15/12/2011
Les opposants à la participation gouvernementale du PPS s’organisent
«C’est un coup d’Etat contre la légitimité de la ligne politique du PPS, contre son identité, contre les décisions de son 8ème congrès. C’est un coup d’Etat contre les alliances de notre parti décidées par les congressistes et une violation des droits des militants et militantes du Parti du progrès et du socialisme. Ce qui s’est passé samedi 10 décembre au PPS constitue une trahison des élites». Saïd Saadi, celui-là même qui a gelé depuis plusieurs mois déjà son appartenance au bureau politique du PPS, ne décolère pas.
Depuis la tenue, samedi 10 décembre, du comité central du parti des anciens communistes pour voter la participation au gouvernement conduit par l’islamiste Abdelilah Benkirane, la résistance s’organise. Les militants du PPS qui s’opposent à l’entrée de leur famille politique dans un cabinet conduit par le PJD ont décidé de rendre publiques leurs convictions mais aussi leur engagement à l’identité de gauche du parti d’Ali Yata, Aziz Blal et tous ceux et celles qui ont une certaine idée de la gauche.
Mercredi 14 décembre, à Rabat, ces opposants ont livré, par le menu détail, à la presse les circonstances dans lesquelles la décision de participation au cabinet Benkirane a été prise par le comité central du PPS. «La conférence de presse que nous donnons aujourd’hui est un événement politique», ont-ils prévenu.
«Il faut tout d’abord noter que le 8ème congrès du PPS tenu en 2010 avait déterminé le cercle des alliances de notre parti. Il s’agit de la Koutla, de la gauche et du camp des modernistes. A aucun moment il n’a été question des islamistes du PJD. Seul un congrès extraordinaire peut décider d’un changement de cap et de ligne politique et certainement pas un comité central», soutient l’ancien secrétaire d’Etat sous le gouvernement Youssoufi.
A en croire ces militants en colère, le comité central de samedi dernier est loin d’être légitime. La salle qui a abrité les travaux de ce comité central aurait été «inondée» de personnes qui ne seraient pas membres du CC du PPS et dont certaines «n’appartiendraient même pas au parti». «Dans ces conditions, il n’est pas du tout sûr que le vote en faveur de la participation auquel nous avons assisté soit réellement majoritaire. Ces personnes ont été ramenées pour chahuter les partisans de la non participation gouvernementale du PPS. De plus, le rapport présenté par le bureau politique n’était pas neutre, au contraire, il était orienté vers la participation. Un tel rapport devait se contenter de mettre en lumière les points forts et faibles de la participation et ceux de la non participation. La direction du PPS a parlé d’un consensus historique nouveau. Personne n’en a débattu en notre sein. Le consensus historique a eu lieu que je sache en 1998 avec l’avènement de l’alternance. Aujourd’hui il serait plus juste de parler d’un consensus opportuniste et d’une quête effrénée pour les postes ministériels et autres fauteuils dorés de la responsabilité», soutient S. Saadi. L’alliance avec le PJD est une trahison et un reniement des valeurs de gauche pour lesquelles se bat le PPS depuis 70 ans alors qu’il était encore le Parti communiste marocain.
Une trahison et un reniement des valeurs de gauche
« Nous ne sommes pas contre le PJD parce qu’il regroupe les islamistes. Nous sommes contre les obscurantistes. Nous sommes contre ceux qui s’opposent aux droits des femmes et qui mettent en péril les libertés individuelles. Nos projets de société respectifs sont en totale contradiction. Comment pouvons-nous nous retrouver ? » s’interroge avec force ce membre du bureau politique du PPS. «Soyons clairs, ceux qui ont voté le 25 novembre ont choisi les conservateurs. Ils ne nous ont pas accordé à nous, partis de gauche, leur confiance. D’ailleurs lors de ces législatives, la gauche parlementaire a connu un recul. En 2007, elle était représentée par 70 députés. Aujourd’hui, ils ne sont que 62. C’est à mes yeux une sanction de l’électorat», fait remarquer Saïd Saadi.
En intégrant le gouvernement conduit par le PJD, le PPS, soutiennent les partisans de la non participation, a perdu son âme. «Il a aussi et surtout montré qu’il est sous la pression de deux lobbies. D’abord le lobby de ceux qui pensent être ministrables et celui des notables, ces nouveaux députés qui n’ont rien à voir avec le parti, qui ne connaissent rien ni de sa ligne politique ni de son programme et dont la plupart ont gagné aux élections grâce au pouvoir de l’argent», affirme le candidat déçu au poste de secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme.
Ceux et celles qui s’opposent à la participation gouvernementale de leur famille politique, le PPS, ont bien l’intention de faire entendre leur voix et leur différence. Mais attention, pas question pour eux de faire scission. «Notre conviction profonde est que scission est synonyme de mort. Il n’y a aucun projet de scission sur notre agenda politique. En tant que militants, nous allons nous accrocher au PPS, au vrai, et son école politique», conclut Youssef Magouri, membre du comité central du PPS et de la jeunesse socialiste.
Jeudi 15 Décembre 2011
16:08 Écrit par OUTALHA dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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VOISINAGE
Nos relations avec notre voisin algérien sont-elles condamnées à éternellement évoluer en dents de scie ?
Tandis que les messages se sont succédés ces derniers mois, de part et d’autres sur un mode positif, ouvrant la porte à des spéculations de normalisation, l’opération de séduction de Nouakchott par Alger pourrait ressembler à une tentative d’encercler le Maroc en profitant de la déception mauritanienne de n’avoir pas été retenue au Conseil de sécurité.
Mais quel serait le résultat au final ?
Une guerre ?
Une invasion ?
Le penser serait ridicule.
Le laisser croire aussi.
Depuis le début de cette année, le Maroc a réussi à naviguer adroitement et à se maintenir dans un état de stabilité, tout en avançant sur le thème de la démocratie. Les résultats achevés ne seront jamais aussi importants pour donner satisfaction à tout le monde, mais une analyse dépassionnée permet de mesurer le chemin parcouru avec objectivité.
Pour sortir de cette impasse qui trouble le cours de l’Histoire depuis l’indépendance de nos pays respectifs, se projeter dans l’avenir permettrait d’atténuer l’importance des écueils et de remettre en perspective la réalité. Les événements qui ont balayé la région et l’émergence de nouvelles classes politiques au niveau régional sont certainement une occasion unique , qui ne durera pas et qui ne se répétera pas , de tourner la page et de mettre les efforts en commun pour l’édification d’un espace maghrébin réel.
D’où l’importance capitale d’une diplomatie offensive, sans complexes, qui défende au mieux les intérêts du pays, tant sur le plan économique que sur celui de l’intégrité territoriale, en mettant en balance les partenariats utiles et les autres et surtout, en s’inscrivant dans une dimension régionale pour défendre la position du Maghreb, plutôt que celle d’un mouvement indépendantiste comme le Polisario, essoufflé autant que marginalisé par l’évolution de la question saharienne dans les chancelleries autant que dans les mentalités.
Ce que les Mauritaniens, les Marocains, les Algériens, les Tunisiens et les Libyens attendent, c’est la liberté de se projeter dans l’espace et dans l’avenir, sans entraves, plutôt que de se recroqueviller chacun dans un espace balkanisé.
Le : 15 décembre 2011
14:11 Écrit par OUTALHA dans MAGHREB | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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