05/12/2011
LE TOURNANT
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Le rendez-vous tant attendu du 25 novembre n’a finalement pas déçu. Ces élections marquent, sans nul doute, un point d’inflexion majeur dans l’histoire du Maroc.
Le rendez-vous tant attendu du 25 novembre n’a finalement pas déçu. Ces élections marquent, sans nul doute, un point d’inflexion majeur dans l’histoire du Maroc. D’abord par l’identité du parti gagnant, à savoir le PJD, certes, mais ce n’est pas tout. Il y a aussi le taux de participation qui est passé de 37 à 45,4%. N’en déplaise aux éternels négativistes, cette amélioration bien réelle veut dire que les Marocains reprennent progressivement confiance dans le politique. Mais le plus important est ce constat qui se dégage quand on analyse de près les résultats chiffrés officiels, bien qu’ils n’aient pas été définitifs à l’heure où nous mettions sous presse. Ainsi, quand on fait le cumul, il s’avère que les sept premiers partis totalisent 91% des sièges. Pour les élections de 2007, il fallait aller jusqu’au 11ème parti pour arriver à cette même concentration. De la même manière, les quatre premiers partis en 2011 obtiennent presque 70% des sièges contre 55% en 2007. Ces chiffres sont la preuve que le champ partisan devient nettement plus ramassé, plus concentré, moins effrité. Cela ressemble à un début de sélection naturelle et c’est tant mieux. Deux avancées majeures, donc, à savoir le regain de confiance du citoyen et la rationalisation du champ politique. Le prochain gouvernement et les nouveaux parlementaires, de majorité ou d’opposition, ont la responsabilité de les préserver et de les renforcer. Si durant les cinq prochaines années, les ministres et les élus respectent la nouvelle règle de jeu et l’esprit de la nouvelle Constitution, s’ils tiennent leurs engagements et si, surtout, ils respectent désormais le citoyen-électeur en lui rendant régulièrement des comptes, en 2016 on pourra espérer une amélioration encore plus substantielle de la participation aux élections.
Le 28-11-2011
21:04 Écrit par OUTALHA dans MAROC | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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2011, ATTENTION AU SOCIAL !
LHASSAN OUTALHA, décembre 2010
Le Maroc, en ces derniers jours de décembre 2010, est-il en train de vivre la fin de la paix sociale ? Plusieurs signaux inquiétants donnent à le croire, et si la passivité des pouvoirs publics, l’absence de réactivité du gouvernement, la démission des principaux partis politiques et l’indolence des syndicats ne devaient pas changer en 2011, il y a fort à craindre que le front social ne se réveille brutalement dans les semaines ou mois à venir, de façon spontanée, désordonnée, et, à Dieu ne plaise, violente. En effet, après les tristes événements de Laayoune, qui, rappelons-le, eurent comme point de départ des revendications sociales mises en avant par une population non encadrée politiquement et syndicalement, des manifestations débouchant sur des émeutes ont eu lieu au début de décembre à Al Hoceimas et en fin de semaine dernière à Tinghir. Ces mouvements sociaux se sont caractérisés par des débordements, des affrontements avec les forces de l’ordre, prouvant à chaque fois que les organisateurs, le plus souvent des associations de la société civile, avaient été rapidement débordés par des foules en colère parfois « chauffées » par des « ONG » qui cachent mal leur activisme politique à connotations d’extrême-gauche. Ce mécontentement populaire n’a pas eu jusqu’à présent de réponse claire et forte de la part du gouvernement et les situations ont été seulement gérées par les institutions et les hommes en charge du maintien de l’ordre... Cela ne devrait sans doute pas suffire au moment où l’on sent, de façon diffuse certes, mais quasi générale, s’étendre un sourd mécontentement, comme le prouvent les réactions spontanées et irréfléchies des habitants des bidonvilles de Mohammedia, victimes des récentes inondations, qui ont tenté de squatter par la force des locaux d’habitation neufs dans la périphérie de la Cité des Fleurs. Des mouvements de protestation ont également eu lieu à Hay El Hassani, Ain Sebaâ-Hay Mohammadi, alors que les sit-in et les tentatives de marches de protestation à connotations corporatistes se multiplient aux abords du siège de la Wilaya de Casablanca, comme le constatent quotidiennement les riverains de l’Avenue Hassan II. Ces expressions d’humeur, pour l’instant plus ou moins contenues, plus ou moins responsables, auxquels il convient d’ajouter la colère des enseignants et la grève permanente qui affecte depuis plusieurs mois l’appareil de la Justice, ne sont pas appréhendées globalement par les responsables publics. Elles sont traitées au coup par coup, le plus souvent dans l’urgence, sans vision, ni évaluation rationnelle. Or, il serait illusoire de croire que le corps social marocain est en bonne santé. Malgré les efforts consentis dans le cadre de l’INDH, les problèmes sociaux, le chômage, la cherté de la vie, le logement insalubre sont des bombes à retardement qui peuvent exploser à tout instant, en maints endroits du Royaume à la face des responsables gouvernementaux, alors que les syndicats se préoccupent essentiellement de satisfaire les doléances sectorielles de leurs maigres troupes et que les partis politiques, tout occupés à leurs jeux stériles, n’encadrent que très partiellement la population. Les secteurs les plus défavorisés ont besoin d’attention, de signaux forts, de manifestation de la volonté officielle d’action en leur faveur. Mais bien peu de choses sont faites dans cet esprit. A chacun d’en tirer les conséquences, sachant que l’ire populaire, lorsqu’elle s’exprime, ne se contient pas facilement. L’histoire du Maroc est là pour nous le rappeler...
20:06 Écrit par OUTALHA dans societe | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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