Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

22/09/2012

Les vacances gratuites

Les départs en vacances masquent de profondes inégalités entre les groupes sociaux. Parmi les Marocains qui se mettent au vert, la plupart restent à la maison. Le stéréotype usé du vacancier résume bien mal les pratiques de vacances des nationaux. Pour les personnes défavorisées, le départ en hébergement marchand est difficilement accessible.

Les vacances d’été restent un rêve pour beaucoup de Marocains. Partir en vacances coûte cher, notamment lorsque l’on a des enfants à charge. De nombreuses raisons (santé, situation professionnelle, etc.) peuvent conduire à ne pas faire ses valises, mais la plus fréquente est le manque de moyens. Si une bonne proportion de cadres supérieurs part en congé, combien de fonctionnaires modestes, de petits commerçants, d’ouvriers ou d’agriculteurs bouclent leurs valises en cette période ? Peu, sans aucun doute. Les départs en vacances masquent de profondes inégalités entre les groupes sociaux. Parmi les Marocains qui se mettent au vert, la plupart restent à la maison.

Le stéréotype usé du vacancier résume bien mal les pratiques de vacances des nationaux. Pour les personnes défavorisées, le départ en hébergement marchand est difficilement accessible. Le prix moyen d’une journée vacances -hors transport- correspond à quatre, cinq fois la valeur du SMIG journalier. La contrainte de revenus est d’autant plus forte que les prix des prestations touristiques sont rarement très sages. La valse des étiquettes en période de budgets étriqués rebute plus d’un vacancier. Cette année, l’appel du large semble faiblir. Pas pour le contexte ramadanesque, la crise modère les ardeurs des postulants aux vacances. L’incertitude croissante sur les revenus futurs conduit une partie de la population à se restreindre dans les domaines où elle peut le plus facilement le faire.

Ces diverses considérations économiques (dépense, revenu, prix) constituent un des attraits des séjours en hébergement non marchand (chez des parents ou des amis). Selon quelques enquêtes, il représenterait plus des deux tiers des séjours touristiques des Marocains. Ces hébergements gratuits, notamment chez des parents, constituent pour certaines personnes la seule possibilité de «s’échapper du quotidien», faute de moyens. Au-delà de la dimension morale et affective essentielle que constituent les «retrouvailles», ce type d’hébergement financièrement économe a aussi incontestablement une dimension économique. Ces hébergements occasionnels «intergénérationnels» sont à la fois des échanges descendants (petits-enfants partant en vacances chez ou avec les grands-parents), des échanges ascendants (personnes âgées en visite chez leurs enfants ou partant en vacances avec eux) et des échanges collatéraux souvent réciprocitaires. Si le motif du séjour chez des proches peut être volontairement recherché pour sa sociabilité, il n’en reste pas moins qu’il est en partie motivé par la recherche de solutions d’hébergement économes et résulte de contraintes budgétaires.

Mais si l’hébergement est gratuit, le simple coût du transport est parfois rédhibitoire. Toute forme de vacances, y compris chez des parents ou des amis, occasionne un surcoût pour le partant et pour la famille d’accueil. Même si certaines dépenses de vacances (notamment alimentaires) se substituent à des dépenses habituelles, le coût d’une journée de vacances est toujours plus élevé que celui d’une journée chez soi. Aussi, les solidarités familiales ne peuvent à elles seules compenser les difficultés économiques des ménages à partir en vacances, plus particulièrement dans un contexte de crise.

La politique publique devrait accorder à la question des vacances des  défavorisés un certain intérêt. L’Etat a préféré solvabiliser la demande, par l’aide à la promotion de produits touristiques. Ces produits ne sont pas à la portée des bourses modestes. Certes, les établissements publics mettent leurs clubs et villages de vacances à disposition des employés et organisent des colonies de vacances pour leurs enfants. Ces infrastructures profitent presque exclusivement aux salariés des grandes entreprises publiques et de la fonction publique. En réalité, le développement du tourisme social est coincé entre manque d’incitation et offre parfois mal adaptée. Pourquoi ne pas étendre l’offre de ce segment de loisirs en encourageant la diffusion des instruments comme les chèques vacances ? Ces instruments seraient distribués par des employeurs ou des comités d’entreprise ou d’œuvres sociales (qui prendraient en charge une partie du coût) aux salariés selon leurs facultés contributives. Pourquoi les collectivités locales n’investiraient-elles pas dans des centres de vacances pour les jeunes, dont le coût serait proportionnel aux revenus des familles ou n’aideraient-elles pas le secteur associatif à s’impliquer dans ces prestations ?

Les vacances sont un moyen de socialisation et un vecteur d’intégration sociale. Les inégalités devant les départs en vacances ne sont pas seulement des inégalités de consommation. Ce sont aussi des inégalités en termes de droits sociaux et de développement de la personnalité. Ce droit pour tous les citoyens commence dès l’enfance. Ne pas partir c’est aussi ne pas profiter d’un «élargissement de l’horizon mental», et source de frustrations. Le capital «vacancier» n’est-il pas considéré de nos jours comme un élément du capital social, culturel, cognitif et symbolique ?

20:15 Écrit par OUTALHA dans societe | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |

INDH ou comment un projet royal s’est transformé en label marocain

En cinq années, l’INDH a permis de réduire le taux de pauvreté de 36% à 21% dans les zones ciblées. 22 000 projets financés et 5,2 millions de bénéficiaires. 33% des projets de l’INDH sont portés par les femmes et 13% par les jeunes.

Une idée ambitieuse, une réalisation complexe, un coup d’essai réussi et une consolidation. Tout est parti du désir du Souverain de mettre fin aux conditions difficiles dans lesquelles vivait une frange de Marocains. Des conditions parfois indécentes, où la dignité fait défaut. Il faut dire que le Roi a sillonné le Maroc en long et en large, n’hésitant pas à visiter les endroits les plus reculés. Ainsi, par exemple, entre septembre 2004 et juillet 2006, en moins de deux ans, il avait parcouru 72 000 km, visitant une cinquantaine de villes et localités. C’est sans doute au cours de ces déplacements que l’idée d’une Initiative nationale pour le développement humain (INDH) est née.

L’idée s’est transformée en projet et le projet s’est concrétisé un certain 18 mai 2005. Mais l’INDH, qui devait durer initialement 5 ans, est devenue après sept ans d’existence un chantier de règne. Car ce n’est pas seulement un programme qui vise la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale à travers la réalisation de projets d’appui aux infrastructures de base, des projets de formations et de renforcement des capacités des citoyens ou encore de promotion d’activités génératrices de revenus et d’emploi. Pour Nadira El Guermaï, gouverneur, coordinatrice nationale de l’INDH, c’est une philosophie, une nouvelle approche de gestion de la chose publique, un produit purement marocain destiné aux Marocains mis en œuvre par les Marocains. C’est une initiative, affirme Nadira El Guermaï, «reconnue bien au-delà des frontières du pays, comme un projet de société novateur, démocratique et participatif qui a permis dans un temps limité d’imprimer l’action publique en matière de développement humain».

3 700 activités génératrices de revenus créées

Ainsi, le Souverain a voulu  relever le défi en lançant une initiative qui prône la gouvernance participative comme nouvelle méthode de gouvernance de la chose publique. En effet, que ce soit au sein des comités locaux présidés par les élus, des comités provinciaux présidés par les gouverneurs et des comités régionaux chapeautés par les walis, on a tenu à reproduire la même configuration. Un tiers des membres est issu du mouvement associatif, un autre tiers est formé des élus et le troisième tiers des services déconcentrés de l’Etat. Encore une fois, ce n’est pas une approche facile. «Il a fallu deux années aux différents partenaires pour assimiler cette manière de faire et surtout y croire», affirme la coordinatrice nationale de l’initiative. Autre volet novateur : c’était la première fois qu’on va à la rencontre des citoyens pour s’enquérir de leurs besoins. Cela a pris du temps pour construire ce modèle et surtout la confiance des citoyens en modèle.

La réussite de cette initiative est reflétée par les résultats très satisfaisants enregistrés durant sa première phase quinquennale. Les chiffres sont là pour en témoigner. L’INDH a permis durant sa première phase (2005-2010), la concrétisation de 22 000 projets au profit de 5,2 millions de bénéficiaires pour un investissement global de 14,1 milliards de dirhams, dont la contribution de l’INDH est de 8,4 milliards de dirhams. Cela en se fondant sur le principe de la participation des populations aux processus d’expression des besoins à l’aide de diagnostics participatifs, d’identification, de montage, de réalisation et de suivi des projets. De même, plus de 3 700 activités génératrices de revenus (AGR) ont été initiées à travers des appels à projets, garantissant ainsi la transparence et l’égalité des chances.

INDH, deuxième phase, 17 milliards de DH pour cinq programmes

En cinq années, ce projet sociétal a contribué de manière significative à la lutte contre la pauvreté dans notre pays. En chiffres, le taux de pauvreté dans les 403 communes rurales ciblées par l’initiative (Phase I : 2005-2010) est passé de 36% en 2004 à 21% en 2007, soit une réduction de 41%.
L’INDH a engendré un changement de société profond qui s’est traduit par un élan social mobilisant plus de 11 000 acteurs directs, élus, associations et services déconcentrés de l’Etat. Elle a également offert l’opportunité aux citoyens de s’organiser localement et de se prendre en charge. Ainsi, ce sont près 6 000 associations et coopératives qui se sont jointes à l’INDH.

Question : comment s’assurer que les bénéficiaires de ces projets sont les personnes auxquelles ils sont destinés ? Tous les projets sont audités et contrôlés par l’IGAT (Inspection générale de l’administration territoriale) et l’Inspection générale des finances (IGF), assure la coordinatrice nationale de l’initiative. Plus encore, les résultats des audits sont publiés sur le site internet de l’initiative (www.indh.gov.ma) En d’autres termes, on sait combien d’argent a été utilisé, comment il a été utilisé et qui en a bénéficié. Cela sans parler des auditeurs étrangers mandatés par une quinzaine de bailleurs de fonds pour vérifier si la somme de 1,64 milliard de DH est bien utilisée.

Autre question, y a-t-il une articulation de l’INDH avec les autres programmes de politique publique ? «Nous avons la même cible certes, mais l’INDH n’a pas vocation à remplacer les programmes sectoriels du gouvernement. Au contraire, tous les projets de l’INDH sont réalisés en partenariat avec les départements ministériels concernés : santé, enseignement, équipement,...», explique la même source. Et il en sera certainement ainsi pour la seconde phase lancée par le Souverain, le 4 juin 2011, à Jérada. En plus des quatre programmes de la première, cette deuxième phase prévoit un nouveau programme : la mise à niveau territoriale. Ce programme, doté d’une enveloppe de 5 milliards de DH, profitera directement à un million de bénéficiaires habitant 3 300 douars, relevant de 22 provinces. Au total, l’INDH-II mobilise une enveloppe de 17 milliards de DH. Elle sera étendue sur 701 communes rurales et 530 quartiers défavorisés dans des villes comptant plus de 20 000 habitants avec deux nouvelles catégories de bénéficiaires, les malades atteints du sida et les toxicomanes.

20:13 Écrit par OUTALHA dans societe | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |