Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

10/03/2011

La valse des dictatures

Regrets. Il n’y a, malheureusement, pas que de bonnes nouvelles qui nous parviennent de ces pays occupés, paraît-il, à vouloir embrasser une nouvelle ère devant, en principe, trancher avec ce qui existait jusque-là. Loin s’en faut.
Ainsi en est-il de cet acte assassin qui vient de coûter la vie à un citoyen égyptien dont le seul «crime», aux yeux de ses exécuteurs, est d’avoir été copte. Cette même communauté des chrétiens d’Egypte avait été visée par un attentat sanguinaire au bilan effrayant, faisant morts et blessés. Cela s’est passé devant une Eglise où ils s’étaient rendus pour célébrer un mariage : la vie donc, sous ses meilleurs jours. Cela s’est passé sous l’ère Moubarak. Une fois la machine révolutionnaire mise en place, on imputera la responsabilité de ce carnage à l’ex-ministre  de l’Intérieur sous l’ère du même ex-président. Luxe que l’on ne peut se permettre aujourd’hui pour «justifier» le dernier assassinat précité.
Dans cette Tunisie de l’après Ben Ali, quelques «révolutionnaires» illuminés n’ont rien trouvé de mieux que d’achever, de la manière la plus barbare qui soit, un prêtre polonais connu pour sa discrétion et sa philanthropie.
Le même jour, dans cette même Tunisie, quelques individus ont cru bon d’exhiber  des exemplaires du Coran pour exiger la fermeture d’une « maison close » qui, soutenaient-ils, ne doit pas avoir droit de cité dans « un pays musulman ».
Allez savoir s’il s’agissait vraiment de quelque maison close. Et puis pourquoi mêler le Coran à tout cela ? L’existence de quelque local du genre pourrait bien déranger le juif, le chrétien, le bouddhiste, l’athée ou le musulman …
Un Kadhafi aux abois fait usage, à chacune de ses ridicules sorties, d’un épouvantail appelé Al Qaeda.
Subterfuge de dictateur ? Très, très possible. Et si  c’était vrai ? Doivent se demander les plus craintifs ou les plus sceptiques. A moins qu’il s’agisse des plus réalistes.
 Au fait, peut-on aspirer à quelque révolution quand il y a risque de voir celle-ci se résumer à un passage de relais, ou une passation de pouvoirs, entre une dictature et une autre ?
Le modèle turc a dû être d’actualité dès que Ben Ali et Moubarak avaient fait leurs bagages, mais au train où vont les choses, on craint fort qu’il y ait quelques regrettables détournements, à l’image de ce qui s’est passé en Iran, il y a de cela 32  ans. Le clergé s’est inventé ses lois et sa «démocratie» au mépris de celles universellement reconnues.
 Il y a pire. Le Pakistan où le seul ministre chrétien du gouvernement vient d’être froidement assassiné. Motif : une loi aberrante, abusive, liée, au «blasphème» n’était pas de son goût.
 Ne serait-il pas judicieux voire salvateur de parler de liberté, la vraie, celle basée sur le droit à la différence, mais sans omettre  d’évoquer la laïcité, et ce tout en discutant, au moment où certains semblent avoir découvert la séparation des pouvoirs, de l’autre séparation, celle concernant le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel? Mais, c’est peut-être trop demander par les temps qui courent.
Jeudi 10 Mars 2011

21:18 Écrit par OUTALHA | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |

16/02/2011

SEVEN

LHASSAN OUTALHA, lundi 16 février 2011.

 Il y a dans ce qui agite le Maroc des promesses et des espérances qui peuvent être contrariées par sept péchés capitaux.

 La surenchère: C’est ce qu’il y a de pire. La logique de la surenchère est mortifère pour la logique de la réforme. Ne voulant rien de précis, elle aspire à avoir tout. La surenchère s’aveugle dans le rapport de force. Elle pense qu’il est toujours de son côté puisqu’elle s’adosse au  peuple. Et elle puise sa capacité de résistance dans le contentement d’une jouissance immédiate : l’humiliation de l’adversaire.

 L’impatience et la précipitation : La précipitation, c’est vouloir tout, ici, maintenant et tout de suite. On fait table rase de ce qui existe et même de ce qui est proposé. Et puisqu’il faut profiter des circonstances favorables, on ne contextualise rien. On va jusqu’à faire fi de la réalité et des résistances inhérentes aux structures mentales et sociales telles qu’elles existent. Gare à celui qui dit le contraire.

 La démagogie : Refuser la légitimité de la Commission Mennouni sous le prétexte d’être nommée par le Souverain et non pas par le peuple en est un exemple. La démagogie grossit le trait démocratique de tout ce qui est élu et le magnifie.  Imagine-t-on un instant le temps nécessaire pour élire une constituante à un moment où l’histoire du Monde connaît une accélération vertigineuse? Sans compter, qu’en la circonstance, ceux qui sont si sourcilleux sur la légitimité démocratique de chacun sont les moins vertueux en la matière eux-mêmes.

 La dénégation d’évidence : il y a une forme de dénégation, au sens freudien, dans la façon de revendiquer quelque chose tout en ne la reconnaissant pas pour tout le monde. On veut les libertés individuelles, économiques, politiques mais pas civiles, du moins pour la moitié de la population qui sont les femmes. C’est la conscience malheureuse ou l’inconscience bienheureuse.

 L’excès : Lorsqu’un journal fait sa Une sur une pancarte qui compare le Maroc à Abou Ghrib, on est nécessairement excessif pour ne pas dire dans la caricatural. Pas plus que le Maroc n’est le paradis, il est  difficilement admissible de le considérer comme la géhenne.

 L’insolence : Quand l’insolence est instruite, il devient une pure forme d’irrespect lumineux, talentueux et artistique à l’image  des Guignols de l’info. Quand l’insolence est inculte, elle vire dans la vulgarité sombre. Et elle finit tout le temps par céder  à l’injure et à la posture irrévérencieuse et stérile.

 Le takfirisme : C’est un stalinisme vert. Ce sont les Polpotistes en devenir et qui à défaut de brandir des idées exhibent des figures à lapider. Ils font partie de ceux qui l’année dernière se sont opposés à l’homosexualité d’Elton John et qui aujourd’hui s’attaquent à Mawazine, bien que plébiscité par le public marocain. Il faut se méfier de cet  esprit là. Il est capable de bûchers et d’autodafés.

 

19:59 Écrit par OUTALHA dans societe | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |