22/09/2012
Le fléau de la déperdition scolaire
5,17% des élèves inscrits au primaire réussissent au Bac et peu d’entre eux décrochent un diplôme universitaire : Le fléau de la déperdition scolaire ne cesse de prendre de l’ampleur
Sans aller jusqu’à nous gausser de cette fameuse boutade de Lyautey selon laquelle gouverner au Maroc, c’est pleuvoir, force est de constater que gouvernance et prévision doivent aller de pair. Le Maroc en a certes pris conscience dès l’aube de l’indépendance en se dotant de plans de développement triennaux et quinquennaux. La planification rigide étant passée de mode, il y a eu une période de flottement avant que notre pays ne se rende compte que pour avancer dans la même direction, il faut le faire à pas cadencés, voire ordonnés. D’où l’établissement de stratégies et de visions : Vision 2020 pour le tourisme, Maroc Numeric pour les NTIC, Maroc Vert pour l’agriculture, Plan Rawaj pour le commerce, Halieutis pour la pêche, Plan d’urgence pour l’enseignement, etc.
Concernant ce dernier secteur à caractère budgétivore, tous les plans tirés sur la comète semblent avoir l’effet d’un cautère sur jambe de bois puisqu’il leur manquait l’essentiel ; à savoir une volonté trempée dans l’airain et, surtout, beaucoup de courage politique.
La surcharge des classes et le fort taux de déperdition scolaire, entre autres, en attestent. Pourtant, les statistiques semblent exister et, normalement, elles auraient dû permettre de suivre l’évolution par classe d’âge et anticiper sur la population scolaire dans ses différents paliers.
Il n’en est peut-être rien. Sinon, les chiffres dont les deux ministères en charge du secteur de l’enseignement se gaussent à chaque rentrée scolaire et universitaire auraient été autres. En effet, c’est seulement 5,17% des élèves inscrits au primaire qui réussissent au Bac et fort peu d’entre eux ont une chance de décrocher un diplôme universitaire. Les autres, tous les autres, abandonnent les bancs des écoles bien avant.
C’est une image qui fait partie de la vie courante : celle de ces milliers de jeunes ayant abandonné l’école, tuant le temps au coin des rues ou vivant de petits boulots.
Les taux impressionnants de réussite obtenus ces dernières années, (2012: 48,96%, 2011 : 47,4%, 2010 :49,06) qui dépassent ceux d’il y a quelques années, ne devraient pas faire effacer de nos mémoires que des milliers de jeunes ne parviennent pas au bout de leur cursus scolaire.
En se référant aux chiffres officiels rendus publics à l’occasion de la rentrée 2012/2013, seulement 5,17% des élèves inscrits à la première année du primaire décrochent le Bac, alors que 60,4% d’entre eux quittent l’école avant la phase collégiale et 75,7% abandonnent les études une fois arrivés au lycée. Ceci sans parler des taux excessifs de redoublement, et ce, quel que soit le niveau concerné.
L’échec scolaire est plus palpable au premier examen auquel sont confrontés les élèves, à savoir celui de la sixième année primaire. En effet, selon les dernières statistiques, 4.073.635 élèves ont fait leur entrée aux classes primaires. Cependant, 1.611.644 (39,56%) ont repris le chemin des collèges. Ce qui veut dire que 2.461.991 élèves ont quitté l’école pour rejoindre, soit les établissements de la formation professionnelle, soit les rangs du travail précaire et sans qualification.
Toutefois 987.313 élèves, soit 61,26%, arrivent à atteindre le niveau du secondaire qualifiant.
Néanmoins, en se basant sur le nombre des élèves inscrits au primaire, on constate que moins du quart d’entre eux (24,24%) accèdent au cycle secondaire qualifiant. Ce qui fait le taux de déperdition le plus élevé dans le monde arabe.
Pour le compte de l’année scolaire 2011/2012, 210.531 élèves ont décroché leur baccalauréat, ce qui signifie que seuls 5,17% des élèves qui ont fait leur entrée au primaire ont pu atteindre la phase universitaire. Le taux de déperdition ainsi enregistré est des plus élevés des pays du Sud et du monde arabe. A titre de comparaison, au Bénin et en Algérie, 12% des élèves du primaire arrivent jusqu’à l’université.
En théorie, le secteur de la formation professionnelle devrait prendre le relais, en formant les exclus de l’école à un métier.
Dans les faits, les jeunes recalés de celle-ci trouvent des difficultés à intégrer les centres de formation, du fait qu’il s’agit d’une orientation par défaut et non d’un choix. On constate, par ailleurs, un déphasage entre les formations proposées et les besoins des entreprises marocaines.
Une partie importante des élèves qui boudent l’école ne retrouvent pas le chemin de la formation professionnelle, du fait de la capacité d’accueil limitée des centres de formation.
Par ailleurs, une récente étude indique que, chaque jour, un enseignant des écoles publiques sur quatre est absent de sa classe. Les conséquences sont lourdes pour notre pays qui compte sur sa jeune génération pour s’affirmer et dont 10 millions des citoyens ne savent ni lire ni écrire et un peu plus d’un million d’enfants âgés de 9 à 14 ans ne sont pas scolarisés.
A cette masse d’analphabètes s’ajoute chaque année une autre formée par les jeunes en âge de scolarité qui quittent annuellement les bancs de l’école. Cette déperdition scolaire entrave tous les efforts entrepris par le Maroc en matière de généralisation de la scolarité, qui a constitué la priorité des priorités de l’ensemble des gouvernements qui se sont succédé depuis l’indépendance.
6,67 millions d’élèves et 510.000 étudiants
La rentrée scolaire est placée, cette année encore, sous le signe de la croissance, avec plus de 6.672.000 élèves au titre de la nouvelle année scolaire (2012-2013) dans les différents établissements d’enseignement public et privé, selon des données du MEN.
Par ailleurs, 510.000 étudiants rejoindront les universités cette année, soit une hausse de 16,5%. Cette hausse est due, selon les responsables du département de tutelle, à l’augmentation du nombre de bacheliers qui est passé de 177.490 en 2011 à 210.531 élèves cette année.
20:03 Écrit par OUTALHA dans MAROC, societe | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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La rentrée politique s’annonce mouvementée entre une majorité qui s’entre-déchire et une opposition qui se cherche
Une rentrée politique houleuse. Voici ce que prédisent les oracles partisans. Les états-majors partisans sont les premiers à le reconnaître : la rentrée politique et sociale sera mouvementée. «Attention, il y a intérêt à bien attacher sa ceinture», prévient ce ténor de l’opposition.
C’est sous un ciel bas et lourd que les politiques s’apprêtent à faire leur rentrée. L’été a résolument été celui des petites phrases assassines et des déclarations à l’emporte-pièce. De l’allégeance au partage des attributions en passant par l’interprétation de la Constitution et les rapports avec les conseillers du Roi, le parti majoritaire a mené une véritable communication … de crise. «En lieu et place de solutions à la crise économique que vit le pays et alors que les Marocains vont vivre des moments très difficiles, le PJD a tout fait pour détourner l’attention de son incapacité à trouver des réponses aux problèmes économiques et sociaux. Comment ? En faisant valoir la multiplicité des centres de pouvoirs, la difficulté dans les relations avec l’entourage Royal, en pointant les poches de résistance. A chaque fois, des poids lourds du parti du chef du gouvernement ont pris à témoin l’opinion publique pour signifier qu’on ne les laissait pas travailler. Oubliés les problèmes économiques graves, on ne parle plus que d’un PJD auto-érigé en victime», analyse ce politologue.
Les petites phrases de figures islamistes ont alimenté la chronique politique et les «une» de journaux assoiffés de sensations fortes. A Tanger, la crise politique a été évitée de justesse. Samedi 1er septembre, la soirée de clôture du 8ème Forum national de la jeunesse du PJD, qui devait avoir lieu sur une place publique de la ville du Détroit, a été interdite. En présence du chef du gouvernement et secrétaire général du parti de la lampe, elle aura finalement lieu, non pas en plein air, mais dans les murs d’une salle. 48 heures plus tard après cette interdiction qui a provoqué la colère des islamistes au pouvoir, le ministère de l’Intérieur sort de son mutisme pour justifier une décision «du ressort des autorités locales», prise au nom du principe d’impartialité et de garantie de l’égalité des chances entre les partis dans la course des élections partielles. Le 4 octobre, la circonscription de Tanger-Asilah va connaître l’organisation d’un scrutin très attendu, après l’invalidation de la liste PJD conduite par Najib Boulif.
Pas question dès lors d’offrir une tribune électorale prématurée et «tout bénéfice» à cette formation politique qui avait dépêché à Tanger, le temps d’un forum, le ban et l’arrière-ban du parti. Les secrétariats provinciaux de quatre partis de l’opposition –l’USFP, le PAM, le RNI et l’UC- ne s’y sont pas trompés et se sont empressés de rendre public, lundi 4 septembre, un communiqué conjoint pour «dénoncer la campagne électorale prématurée menée par les ministres du PJD à Tanger». «Sous prétexte d’une université d’été, le parti d’Abdelilah Benkirane ne s’est pas gêné pour faire campagne avant l’heure, usant de populisme et d’électoralisme et ce, en prenant pour cibles institutions et d’étranges poches de résistance», martèle cette figure tangéroise du Rassemblement national des indépendants avant d’annoncer que «la campagne électorale des législatives partielles du 4 octobre risque d’être très chaude».Chauds aussi les rapports entre les composantes de la majorité. Le journal porte-parole du Mouvement populaire est sorti de la réserve qui sied à un partenaire gouvernemental.
Laenser en punching-ball
des islamistes au pouvoir
«Nous ne nous tairons plus face aux attaques dont fait l’objet notre secrétaire général», a menacé dernièrement un éditorial d’Al Haraka. Mohand Laenser, le ministre de l’Intérieur et patron des Harakis, est en effet devenu le punching-ball des députés et ministres du PJD. Sur le mode de «ce n’est pas nous, c’est lui», les islamistes au pouvoir ont fait du locataire du ministère de l’Intérieur une sorte de force contre le changement. Dans leur édition du mardi 4 septembre, nos confrères d’Al Ahdath Almaghribya ont annoncé une réunion «urgente» qu’aurait tenue le chef du gouvernement avec le ministre de l’Intérieur pour «dissiper les nuages obscurcissant le ciel des relations entre le PJD et le ministre de l’Intérieur», notamment après l’interdiction de Tanger. Cela suffira-t-il à sauver une majorité minée par ses dissensions et ses divergences profondes, après seulement 8 mois d’exercice de pouvoir ? Les plus optimistes se contentent de soupirer, en croisant les doigts.
Une rentrée politique qui se fera aussi sous le signe de l’élection du prochain leader de l’Istiqlal, l’une des principales forces de la majorité gouvernementale. Le 22 septembre courant, les membres du Conseil national du plus vieux parti marocain doivent élire le successeur d’Abbas El Fassi. En attendant, une guerre fratricide oppose Abdelouahad El Fassi, le fils du père fondateur et Hamid Chabat le syndicaliste trublion. «Quelles en seront les conséquences sur le parti ? Réussira-t-il à rester une force solide de la majorité, capable de tenir la dragée haute au PJD ? Personne n’en sait rien. L’Istiqlal a tout intérêt à se préserver et les Istiqlaliens à sauver les meubles. Le pays a besoin de partis forts pour ancrer la démocratie car rien n’est jamais irréversible», soupire cet Istiqlalien, agacé de voir sa famille politique se donner en spectacle.
Sous la Coupole, l’activité parlementaire ne s’est pas interrompue. Le ministre de la Jeunesse et des Sports est attendu de pied ferme dans les prochains jours. Il s’expliquera, en commission, sur les mauvaises performances des athlètes marocains aux Jeux olympiques de Londres. Et dans l’attente de la nouvelle année législative et de la rentrée parlementaire- elle aura lieu le deuxième vendredi d’octobre, quelques jours après les législatives partielles de Tanger-Asilah- les députés de l’opposition sont sur les starting-blocks et beaucoup n’excluent pas une meilleure coordination de leurs groupes parlementaires. Les travées de l’Hémicycle promettent une poussée de fièvre.
19:49 Écrit par OUTALHA dans MAROC, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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