Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

22/12/2011

LE PRINTEMPS ARABE, UNE HISTOIRE INEDITE.

Il n’aura échappé à personne que l’histoire arabe moderne s’est faite sous l’égide de quelques idéologies antagonistes, domaines d’intérêt différents, acteurs variés, mais une même similitude: tous ces programmes se formulèrent comme répétitions de processus passés, et comme reprises d’étapes historiques avortées.

La modernité comme retour à l’histoire.

Au XIXe siècle, le terme Nahda fut choisi comme équivalent de la « renaissance » européenne. Ces prometteurs syro-libanais voulurent une histoire arabe qui calque l’histoire européenne, gage de réussite. Il y eut une antiquité brillante – gréco-romaine en Europe, omeyyade et abbasside en Orient – puis des invasions barbares et un long moyen-âge – germanique en Europe, turc en Orient – et enfin la renaissance humaniste qui fêtait les retrouvailles avec l’âge d’or.

 Parallèlement, on parla d’Islah (rectification ou de réforme religieuse). Le parallélisme avec la réforme protestante, autre mouvement de la modernité européenne, est moins évident, et jamais explicitement invoqué. Mais le même motif de reprise de l’ouvrage historique inachevé le compose : un âge d’or (les califes bien guidés), une décadence (l’oubli de la religion vraie, corrompue par des innovations) et le retour à la pureté originelle. En soulignant les oppositions entre la Nahda laïque et l’Islah religieux, on omettait cette proximité de méthode, qui est essentielle.

Créer de l’avenir en l’habillant du passé, tant il est difficile d’assumer une nouveauté totale. L’imaginaire des révolutionnaires français était tout imprégné d’histoire grecque et latine. Plus tard, les Bolcheviks crurent répéter la révolution française, comme les Chinois crurent répéter celle russe. L’étonnant dans les révolutions arabes est qu’elles se fassent sans recours excessif à l’histoire, dans une région pourtant ô combien saturée, écrasée de référentiel historique.

Assumer la nouveauté politique

Le Printemps arabe ne répète aucun événement ou période connus, et il est difficile de trouver dans les différents régimes arabes classiques quelque chose qui rappelle les démocraties en construction à Tunis, au Caire ou ailleurs. Le fait est inédit et doit être souligné ; il bouleverse deux siècles de modernité politique, dont la théorie comme la pratique se faisaient sous le signe du « retour à… ». La polémique provoquée par l’évocation d’un nouveau califat, il y a quelques semaines, dit assez que de telles références, si elles pouvaient avoir leur impact limité dans des discours hystériques – celui de Ben Laden, par excellence – ne cadrent plus avec la confrontation à la réalité qu’entament aujourd’hui les peuples arabes. Cette absence d’histoire tient à l’usage qui en a été fait par les régimes dictatoriaux. Il tient aussi, plus positivement, d’une prise de conscience : la démocratisation arabe est un rattrapage, une « normalisation » attendue depuis longtemps, qui réconcilie cette région avec le reste du monde, plus qu’avec sa propre histoire.

Notons enfin que l’histoire noue des liens troubles avec les mentalités autoritaires : le culte des grands hommes, la commémoration du fracas des batailles, l’invocation incessante des grandeurs passées, tenaient une place centrale dans la formation des peuples voués à la dictature.

Si 2011 voit la fin de la pathologie et du soin apporté par l’Islah, de la parturition (la renaissance dans la Nahda, la résurrection dans le Baas), peut-être l’horizon intellectuel s’en trouvera-t-il libéré pour explorer d’autres voies. Cette déconstruction des mythes arabes est peut-être arrivée à maturité avec le printemps que nous vivons, et qui nous fait assumer la nouveauté de l’événement, sans la stèle historique, sans l’ombre du passé mort.

Le : 19 décembre 2011

20:38 Écrit par OUTALHA dans societe | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |

LA CHARTE GOUVERNEMENTALE

La charte stipule que la nouvelle majorité œuvrera à la réalisation de l’intérêt général et à la sauvegarde de l’unité territoriale du pays.

Abdelilah Benkirane a dévoilé, vendredi soir, à l’issue d’une réunion avec ses alliés du PI, du MP et du PPS la charte qui servira de cadre de travail à sa majorité. Ce document qui affirme des principes généraux tels que la primauté de l’intérêt général engage également les signataires à poursuivre les réformes pour mieux asseoir la démocratie et l’Etat de droit, à élargir le champ des libertés, à moraliser la vie politique et à valoriser le travail du Parlement. Les quatre ont, en outre, dit leur intention de se mettre à l’écoute des citoyens et à associer l’opposition à la vie politique. Le chef de gouvernement désigné, qui a affirmé l’intention du groupe de travailler sans discontinuer tant que son programme de gouvernement n’a pas été élaboré, a annoncé qu’un comité de 8 membres veillera à l’application de la nouvelle charte. Les nouveaux alliés sont également convenus de la création de comités communs dont le but est de coordonner leur action au Parlement. Abdelilah Benkirane n’a pas été vendredi soir, au sortir d’une nouvelle réunion de son alliance gouvernementale, plus explicite sur l’entrevue que lui a accordée SM le Roi qu’il ne l’a été le jour où elle a eu lieu. «Il appartient à SM Mohammed VI de dire ce qu’il en est si tel est son bon vouloir», a-t-il laconiquement répondu à la presse qui avait mis une certaine insistance à savoir ce qui a été décidé lors de cette rencontre. Cependant, le rythme accru auquel le chef de gouvernement désigné mène ses consultations a fait dire à certains qu’entre autres orientations Benkirane pourrait avoir reçu celle d’aller plus vite en besogne. Cette interprétation semble corroborée par les faits puisque le groupe de travail de ce que la presse appelle dorénavant le G4 a travaillé en «flux tendu» - d’arrache-pied et sans discontinuer ces samedi et dimanche. Car, selon Benkirane, la tâche est ardue et grande consommatrice de temps. Visiblement agacé par les questions des médiateurs qui tournaient autour du même sujet de la composition du gouvernement, Benkirane a revêtu sa casquette d’enseignant pour expliquer que le sujet de la charte épuisé, il restait celui de la structure du gouvernement, celui de sa composition et celui de son programme. Et, a-t-il pris le soin d’ajouter : «Il ne faut pas prendre les uns pour les autres. Ce sont des choses totalement différentes auxquelles, du reste, nous nous attacherons à trouver  solution dès cette fin de semaine». Cette volonté de boucler rapidement la boucle des concertations a ancré plusieurs commentateurs dans le sentiment que le nouveau gouvernement pourrait voir le jour avant la fin de l’année. En laissant transparaître à plusieurs reprises son optimisme concernant le déroulé des discussions et leurs perspectives, Benkirane a conforté ces pronostics. Mais plus que ce sentiment, c’est le fait que les secrétaires généraux des quatre partis de la «coalition gouvernementale» aient signé la charte définissant le cadre de leurs obligations  réciproques qui incite à croire que la mise sur pied de la nouvelle équipe va bon train. Au siège du Parti de la justice et du développement (PJD), on précise que le document signé dans la soirée du vendredi constitue une référence en même temps qu’un contrat qui régit le travail de la coalition gouvernementale formée par les quatre et qui définit ses engagements envers les citoyens. Comme les signataires, les principes structurants de cette charte sont au nombre de quatre. Elles insistent, ces grandes orientations, sur la méthode participative au sein du gouvernement, sur l’efficacité dans la réalisation des objectifs, sur la quête de transparence et sur la responsabilité solidaire. Le document affirme également la volonté de la majorité de respecter les fondamentaux de la Nation et d’appliquer les dispositions constitutionnelles en élargissant le champ des réformes et en continuant l’édification de l’Etat démocratique. Au total, en allant plus en avant dans l’approfondissement des chantiers de la modernisation démocratique que le document qualifie d’Etat de droit et de citoyenneté, de liberté, de justice, de solidarité et d’entraide entre toutes les composantes de la société en vue de plus de progrès et de développement. La charte stipule par ailleurs que la nouvelle majorité œuvrera à la réalisation de l’intérêt général et à la sauvegarde de l’unité territoriale du pays. Les quatre promettent de valoriser le travail parlementaire, d’œuvrer à la bonne gouvernance et de travailler à la moralisation de la vie politique. Ils affirment leur volonté d’associer l’opposition à l’exercice de la démocratie par la concertation et le dialogue. Les nouveaux alliés sont également convenus de la nécessité de créer des outils de coordination de leurs actions au Parlement. Ils ont ainsi prévu un comité des secrétaires généraux à présidence annuelle tournante à la Chambre des députés et un autre formé des chefs de groupes à la Chambre des conseillers.

20:36 Écrit par OUTALHA dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |