Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

22/12/2011

MORT DE LA KOUTLA DEMOCRATIQUE

La Koutla démocratique, fondée en mai 1992 est définitivement out, et c’est son acte de décès officiel qui a été signé avec l’option prise par l’USFP de regagner les rangs de l’opposition.

Avec cette disparition, c’est le concept même de mouvement national patriotique et progressiste qui disparaît, marquant ainsi l’émergence d’une nouvelle étape de la vie politique nationale, celle de l’alternance démocratique issue des urnes, laquelle pourtant, n’interdit pas les « alliances contre nature » comme celle du PJD et du PPS.

De même, la vigueur de la démarche préliminaire de l’USFP, qui a bloqué l’élection de Ghellab au perchoir durant une heure et demi avant de quitter l’hémicycle le jour même de l’ouverture de la première session de la nouvelle législature, donne à penser que l’opposition de gauche, sera particulièrement virulente et active, car le Parti à la Rose voudra très vite prouver à l’opinion publique l’inanité de la démarche de la nouvelle majorité sous commandement PJD.

Pugnacité et contradiction systématique seront les armes de l’USFP à la Chambre et les autres composantes de l’opposition, RNI et PAM auront sans doute fort à faire pour tenir la distance et marquer des points contre le gouvernement Benkirane.

Enfin, il sera particulièrement intéressant d’assister à la matérialisation de l’alliance de « la bande des quatre : PJD, PI, MP et PPS » à l’intérieur de la Chambre, quand des parlementaires islamistes défendront un ministre communiste au prise avec les critiques d’élus socialistes.

La vraie vie parlementaire commencera-t-elle enfin à exister ?

Sans doute !

20:50 Écrit par OUTALHA dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |

LE CAS PARTICULIER DU MAROC

Le Printemps arabe pose un problème au Maroc, à son image extérieure mais également à la conception que ses décideurs se font de leur propre pays.

L’exception politique marocaine

L’image d’une exception marocaine au sein de son environnement arabe ne date pas d’hier,

 il suffit de rappeler quelques pages des voyageurs européens du XIXe siècle : Charles de Foucauld, par exemple, souligne ce qu’il appelle la xénophobie, l’introversion du pays, sa sauvagerie, comparée à la relative ouverture des autres pays du Maghreb, déjà exposés à l’influence occidentale.

Durant les années Lyautey – 1907-1924 – un autre cliché se forma sous le premier, plus tenace, aux dimensions politiques insoupçonnées : le Maroc est une exception politique et historique; authentique et préservé du désenchantement de la modernité, royaume endormi que la France devait réveiller sans effaroucher.

Pays montagnard, libre et fier, au sein d’un monde arabe despotique et obscurantiste; pays monarchique entouré de républiques soviétiques et dictatoriales… Sur le métier à tisser de cette exception, les variations sont nombreuses autour de ce même motif : un Maroc positivement exceptionnel cerné d’un arrière-fond régional négatif.

La dernière variation sur ce thème date des années 1990 : le Maroc pays en voie de démocratisation dans un bloc arabe irrémédiablement autoritaire. Toujours l’exception bonne dans la catégorie négative. Telle est l’ironie des grands partages mentaux : les contenus peuvent changer, mais pas les frontières qu’ils établissent. Celles-ci se convertissent et se traduisent dans le langage du jour tout en restant les mêmes fondamentalement.

Pour le discours public marocain, il suffisait de pointer les défauts de nos voisins pour défendre le bilan intérieur. Dans un ensemble négatif, le Maroc était l’unique « plus ». Cela suffisait à lui donner une vocation politique : vitrine occidentale et démocratique de la région.

L’exception mise à mal par le Printemps arabe

A ce jeu de logique formelle, le Maroc sortait toujours gagnant aux yeux – les seuls qui comptaient, à vrai dire – des observateurs occidentaux. Or, depuis le début de 2011, un profond séisme a affecté le système. L’arrière-fond négatif est en feu. La démocratisation en cours fait pâlir les maigres acquis marocains. L’ensemble négatif clignote de signaux positifs et le « plus » marocain pâlit. La révolution, on ne la fait jamais seul, ou alors elle est intérieure, surréaliste, sans doute aussi dangereuse et nomade.

Aujourd’hui que toute une région flambe, le Maroc, par un retour de réel, se retrouve seul .

Le Printemps arabe pose un problème au Maroc, à son image extérieure mais également à la conception que ses décideurs se font de leur propre pays.

On était dans le sens de l’histoire tant que nos voisins étaient hors de course. On était l’exception, ils étaient la pathologie. Ils sont aujourd’hui l’exception. Que devient alors le Maroc ? Exception de l’exception ? C’est-à-dire l’immobilisme dans un environnement régional de nouveau sur les rails de la mondialisation historique ?

Une option s’offrit au Maroc suite aux événements tunisiens et égyptiens: jouer la course et la surenchère démocratique pour garder la distance – la nouvelle Constitution et les nombreux droits octroyés vont dans ce sens. Mais tôt ou tard, le discours public marocain sera appelé à se réformer et à répondre à cette question lancinante : comment concilier une démocratisation mondiale et notre singularité historique ?

Le : 17 octobre 2011  

20:39 Écrit par OUTALHA dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |