Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

14/12/2011

TRACTATIONS

C'est tranché ! La majorité en cours de formation soutiendra l'Istiqlal pour décrocher la présidence de la Chambre des représentants. Et c'est le ministre sortant de l'Équipement et du transport, Karim Ghellab, qui est pressenti pour ce poste. En effet, il est présenté par le Parti de la balance comme candidat favori au perchoir, une fonction qui fait l'objet de plusieurs convoitises. Les quatre partis politiques formant la future coalition gouvernementale se sont mis d'accord sur cette question dans la réunion des chefs de file, lundi soir, qui a duré une heure et demi.
C'était une décision prévisible, même si quelques Harakis nourrissaient l'ambition de briguer ce poste. Des ténors du PJD ont déjà annoncé que leur parti n'allait pas cumuler la présidence du gouvernement et celle de la Chambre des députés. L'Istiqlal, en tant que deuxième force électorale, semble être le mieux placé pour occuper ce poste-clef, même si l'expérience a démontré que l'arithmétique n'est pas le seul facteur décisif en la matière. Il faut dire que c'est un exercice périlleux, vu que l'histoire a prouvé que les responsables des formations politiques ont du mal à maîtriser leurs parlementaires. Impossible de garantir à l'avance la réussite du candidat de la majorité, car le vote se fait au gré des intérêts.
En tous cas, la volonté est affichée pour commencer une nouvelle étape dans la moralisation de l'échiquier politique. Après s'être mis d'accord sur le premier point, place, désormais, aux tractations approfondies pour la formation du gouvernement. Les secrétaires généraux des quatre formations politiques ont été hier peu bavards sur l'évolution des tractations. Contacté par «le Matin», le secrétaire général du Parti du livre a signalé en substance : «Ne comptez pas sur moi aujourd'hui pour vous donner des informations». Les patrons des partis participant au prochain gouvernement devaient réunir leurs organes exécutifs pour débattre de la première étape des négociations avant d'entamer une deuxième réunion avec le nouveau chef de l'exécutif désigné hier soir pour discuter minutieusement de l'architecture du prochain exécutif. Il s'agit, selon le membre du bureau politique du Mouvement populaire, Mohamed Moubdiaâ, d'une structure composée de trois tranches : «les ministères dites de souveraineté, les secteurs productifs et les secteurs sociaux. Chaque parti espère être représenté au niveau de chacune de ces tranches».
Le MP aspire à détenir au moins cinq portefeuilles ministériels, notamment l'agriculture, l'énergie, l'équipement et l'Intérieur. Les Harakis espèrent que leur secrétaire général sera nommé à la tête de ce dernier département.
Au niveau de l'Istiqlal, l'ambition est de pouvoir décrocher entre sept et huit portefeuilles. Mais les Istiqlaliens devraient revoir leur prétention à la baisse après avoir reçu l'aval de la majorité pour la présidence du Parlement.
À en croire des sources de ce parti, les propositions des ministrables portent sur plusieurs noms : Nizar Baraka, Abdellah Bekkali, Abdelkader Kihel, Abdeljebbar Rachdi, Khadija Zoumi, Rehhal Mekkaoui, Abdessamed Kiouh…
Du côté du PPS, c'est le nom de Nabil Benabdellah qui circule pour le moment. Étant la seule sensibilité de gauche dans un gouvernement dirigé par les «islamistes», le Parti du livre négociera cette fois-ci la qualité de sa présence au sein de l'exécutif.
Quant au PJD, il doit attendre la tenue de son conseil national le week-end prochain pour trancher en ce qui concerne les critères de nomination de ses ministres. Pour le moment, le Parti de la lampe affiche une seule prétention : le ministère de l'Économie et des Finances.
Il est à rappeler que Benkirane a signalé dans un point de presse lundi dernier que le futur gouvernement serait composé de 25 à 30 ministères et secrétariats d'État.
Il a estimé que la majorité réunie est assez confortable, d'autant plus que des petits partis cumulant six sièges parlementaires ont déjà annoncé leur soutien inconditionnel au futur gouvernement. Il s'agit notamment du Mouvement démocratique et social et du Parti du renouveau et de l'équité.

Le : 12 Decembre 2011

18:17 Écrit par OUTALHA dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |

08/12/2011

Le PJD fait exploser les alliances

 Le RNI et le PAM ont décidé de rejoindre l’opposition, alors que le MP et l’UC tiennent à faire partie du gouvernement. L’Istiqlal a dit «oui», mais l’USFP reste fortement divisée et le PPS attend de voir…

«Ensemble, dans le gouvernement ou dans l’opposition». Ce slogan martelé avant la tenue du scrutin du 25 novembre par les deux alliances politiques que sont la Koutla démocratique et l’Alliance pour la démocratie n’aura pas résisté au raz de marée réalisé par le PJD, qui a récolté à lui seul 27% des sièges du nouveau Parlement et dont le secrétaire général, Abdelilah Benkirane, a été nommé chef du gouvernement, par le Souverain, mardi 29 novembre, dans la ville de Midelt, où le Roi donnait le coup d’envoi de la campagne de solidarité.
Avec qui le PJD gouvernera-t-il ? Rien n’est encore certain. Toujours est-il que son succès avait fait voler en éclats le G8 et ébranlé les composantes d’une Koutla, pourtant unie depuis 1992. Les grands principes annoncés, hier, à cor et à cri, sont éclipsés, aujourd’hui, devant la réalité des intérêts étriqués de chacune de ces formations, voire au sein d’un même parti.
Ainsi, au mercredi 30 novembre, on ne savait toujours pas si les trois membres de la Koutla que sont l’Istiqlal, l’USFP et le PPS allaient être ensemble dans le gouvernement. Officiellement, la coalition s’est réunie samedi 26 novembre et décidé que ses membres rencontreront individuellement le PJD, et que la réponse sera collective après concertation. Or, l’Istiqlal n’a pas attendu cette réunion pour dire son “oui” franc à une coalition avec le PJD. Le parti d’Abbas El Fassi avance une expérience et une expertise dans la gestion des affaires publiques qui feraient défaut aux islamistes et se prévaut de ses affinités avec le parti islamiste. A l’USFP, ça tire dans tous les sens. Des sources dignes de foi avancent que bien avant le jour du scrutin, certains de ses dirigeants auraient négocié, derrière le dos de la Koutla, un accord avec le G8 pour une participation à une majorité conduite par le RNI si ce dernier venait en tête. Même le nombre de ministères à confier aux socialistes a été fixé. Détail intéressant à retenir : Driss Lachgar s’est vu promettre le département de la justice.  
Mais même après la victoire du PJD, la position de l’USFP demeure pour le moins ambiguë : mardi 29 novembre, de fortes rumeurs ont circulé sur son basculement dans l’opposition, mais aucune confirmation n’est venue étayer cela. Des sources du conseil national soutiennent que les bases du parti sont fermement opposées à la participation au gouvernement. Pour de nombreux membres du conseil national, l’USFP a tout simplement perdu les élections en se classant encore une fois en 5e position. Et «un parti qui perd les élections ne va pas au gouvernement». Et l’on ajoute que «ceux qui sont pour la participation le font par pur opportunisme. Mais dès qu’on leur a fait savoir que le PJD n’était pas du tout intéressé par des habitués des fauteuils ministériels et des visages consommés, ils ont changé de camp», affirme un membre du conseil national du parti.

Positionnement tranché ou chantage politique ? La direction du PJD est consciente de cette réalité, mais reste confiante quant à un éventuel “oui” de l’USFP. «Nous sommes conscients que l’USFP est partagée sur la question de la participation au gouvernement, mais nous ne sommes pas dupes. Si vous demandez à un certain Lachgar ou El Malki s’ils sont pour la participation au gouvernement, ils diront non. Mais si vous le demandez à Hassan Tariq, il vous dira oui», explique un membre du secrétariat général du PJD. A en croire un membre du bureau politique de l’USFP, «la tendance générale au sein de la direction du parti, c’est-à-dire une écrasante majorité du bureau politique, est contre la participation au gouvernement». C’est l’exemple d’Ali Bouabid qui publiait lundi 28 novembre en soirée une tribune dans laquelle il exprimait sa préférence au passage à l’opposition. Le dernier mot revient cependant au conseil national du parti et ce dernier doit se tenir samedi 4 décembre.
Pour d’autres qui s’estiment fins connaisseurs du système USFP, le parti finira bien par intégrer le jeu et son atermoiement ne serait qu’un stratagème pour contraindre le PJD à un maximum de concessions. L’on se souvient, à ce titre, du fameux concept de «soutien critique» inventé par l’USFP et ses multiples menaces de quitter le gouvernement El Fassi. En somme, avant de jouer le jeu de la Koutla, l’USFP joue d’abord sa propre partition et encore, il y a plusieurs partitions au sein même de sa symphonie.
Enfin, au PPS, l’autre composante de cette coalition, l’orientation générale est pour la participation… mais à condition que ce soit à l’intérieur de la Koutla. C’est en gros le résultat des débats des deux dernières réunions de son bureau politique, samedi 26 novembre et lundi 28 novembre. Les ex-communistes marocains considèrent, par ailleurs, que la participation au gouvernement est une responsabilité historique que les partis démocratiques de la Koutla se doivent d’assumer. Preuve en est, selon eux, que celle-ci n’a pas été sanctionnée par l’électorat. Les trois partis de la Koutla ont obtenu  117 sièges (29,6% des 395 actuels) contre 107 sièges (soit 33% des 305 anciens) en 2007. Mais rien n’est encore sûr. Mardi 29 novembre en soirée, Nabil Benabdellah, secrétaire général du parti, affirmait que le PPS n’avait pas encore pris de décision. D’ailleurs, «personne du PJD ne nous a contactés. Alors, nous verrons au moment voulu». Bref, la Koutla avance en ordre dispersé et la position de l’USFP n’y est pas pour peu.  

Tout le monde est ouvert à toutes les propositions au sein de l’Alliance pour la démocratie c’est le chacun pour soi. Le temps des déclarations communes, d’un programme cadre commun semble révolu. Au PAM, ennemi juré du PJD, on ne se faisait pas trop d’illusions et, d’ailleurs, ce dernier annonçait la couleur une fois les premiers résultats connus : «Tout sauf le PAM». Le PAM est donc passé à l’opposition. Deux jours plus tard, mardi 29 novembre, le RNI, dans une démarche cohérente avec sa logique prônée avant les élections, choisissait le camp de l’opposition. Mais son communiqué, diffusé le jour même, ne fait nullement mention de l’Alliance…
En revanche, le  MP et l’UC, faisant fi de l’unité de principes et de positions mise en avant la veille du scrutin, penchent sensiblement pour une participation au gouvernement. Mais il n’est pas question de le clamer ouvertement. «Si l’initiative venait de notre part, ce serait comme si nous quémandions des postes ministériels au PJD», confie, sous couvert d’anonymat, un membre de la direction du MP. Les Harakis préfèrent que ce soit le PJD qui fasse le premier pas. Les dirigeants du Mouvement populaire avancent trois arguments qui militent en faveur de leur participation à l’Exécutif. D’abord, une origine commune des deux partis, le PJD et le MP. Les deux sont, en effet, issus de la mouvance populaire. Ils rappellent à juste titre que le PJD constitue une évolution du MPDC, Mouvement populaire démocratique et constitutionnel. De toutes les manières le MP s’engage à servir l’intérêt du pays, que ce soit au gouvernement ou dans l’opposition». Dernier argument qui justifie cette position non encore officialisée : dans tous les gouvernements auxquels il a participé, le MP a toujours fait preuve d’une discipline, pour ne pas dire docilité, exemplaire. Il ne faut pas non plus oublier qu’au sein même du bureau politique, une tendance était opposée depuis le début à l’idée de rejoindre le G8. Ils estimaient que la place naturelle du parti était dans le camp du PJD.
Aujourd’hui, pour justifier cette distance prise vis-à-vis du G8, le MP met au-devant des frictions à l’intérieur de l’alliance apparues à la veille et pendant la campagne électorale. On aurait débauché parmi leurs membres. Plus concrètement, il semble que le MP voudrait bien avoir quelques postes ministériels pour se refaire une image auprès de ses militants.
A l’UC, la démarche est plus ouverte.
Au final, on se retrouve avec une Koutla qui a près de 20 ans, mais qui, faute d’avoir pu reconduire l’un de ses membres en tête des suffrages, risque d’éclater, après avoir été de tous les gouvernements depuis 1998. On se retrouve également avec un G8 dont les prémices remontent à début 2009 avec le groupe parlementaire PAM-RNI, puis le rapprochement RNI-UC, en janvier 2011, la constitution du G4 avec le MP et le PAM, le 12 août, puis l’alliance des huit qui n’aura même pas tenu 2 mois. Le PJD est passé par là…

Le : 05 /12/2011

19:16 Écrit par OUTALHA dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |