05/12/2011
leadership
Le PJD conforte son leadership avec 107 sièges : Un vote de prudence et non pas un vote sanctionIl faut reconnaître que les résultats du scrutin ont été une surprise. Non pas parce que le PJD est arrivé en tête, mais plutôt par l’ampleur de son score. 107 sièges, soit 47 sièges d’écart avec le deuxième, le parti de l’Istiqlal, qui en a obtenu 60. On a rarement vu un tel score et un tel écart, même quand on remonte jusqu’aux élections de 1997, moment auquel la Koutla était encore puissante, tirée par l’USFP au top de sa forme puisqu’il était encore dans l’opposition. Certains analystes parlent de vote sanction. Une telle thèse ne tient pas la route pour la simple raison que les grands partis de la majorité qui était aux commandes ont tous amélioré leur performance. L’Istiqlal est passé de 52 à 60 sièges, le RNI de 39 à 52 et l’USFP de 38 à 39. Même le PAM, que l’on disait handicapé par ses multiples étiquettes et affaibli par les secousses qu’il a vécues ces deux dernières années, a obtenu un score respectable de 47 sièges. Les chiffres sont clairs : il n’y a pas eu de vote sanction. Les cinq grands partis qui se sont classés premiers ont tous puisé dans un nouveau réservoir d’électeurs, mais c’est manifestement le PJD qui a su en tirer le plus profit. Pourquoi ? Aux élections de 2007, rappelons-le, le PJD avait obtenu 46 sièges. Ceux qui ne croyaient pas à un raz-de-marée du PJD en 2011 avançaient comme argument que le parti de Abdelilah Benkirane avait très certainement fait le plein en 2007 étant donné que son électorat est connu pour être discipliné et qu’il était parti aux urnes en masse en 2007. En d’autres termes, le PJD ne pouvait raisonnablement compter que sur la population d’indécis et, vraisemblablement, ne pouvait pas obtenir beaucoup de sièges en plus. Or le parti est passé de 46 sièges à 107. Logiquement, il ne peut pas avoir puisé toute la différence dans la population d’indécis. Ce qui est aujourd’hui sûr c’est que le PJD a recruté en masse dans de nouvelles franges de société insoupçonnables. Prenons le cas de la circonscription d’Anfa à Casablanca. Voilà un quartier des plus huppés de la capitale économique qui est normalement de nature plus «occidentalisé» dans son mode de vie et qui a pourtant voté massivement pour un PJD conservateur et à référentiel religieux. Les exemples de ce genre sont nombreux. Dans les milieux d’affaires et les familles aisées, le PJD est assurément présent. C’est à ce titre que des analystes, et ils ne sont pas minoritaires, expliquent cette poussée du PJD par un autre phénomène qui, lui, est plus conjoncturel, lié à ce qui se passe dans les pays de la région. Un vote non pas sanction mais un vote de prudence pour ne pas dire de peur. Pour certains, si le PJD n’avait pas gagné, on aurait eu un mécontentement général de la rue qui aurait pu dégénérer en un mouvement plus grave. Le syndrome de la Tunisie et de l’Egypte était présent. Et de l’Algérie aussi qui a sombré dans une guerre civile quand, en 1991, l’Etat avait décidé d’interrompre les élections législatives à la suite d’un raz-de-marée du FIS. Ce sont probablement de telles situations que des électeurs avaient aussi peur. Mais tout cela n’enlève rien au travail réalisé par le PJD que ce soit sur le terrain ou au Parlement en tant qu’opposition. Sa performance suppose évidemment un effort colossal. Pendant quatre ans, le PJD a abattu tout ce travail et personne n’a rien vu venir. Assez étonnant.
21:23 Écrit par OUTALHA dans MAROC | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
|
Imprimer | |
LE TOURNANT
|
Le rendez-vous tant attendu du 25 novembre n’a finalement pas déçu. Ces élections marquent, sans nul doute, un point d’inflexion majeur dans l’histoire du Maroc.
Le rendez-vous tant attendu du 25 novembre n’a finalement pas déçu. Ces élections marquent, sans nul doute, un point d’inflexion majeur dans l’histoire du Maroc. D’abord par l’identité du parti gagnant, à savoir le PJD, certes, mais ce n’est pas tout. Il y a aussi le taux de participation qui est passé de 37 à 45,4%. N’en déplaise aux éternels négativistes, cette amélioration bien réelle veut dire que les Marocains reprennent progressivement confiance dans le politique. Mais le plus important est ce constat qui se dégage quand on analyse de près les résultats chiffrés officiels, bien qu’ils n’aient pas été définitifs à l’heure où nous mettions sous presse. Ainsi, quand on fait le cumul, il s’avère que les sept premiers partis totalisent 91% des sièges. Pour les élections de 2007, il fallait aller jusqu’au 11ème parti pour arriver à cette même concentration. De la même manière, les quatre premiers partis en 2011 obtiennent presque 70% des sièges contre 55% en 2007. Ces chiffres sont la preuve que le champ partisan devient nettement plus ramassé, plus concentré, moins effrité. Cela ressemble à un début de sélection naturelle et c’est tant mieux. Deux avancées majeures, donc, à savoir le regain de confiance du citoyen et la rationalisation du champ politique. Le prochain gouvernement et les nouveaux parlementaires, de majorité ou d’opposition, ont la responsabilité de les préserver et de les renforcer. Si durant les cinq prochaines années, les ministres et les élus respectent la nouvelle règle de jeu et l’esprit de la nouvelle Constitution, s’ils tiennent leurs engagements et si, surtout, ils respectent désormais le citoyen-électeur en lui rendant régulièrement des comptes, en 2016 on pourra espérer une amélioration encore plus substantielle de la participation aux élections.
Le 28-11-2011
21:04 Écrit par OUTALHA dans MAROC | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
|
Imprimer | |