit les plus belles résolutions, a frappé une jeune mère de famille de 38 ans, Nora Ait Bella, dans sa cité rose de Toulouse.
N’écoutant que sa fibre militante, cette mère de cinq enfants, qui réside près du quartier des Pradettes, à l’ouest de la ville, désirait ardemment se rendre utile à l’approche de l’hiver, forte d’une première expérience au sein du Secours populaire où elle avait œuvré bénévolement pendant plusieurs mois, en triant et distribuant des vêtements pour les plus pauvres.
C’est tout naturellement que Nora Ait Bella, le cœur sur la main, a appelé, le 19 novembre, l’antenne locale des Restos du Cœur, située 63 rue du Négogusse, afin de proposer ses services gracieusement.
Se rendant sur place, la Toulousaine réalise que la femme avec laquelle elle avait conversé n’avait pas compris sa démarche, cette dernière étant convaincue qu’elle venait récupérer des colis alimentaires pour sa consommation personnelle. Mauvaise compréhension, ou plutôt poids des préjugés, la suite laisserait plutôt penser que le prisme des perceptions négatives au sujet de l’islam l’a emporté sur la clairvoyance…
Après avoir frappé à la porte et expliqué clairement les raisons de sa venue à la femme qui l’accueille sur le palier, Nora Ait Bella essaie d’entrer pour renouveler sa proposition d’aide bénévole, mais c’était sans compter l’opposition de son interlocutrice qui, à la vue de son voile, lui a fait barrage, lançant : « Avec votre foulard, ça va pas le faire ! », ajoutant : « De toute façon, je ne suis pas la responsable », et de lui désigner un homme comme étant le responsable des Restos du Cœur.
Pour la énième fois, Nora Ait Bella insiste sur son envie de s’impliquer au sein de l’association, notamment en aidant à distribuer les colis d’approvisionnement. Mais la réponse cinglante du responsable l’a renvoyée sans détour à son apparence extérieure, jugée incompatible avec son élan de générosité. Un altruisme spontané pourtant rare de nos jours, mais dont manifestement notre société se passe volontiers quand il s'agit de celui qui anime les femmes voilées.
Se retranchant derrière des consignes dictées par le siège parisien, le courageux homme, philanthrope mais pas trop, n’a pas dérogé à la règle sectaire, indiquant juste à Nora Ait Bella qu’elle pouvait contacter le bureau régional des Restos du Cœur à Lalande, dans la Haute-Garonne.
Blessée et humiliée, Nora Ait Bella n’a rien laissé paraître de ses émotions, rétorquant qu’il était hors de question qu’elle retire son voile pour démontrer sa bonté d'âme, en d’autres termes qu’elle renie un engagement intime pour avoir le droit de s’engager au service de la misère humaine.
Cruellement dépitée, la jeune femme a décidé de dénoncer cette discrimination injuste dans un mail adressé au siège social des Restos du Cœur, dont la fraternité à géométrie variable, certes terriblement dans l'air du temps, ferait certainement se retourner Coluche dans sa tombe...
10:00 Écrit par OUTALHA | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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LA COMPETITIVITE
Jamais auparavant un concept n’a été aussi galvaudé que ce mot magique, voire mystérieux, de compétitivité. Que signifie-t-il au juste ? Quelle(s) acception (s) revêt-il ? Comment est-il mis en évidence dans la réalité concrète par les concernés à savoir les différents agents économiques et en particulier les entreprises ?
En langage courant, être compétitif signifie être en position favorable d’affronter la concurrence externe, c’est-à-dire avoir un avantage concurrentiel permettant de se positionner favorablement pour gagner de parts de marché à l’international ou tout au moins préserver celles qui sont acquises. Comme on est dans une situation d’économie ouverte, cet avantage concurrentiel peut également porter sur le marché domestique qui est la cible des concurrents étrangers. Autrement dit, la concurrence interne et la compétitivité externe forment un couple indissociable. Une entreprise performante sur le marché local a de fortes chances de le devenir sur le marché international.
Dans un environnement où la concurrence se fait de plus en plus vive, de plus en plus acharnée, il faut se lever tôt pour avoir une place au soleil ! Les paresseux, les partisans du moindre effort, cherchent à y parvenir par la voie facile en optant pour une conception étriquée de la compétitivité, celle qui consiste à comprimer les salaires et à exploiter les travailleurs d’une manière atroce qui rappelle par certains aspects la phase de l’accumulation primitive du capital et le modèle de croissance extensive qui s’ensuivit. Cette «compétitivité-coût» a atteint aujourd’hui ses limites et elle est battue partout en brèche. Seuls quelques nostalgiques ou «fondamentalistes», en retard de plusieurs guerres, y tiennent encore !
Le même sort est réservé à la «compétitivité-prix», acquise par une baisse drastique des prix ou le recours à la «dévaluation compétitive». La baisse des prix peut être obtenue par une baisse du niveau de l’imposition (le cas des entreprises qui plaident en permanence pour «moins d’impôt») ou par les «économies d’échelle» en produisant à grande échelle. La dévaluation, à son tour, n’est pas toujours efficace et ce pour deux raisons essentielles : d’une part, elle peut entrainer la hausse des prix des intrants dans la mesure où les produits exportés ont un coefficient d’importation élevé ; d’autre part, elle n’a aucun effet dans une situation où les compétiteurs recourent au même procédé.
Ce qui nous amène à plaider pour la mise en œuvre de la «compétitivité globale» qui ne se limite pas à des actions ponctuelles et à quelques gains dans le court terme. La compétitivité globale se construit sur le moyen et long termes en se dotant d’une stratégie et d’un modèle de croissance bien définis. Selon l’économiste Porter, qui passe pour un maître dans ce domaine, l’avantage concurrentiel national s’appuie sur quatre déterminants : les facteurs (main-d’œuvre qualifiée et qualité de l’infrastructure) ; la demande (domestique); les industries amont ; la stratégie, la structure et la rivalité des entreprises. Ces quatre déterminants sont en interaction entre eux.
Pour dire les choses autrement, la compétitivité globale peut être obtenue en disposant d’une main-d’œuvre bien qualifiée, d’une infrastructure adéquate, d’une administration facilitatrice et moins tatillonne, d’une justice véritablement indépendante et efficace, d’un environnement culturel favorable à l’innovation et au goût du risque, d’une recherche-développement performante…
L’on mesure de la sorte le chemin qui reste à parcourir par le Maroc pour devenir compétitif et jouer dans la cour des grands. Avec 66 % des travailleurs, sans diplôme et sans aucune qualification, il ne peut pas aller très loin ! Avec des investissements insignifiants dans l’innovation et la recherche-développement, il est structurellement handicapé ! Avec une administration «casse-tête» grâce au labyrinthe des procédures et une justice noyée dans la corruption et le déficit de professionnalisme, l’avenir ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices.
La «voie de l’émergence» se situe à ce niveau là et pas ailleurs. Le moment est venu pour mettre fin aux discours pompeux et improductifs. Mieux vaut de parler moins et de travailler plus…
09:56 Écrit par OUTALHA dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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