25/01/2012
Maroc version 2011.
Le Souverain n'a pas seulement répondu aux diverses attentes exprimées tout au long de ces années qui se sont écoulées depuis le début de son règne. Il a esquissé un nouveau projet de société.
L’attente était grande, le discours a dépassé les simples revendications conjoncturelles. Dans un discours qui fera date, le Roi Mohammed VI a lancé une nouvelle génération de réformes qui chambouleront le fonctionnement du pays au cours des années à venir. Régionalisation très avancée, reconnaissance du pluralisme culturel, adhésion aux principes universels des droits de l’homme et aux recommandations de l’IER, renforcement des pouvoirs d’un exécutif dont le Premier ministre sera exclusivement issu de la voie des urnes... Le tout devant être formalisé par des changements dans la loi suprême du pays, sur lesquels se penchera une commission appelée à se concerter avec les acteurs politiques, la société civile, les citoyens et les jeunes, pour donner corps à ces idées et ayant la latitude de proposer d’autres pistes. Ladite Constitution sera soumise au référendum pour un consensus national.
Nous aurons sans nul doute l’occasion de revenir sur les implications organisationnelles de tels changements qui prendront plusieurs mois avant d’aboutir à leur armature institutionnelle finale, mais quelques idées phare se dégagent de ce que l’on pourrait qualifier de véritable programme pour l’avenir.
Ainsi, l’architecture institutionnelle du pays sera caractérisée par une meilleure répartition des pouvoirs. Un Premier ministre au statut renforcé qui devient pleinement chef de l’exécutif et un Conseil de gouvernement aux prérogatives inscrites dans la Constitution. Il en est de même pour le Parlement.
Autre tournant majeur, une participation des citoyens à la gestion de leurs affaires économiques et sociales. La prééminence des gouverneurs et walis, représentants de l’Etat, s’efface devant celle des présidents de régions élus au suffrage universel direct. Fini les décisions qui tombent de Rabat. Ce sont les gens des régions qui prendront leur avenir en main.
Corollaire de ces pouvoirs plus accrus et de la démarche participative, la responsabilisation des acteurs. Premier ministre, Parlement, Conseils régionaux, chacun devra répondre de ses actes, jouir de ses succès et assumer ses échecs. L’exercice de l’autorité, le Souverain l’a souligné, sera lié «aux impératifs de contrôle et de reddition des comptes».
En un mot, le Souverain n’a pas seulement répondu aux diverses attentes exprimées tout au long de ces années qui se sont écoulées depuis le début de son règne, il est allé plus loin. Il a esquissé un nouveau projet de société. Une version 2.0, une révolution venue d’en haut.
12:23 Écrit par OUTALHA dans MAROC, Politique, societe | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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17/01/2012
LETTRE OUVERTE : POUR UNE PARITE SANS EQUIVOQUE
Fathia Bennis est une militante intraitable de tout ce qui touche aux questions de genre et de discrimination positive.
Figure de proue de l’entreprenariat féminin, celle qui avait pris en septembre dernier l’«initiative personnelle» d’inviter le secrétaire général du PJD à venir informer de son programme concernant la question féminine, vient d’adresser une lettre ouverte à celui qui est devenu, entre-temps, le chef du gouvernement marocain dans laquelle elle souligne «la quasi-absence de femmes dans l’actuel Exécutif.
Cette lettre qui est ouverte à la signature de toutes les personnes et organisations qui se sentent concernées, elle l’a également adressée à l’ensemble des responsables des partis politiques nationaux pour dénoncer la sous-représentativité de la femme au sein de leurs états-majors.
En voici, par ailleurs, le texte intégral.
“Vu le modèle de développement humain initié par Sa Majesté le Roi Mohamed VI qui place la femme au cœur de la réduction des inégalités et disparités de toute nature,
Vu l’article 19 de la Constitution qui stipule que «l’Etat œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes».
Vu la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes telle que publiée sur le Bulletin Officiel en janvier 2001 et qui consacre l’égalité de la femme et de l’homme,
Vu les avancées de l’expérience marocaine, citée en exemple, en matière d’approche genre dans les politiques publiques au centre de laquelle figure la question de l’accès de la femme au pouvoir et à la prise de décision.
Vu la supériorité numérique de la proportion des femmes, actives ou non actives, diplômées (51,1%) par rapport à celle des hommes.
Vu la mobilisation quantitative et qualitative des femmes marocaines pour l’adoption de la Constitution et leur participation aux dernières élections législatives,
Considérant la chute de la participation de la femme marocaine dans la composition du nouveau gouvernement,
Considérant le préjudice que cette élimination démotivante et démobilisatrice peut causer à la marche du développement que connaît notre pays,
Les signataires :
- Expriment leur stupéfaction, leur amertume et leur totale désapprobation suite à l’annonce de la formation gouvernementale qui a déçu tous les espoirs portés par l’adoption de la nouvelle Constitution,
- Dénoncent avec vigueur et détermination la quasi absence de la femme dans le gouvernement actuel
- Dénoncent avec la plus grande vigueur la sous-représentativité de la femme au sein des états-majors de tous les partis politiques nationaux
- Demandent au chef de gouvernement d’identifier dans l’immédiat, les moyens pour corriger cette injustice qui porte atteinte à l’image de notre pays, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.
- Recommandent vivement la prise en considération de l’élément féminin, à compétence égale avec l’homme, dans les prochaines nominations à tous les niveaux et toutes les échelles de l’administration publique, des établissements publics ou toute entreprise dépendant d’une manière ou d’une autre de l’Etat,
- Requièrent du chef du gouvernement, conformément à l’esprit et aux dispositions de la Constitution et à ses promesses, la prise des mesures nécessaires à l’instauration des mécanismes institutionnels à même d’assurer une meilleure représentativité de la citoyenne marocaine dans tous les organes élus.
- Enfin, les signataires revendiquent de faire des femmes, qui participent de facto au développement socio-économique de notre pays, des acteurs de jure”.
Mardi 17 Janvier 2012
18:18 Écrit par OUTALHA dans MAROC, societe | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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