Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

09/12/2011

Une amitié vieille de 20 ans...

 On veut à tout prix être dans le gouvernement, quitte à sacrifier alliances, amitiés et histoire commune. Affligeant...

Les jeux sont faits. Après s’être classé 3e en 2002 et 2e en 2007, mais avec le plus grand nombre de voix, le PJD a réalisé, lors du scrutin du 25 novembre 2011, un score sans appel : 27% des sièges au Parlement ! Il peut donc légitimement prendre la tête du gouvernement. Il reviendra aux analystes et aux historiens de décortiquer le pourquoi du comment d’une aussi large victoire, la part du vote-sanction, les ressorts psychologiques qui ont pesé aussi fort sur la décision de vote en faveur du PJD, il reste que la rue a parlé et ceux qui n’ont pas voté et qui voulaient autre chose auront eu tort.

La rue a parlé. Mais la rue a surtout exprimé un besoin de changement. Un modèle nouveau, un pacte de confiance à renouveler. «Pas toujours les mêmes». On veut plus de transparence, on veut un Maroc propre...

Evidemment, même avec ses 107 sièges, le PJD devra aller chercher sa majorité chez les autres, ceux qu’il a critiqué à un moment ou un autre, ceux qui l’ont égratigné à tort ou à raison. Tout est question de dosage d’animosité, tout est aussi question de concessions.

Qui seront demain les futurs alliés du PJD ? Il est intéressant d’observer que la victoire du parti islamiste a fait vaciller une Koutla du haut de ses 20 ans, habituée à jouer les premiers rôles et qui, aujourd’hui, avance en rangs dispersés pour se chercher une place au soleil. L’USFP et le PPS hésitent, l’Istiqlal a dit oui d’emblée. Le parti de Allal El Fassi invoque une responsabilité historique et veut faire bénéficier le gouvernement de son expérience aux affaires. Et la Koutla ? Et les promesses d’avant campagne ? Aucun parti n’a une responsabilité historique, le Maroc ne va pas s’écrouler parce que l’Istiqlal n’est pas au gouvernement. La responsabilité historique est de faire front commun et l’Istiqlal se décrédibilisera en abandonnant la Koutla pour des sièges ministériels. Soit c’est toute la Koutla, soit ce n’est aucun de ses membres et le champ politique en sortira grandi. A moins de tuer cette Koutla et de clarifier les choses, mais l’on n’ose pas : elle peut resservir dans 5 ans…pour des sièges ministériels. De la même manière, on ne peut que fustiger le MP ou l’UC qui font les yeux doux au PJD, en vouant aux gémonies cette alliance qu’ils ont intégrée pour une parcelle de gloire. Peu leur en chaut ! Un siège de ministre vaut bien de sacrifier G8 et principes. Navrant !

La victoire du PJD peut donner l’occasion à la classe politique d’assumer ses choix, de renforcer sa cohérence, de regagner les électeurs de demain, de se remettre en question. A défaut, c’est la même classe politique qui, demain, sera toujours en train de rebâtir des alliances nouvelles pour une place au soleil d’une journée dont ils prennent le crépuscule pour l’aube.

 Le : 29/11/2011

09:12 Écrit par OUTALHA dans MAROC | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |

08/12/2011

Le PJD fait exploser les alliances

 Le RNI et le PAM ont décidé de rejoindre l’opposition, alors que le MP et l’UC tiennent à faire partie du gouvernement. L’Istiqlal a dit «oui», mais l’USFP reste fortement divisée et le PPS attend de voir…

«Ensemble, dans le gouvernement ou dans l’opposition». Ce slogan martelé avant la tenue du scrutin du 25 novembre par les deux alliances politiques que sont la Koutla démocratique et l’Alliance pour la démocratie n’aura pas résisté au raz de marée réalisé par le PJD, qui a récolté à lui seul 27% des sièges du nouveau Parlement et dont le secrétaire général, Abdelilah Benkirane, a été nommé chef du gouvernement, par le Souverain, mardi 29 novembre, dans la ville de Midelt, où le Roi donnait le coup d’envoi de la campagne de solidarité.
Avec qui le PJD gouvernera-t-il ? Rien n’est encore certain. Toujours est-il que son succès avait fait voler en éclats le G8 et ébranlé les composantes d’une Koutla, pourtant unie depuis 1992. Les grands principes annoncés, hier, à cor et à cri, sont éclipsés, aujourd’hui, devant la réalité des intérêts étriqués de chacune de ces formations, voire au sein d’un même parti.
Ainsi, au mercredi 30 novembre, on ne savait toujours pas si les trois membres de la Koutla que sont l’Istiqlal, l’USFP et le PPS allaient être ensemble dans le gouvernement. Officiellement, la coalition s’est réunie samedi 26 novembre et décidé que ses membres rencontreront individuellement le PJD, et que la réponse sera collective après concertation. Or, l’Istiqlal n’a pas attendu cette réunion pour dire son “oui” franc à une coalition avec le PJD. Le parti d’Abbas El Fassi avance une expérience et une expertise dans la gestion des affaires publiques qui feraient défaut aux islamistes et se prévaut de ses affinités avec le parti islamiste. A l’USFP, ça tire dans tous les sens. Des sources dignes de foi avancent que bien avant le jour du scrutin, certains de ses dirigeants auraient négocié, derrière le dos de la Koutla, un accord avec le G8 pour une participation à une majorité conduite par le RNI si ce dernier venait en tête. Même le nombre de ministères à confier aux socialistes a été fixé. Détail intéressant à retenir : Driss Lachgar s’est vu promettre le département de la justice.  
Mais même après la victoire du PJD, la position de l’USFP demeure pour le moins ambiguë : mardi 29 novembre, de fortes rumeurs ont circulé sur son basculement dans l’opposition, mais aucune confirmation n’est venue étayer cela. Des sources du conseil national soutiennent que les bases du parti sont fermement opposées à la participation au gouvernement. Pour de nombreux membres du conseil national, l’USFP a tout simplement perdu les élections en se classant encore une fois en 5e position. Et «un parti qui perd les élections ne va pas au gouvernement». Et l’on ajoute que «ceux qui sont pour la participation le font par pur opportunisme. Mais dès qu’on leur a fait savoir que le PJD n’était pas du tout intéressé par des habitués des fauteuils ministériels et des visages consommés, ils ont changé de camp», affirme un membre du conseil national du parti.

Positionnement tranché ou chantage politique ? La direction du PJD est consciente de cette réalité, mais reste confiante quant à un éventuel “oui” de l’USFP. «Nous sommes conscients que l’USFP est partagée sur la question de la participation au gouvernement, mais nous ne sommes pas dupes. Si vous demandez à un certain Lachgar ou El Malki s’ils sont pour la participation au gouvernement, ils diront non. Mais si vous le demandez à Hassan Tariq, il vous dira oui», explique un membre du secrétariat général du PJD. A en croire un membre du bureau politique de l’USFP, «la tendance générale au sein de la direction du parti, c’est-à-dire une écrasante majorité du bureau politique, est contre la participation au gouvernement». C’est l’exemple d’Ali Bouabid qui publiait lundi 28 novembre en soirée une tribune dans laquelle il exprimait sa préférence au passage à l’opposition. Le dernier mot revient cependant au conseil national du parti et ce dernier doit se tenir samedi 4 décembre.
Pour d’autres qui s’estiment fins connaisseurs du système USFP, le parti finira bien par intégrer le jeu et son atermoiement ne serait qu’un stratagème pour contraindre le PJD à un maximum de concessions. L’on se souvient, à ce titre, du fameux concept de «soutien critique» inventé par l’USFP et ses multiples menaces de quitter le gouvernement El Fassi. En somme, avant de jouer le jeu de la Koutla, l’USFP joue d’abord sa propre partition et encore, il y a plusieurs partitions au sein même de sa symphonie.
Enfin, au PPS, l’autre composante de cette coalition, l’orientation générale est pour la participation… mais à condition que ce soit à l’intérieur de la Koutla. C’est en gros le résultat des débats des deux dernières réunions de son bureau politique, samedi 26 novembre et lundi 28 novembre. Les ex-communistes marocains considèrent, par ailleurs, que la participation au gouvernement est une responsabilité historique que les partis démocratiques de la Koutla se doivent d’assumer. Preuve en est, selon eux, que celle-ci n’a pas été sanctionnée par l’électorat. Les trois partis de la Koutla ont obtenu  117 sièges (29,6% des 395 actuels) contre 107 sièges (soit 33% des 305 anciens) en 2007. Mais rien n’est encore sûr. Mardi 29 novembre en soirée, Nabil Benabdellah, secrétaire général du parti, affirmait que le PPS n’avait pas encore pris de décision. D’ailleurs, «personne du PJD ne nous a contactés. Alors, nous verrons au moment voulu». Bref, la Koutla avance en ordre dispersé et la position de l’USFP n’y est pas pour peu.  

Tout le monde est ouvert à toutes les propositions au sein de l’Alliance pour la démocratie c’est le chacun pour soi. Le temps des déclarations communes, d’un programme cadre commun semble révolu. Au PAM, ennemi juré du PJD, on ne se faisait pas trop d’illusions et, d’ailleurs, ce dernier annonçait la couleur une fois les premiers résultats connus : «Tout sauf le PAM». Le PAM est donc passé à l’opposition. Deux jours plus tard, mardi 29 novembre, le RNI, dans une démarche cohérente avec sa logique prônée avant les élections, choisissait le camp de l’opposition. Mais son communiqué, diffusé le jour même, ne fait nullement mention de l’Alliance…
En revanche, le  MP et l’UC, faisant fi de l’unité de principes et de positions mise en avant la veille du scrutin, penchent sensiblement pour une participation au gouvernement. Mais il n’est pas question de le clamer ouvertement. «Si l’initiative venait de notre part, ce serait comme si nous quémandions des postes ministériels au PJD», confie, sous couvert d’anonymat, un membre de la direction du MP. Les Harakis préfèrent que ce soit le PJD qui fasse le premier pas. Les dirigeants du Mouvement populaire avancent trois arguments qui militent en faveur de leur participation à l’Exécutif. D’abord, une origine commune des deux partis, le PJD et le MP. Les deux sont, en effet, issus de la mouvance populaire. Ils rappellent à juste titre que le PJD constitue une évolution du MPDC, Mouvement populaire démocratique et constitutionnel. De toutes les manières le MP s’engage à servir l’intérêt du pays, que ce soit au gouvernement ou dans l’opposition». Dernier argument qui justifie cette position non encore officialisée : dans tous les gouvernements auxquels il a participé, le MP a toujours fait preuve d’une discipline, pour ne pas dire docilité, exemplaire. Il ne faut pas non plus oublier qu’au sein même du bureau politique, une tendance était opposée depuis le début à l’idée de rejoindre le G8. Ils estimaient que la place naturelle du parti était dans le camp du PJD.
Aujourd’hui, pour justifier cette distance prise vis-à-vis du G8, le MP met au-devant des frictions à l’intérieur de l’alliance apparues à la veille et pendant la campagne électorale. On aurait débauché parmi leurs membres. Plus concrètement, il semble que le MP voudrait bien avoir quelques postes ministériels pour se refaire une image auprès de ses militants.
A l’UC, la démarche est plus ouverte.
Au final, on se retrouve avec une Koutla qui a près de 20 ans, mais qui, faute d’avoir pu reconduire l’un de ses membres en tête des suffrages, risque d’éclater, après avoir été de tous les gouvernements depuis 1998. On se retrouve également avec un G8 dont les prémices remontent à début 2009 avec le groupe parlementaire PAM-RNI, puis le rapprochement RNI-UC, en janvier 2011, la constitution du G4 avec le MP et le PAM, le 12 août, puis l’alliance des huit qui n’aura même pas tenu 2 mois. Le PJD est passé par là…

Le : 05 /12/2011

19:16 Écrit par OUTALHA dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |