05/12/2011
2011, ATTENTION AU SOCIAL !
LHASSAN OUTALHA, décembre 2010
Le Maroc, en ces derniers jours de décembre 2010, est-il en train de vivre la fin de la paix sociale ? Plusieurs signaux inquiétants donnent à le croire, et si la passivité des pouvoirs publics, l’absence de réactivité du gouvernement, la démission des principaux partis politiques et l’indolence des syndicats ne devaient pas changer en 2011, il y a fort à craindre que le front social ne se réveille brutalement dans les semaines ou mois à venir, de façon spontanée, désordonnée, et, à Dieu ne plaise, violente. En effet, après les tristes événements de Laayoune, qui, rappelons-le, eurent comme point de départ des revendications sociales mises en avant par une population non encadrée politiquement et syndicalement, des manifestations débouchant sur des émeutes ont eu lieu au début de décembre à Al Hoceimas et en fin de semaine dernière à Tinghir. Ces mouvements sociaux se sont caractérisés par des débordements, des affrontements avec les forces de l’ordre, prouvant à chaque fois que les organisateurs, le plus souvent des associations de la société civile, avaient été rapidement débordés par des foules en colère parfois « chauffées » par des « ONG » qui cachent mal leur activisme politique à connotations d’extrême-gauche. Ce mécontentement populaire n’a pas eu jusqu’à présent de réponse claire et forte de la part du gouvernement et les situations ont été seulement gérées par les institutions et les hommes en charge du maintien de l’ordre... Cela ne devrait sans doute pas suffire au moment où l’on sent, de façon diffuse certes, mais quasi générale, s’étendre un sourd mécontentement, comme le prouvent les réactions spontanées et irréfléchies des habitants des bidonvilles de Mohammedia, victimes des récentes inondations, qui ont tenté de squatter par la force des locaux d’habitation neufs dans la périphérie de la Cité des Fleurs. Des mouvements de protestation ont également eu lieu à Hay El Hassani, Ain Sebaâ-Hay Mohammadi, alors que les sit-in et les tentatives de marches de protestation à connotations corporatistes se multiplient aux abords du siège de la Wilaya de Casablanca, comme le constatent quotidiennement les riverains de l’Avenue Hassan II. Ces expressions d’humeur, pour l’instant plus ou moins contenues, plus ou moins responsables, auxquels il convient d’ajouter la colère des enseignants et la grève permanente qui affecte depuis plusieurs mois l’appareil de la Justice, ne sont pas appréhendées globalement par les responsables publics. Elles sont traitées au coup par coup, le plus souvent dans l’urgence, sans vision, ni évaluation rationnelle. Or, il serait illusoire de croire que le corps social marocain est en bonne santé. Malgré les efforts consentis dans le cadre de l’INDH, les problèmes sociaux, le chômage, la cherté de la vie, le logement insalubre sont des bombes à retardement qui peuvent exploser à tout instant, en maints endroits du Royaume à la face des responsables gouvernementaux, alors que les syndicats se préoccupent essentiellement de satisfaire les doléances sectorielles de leurs maigres troupes et que les partis politiques, tout occupés à leurs jeux stériles, n’encadrent que très partiellement la population. Les secteurs les plus défavorisés ont besoin d’attention, de signaux forts, de manifestation de la volonté officielle d’action en leur faveur. Mais bien peu de choses sont faites dans cet esprit. A chacun d’en tirer les conséquences, sachant que l’ire populaire, lorsqu’elle s’exprime, ne se contient pas facilement. L’histoire du Maroc est là pour nous le rappeler...
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MANIFESTATIONS
Des manifestations à forte connotation socio-économique
LHASSAN OUTALHA, février 2011
C’est à ne rien comprendre. Ceux qui ont eu à parcourir le fil de certaines agences de presses étrangères dimanche, ont dû se poser une foule de questions : de quel Maroc on parle ?
De deux choses l’une :
- soit que ces agences ont voulu donner raison à leurs oracles,
- soit qu’elles le font avec préméditation.
En effet, à lire leurs dépêches aux alentours de 10 heures du matin, hier dimanche, on aurait cru que les rues de Casablanca et Rabat ont vu défiler des dizaines de milliers de personnes. Sur place, la réalité est toute autre, et les faits forts têtus. Au grand maximum deux mille personnes convergeaient, au fait, vers la Place Mohammed V au centre de la métropole. Des estimations font état de 10 000 manifestants, en début d’après-midi. Alors que dans la capitale, les organisateurs ne revendiquaient pas plus de quatre milles. Si les participants à Casablanca se sont contentés de scander leurs slogans face au siège de la Wilaya, ceux de Rabat, qui se sont donnés rendez-vous à Bab El-Had, ont remonté le boulevard Mohammed V vers le Parlement. Quant aux slogans, ils ont eu un caractère essentiellement socio-économique. Notamment, le chômage, le coût de la vie, etc. Un caractère d’autant plus accentué qu’une bonne partie des « manifestants » relevait d’une centrale syndicale ayant pignon sur rue, la CDT, pour ne pas la nommer. Les autres participants appartenant, eux, à des partis dits de la « gauche radicale », à savoir le PADS (parti de l’avant-garde socialiste, le PSU (parti socialiste unifié) ou encore le CNI (Congrès national ittihadi). Sans oublier, bien entendu, d’autres organisations et formations se revendiquant de l’ « extrême gauche », ainsi que des membres de l’association Al-Adl Wa Al Ihsane (d’obédience islamiste radicale).
Pour les autres villes du Royaume, la participation aux manifestations de ce dimanche a été différentielle, puisque le nombre de manifestants allait de quelque dizaines dans certaines villes, à quelque centaines, voire à quelques milliers dans d’autres, avec, en toile de fond, là encore, des revendications sociales, voire politiques dans certains cas. Notamment, certaines manifestations qui s’en sont pris au gouvernement et au parlement. Dans toutes les villes, de Tanger à Marrakech, en passant par El Jadida, Fès, Meknès ou encore Tétouan, les manifestants ont été unanimes à rappeler le caractère pacifique de leur démarche. De même qu’ils n’ont pas manqué d’insister sur le fait que leurs manifestations tendaient à davantage d’ancrage de la démocratie, de la même manière qu’ils ont exprimé leur espoir d’une vie et de services sociaux meilleurs. Et ce, en pensant, notamment, à l’enseignement la santé, les droits économiques et sociaux, ainsi que le droit à l’emploi et pour une meilleure redistribution des richesses.
A noter, en outre, que les manifestations se sont déroulées dans des conditions normales, mis à part quelques dérapages, prévisible du reste, mais dans la majorité des grandes villes, les manifestations se sont bien passées avec une présence très discrète des forces de l’ordre.
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