Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

22/12/2011

Peine de mort : l’abolition ajournée

Le Maroc aurait sans doute été le deuxième pays arabe après Djibouti à abolir la peine de mort si la bonne nouvelle n’avait pas été démentie par le ministre de la Communication.

 La question de la peine capitale n’etait pas à l’ordre du jour.

La décision était au programme du Conseil de gouvernement de jeudi dernier. Il s’agissait de ratifier le deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international des droits civils et politiques, qui suppose, de droit comme de facto, le consentement du Maroc à abolir la peine de mort. C’est du moins ce dont tous les militants des droits de l’homme se félicitaient à l’annonce du menu précité. Ils étaient bien naïfs. Khalid Naciri dément catégoriquement ce qui n’aura été qu’un espoir. «La question de la peine capitale est très importante, mais nous n’allons pas la discuter aujourd’hui. Il s’agit, à ce jour-là, de discuter du protocole premier concernant les communications individuelles», a-t-il déclaré.

Rappelons que depuis le 5 septembre 1993, la peine capitale n’a plus été appliquée au Maroc. La dernière personne à avoir encouru cette peine était le commissaire Tabit pour «atteinte à la pudeur, défloration, viol avec violence, rapt et séquestration d’une femme mariée, actes de barbarie et incitation à la débauche» ; il avait été fusillé, pour ces actes barbares, sous le règne de Hassan II.

Actuellement, d’après les chiffres officiels, une centaine de personnes au Maroc seraient condamnées à mort, dont deux femmes. La sentence n’a pas encore été exécutée. Et c’est là un autre drame, celui de devoir vivre dans l’angoisse et la peur dans les couloirs d’une mort que rien ne justifie quelque soient les actes commis.

Le : 19 août 2011  

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LE PRINTEMPS ARABE, UNE HISTOIRE INEDITE.

Il n’aura échappé à personne que l’histoire arabe moderne s’est faite sous l’égide de quelques idéologies antagonistes, domaines d’intérêt différents, acteurs variés, mais une même similitude: tous ces programmes se formulèrent comme répétitions de processus passés, et comme reprises d’étapes historiques avortées.

La modernité comme retour à l’histoire.

Au XIXe siècle, le terme Nahda fut choisi comme équivalent de la « renaissance » européenne. Ces prometteurs syro-libanais voulurent une histoire arabe qui calque l’histoire européenne, gage de réussite. Il y eut une antiquité brillante – gréco-romaine en Europe, omeyyade et abbasside en Orient – puis des invasions barbares et un long moyen-âge – germanique en Europe, turc en Orient – et enfin la renaissance humaniste qui fêtait les retrouvailles avec l’âge d’or.

 Parallèlement, on parla d’Islah (rectification ou de réforme religieuse). Le parallélisme avec la réforme protestante, autre mouvement de la modernité européenne, est moins évident, et jamais explicitement invoqué. Mais le même motif de reprise de l’ouvrage historique inachevé le compose : un âge d’or (les califes bien guidés), une décadence (l’oubli de la religion vraie, corrompue par des innovations) et le retour à la pureté originelle. En soulignant les oppositions entre la Nahda laïque et l’Islah religieux, on omettait cette proximité de méthode, qui est essentielle.

Créer de l’avenir en l’habillant du passé, tant il est difficile d’assumer une nouveauté totale. L’imaginaire des révolutionnaires français était tout imprégné d’histoire grecque et latine. Plus tard, les Bolcheviks crurent répéter la révolution française, comme les Chinois crurent répéter celle russe. L’étonnant dans les révolutions arabes est qu’elles se fassent sans recours excessif à l’histoire, dans une région pourtant ô combien saturée, écrasée de référentiel historique.

Assumer la nouveauté politique

Le Printemps arabe ne répète aucun événement ou période connus, et il est difficile de trouver dans les différents régimes arabes classiques quelque chose qui rappelle les démocraties en construction à Tunis, au Caire ou ailleurs. Le fait est inédit et doit être souligné ; il bouleverse deux siècles de modernité politique, dont la théorie comme la pratique se faisaient sous le signe du « retour à… ». La polémique provoquée par l’évocation d’un nouveau califat, il y a quelques semaines, dit assez que de telles références, si elles pouvaient avoir leur impact limité dans des discours hystériques – celui de Ben Laden, par excellence – ne cadrent plus avec la confrontation à la réalité qu’entament aujourd’hui les peuples arabes. Cette absence d’histoire tient à l’usage qui en a été fait par les régimes dictatoriaux. Il tient aussi, plus positivement, d’une prise de conscience : la démocratisation arabe est un rattrapage, une « normalisation » attendue depuis longtemps, qui réconcilie cette région avec le reste du monde, plus qu’avec sa propre histoire.

Notons enfin que l’histoire noue des liens troubles avec les mentalités autoritaires : le culte des grands hommes, la commémoration du fracas des batailles, l’invocation incessante des grandeurs passées, tenaient une place centrale dans la formation des peuples voués à la dictature.

Si 2011 voit la fin de la pathologie et du soin apporté par l’Islah, de la parturition (la renaissance dans la Nahda, la résurrection dans le Baas), peut-être l’horizon intellectuel s’en trouvera-t-il libéré pour explorer d’autres voies. Cette déconstruction des mythes arabes est peut-être arrivée à maturité avec le printemps que nous vivons, et qui nous fait assumer la nouveauté de l’événement, sans la stèle historique, sans l’ombre du passé mort.

Le : 19 décembre 2011

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