25/11/2012
La France évite de justesse la récession, mais l'économie est au point mort
La France échappe pour l'instant de justesse à la récession mais, avec une croissance nulle au printemps pour le troisième trimestre consécutif, l'économie est au point mort et le gouvernement a reconnu mardi qu'il devra travailler "durement" pour atteindre ses objectifs.
Le produit intérieur brut (PIB) a stagné au deuxième trimestre 2012, selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).Si elle est conforme aux dernières prévisions de l'Insee, cette "croissance zéro" est légèrement meilleure que la contraction de 0,1% attendue par la Banque de France et de nombreux économistes."C'est une croissance nulle donc une croissance trop faible", a commenté sur Europe 1 Pierre Moscovici."En même temps, ce que je constate, c'est qu'en effet la France n'est pas en récession" contrairement à "la plupart de ses partenaires", a poursuivi le ministre de l'Economie et des Finances, citant l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni. L'économie française fait mieux que la moyenne européenne : la zone euro a, elle, fait un pas vers la récession au deuxième trimestre, avec un PIB en recul de 0,2%. Mais la France reste à la traîne par rapport à son principal partenaire, l'Allemagne, qui enregistre une progression de 0,3%. "C'est l'encéphalogramme plat, on est dans le ventre mou du championnat européen", relève le chef économiste de la banque Exane BNP Paribas, Pierre-Olivier Beffy. "L'économie française n'est pas aussi robuste que l'économie allemande, mais ça reste une performance honorable dans un environnement qui n'est pas très positif", explique-t-il à l'AFP.
Le couperet n'est toutefois pas passé très loin : l'évolution exacte du PIB français par rapport au premier trimestre est en fait de -0,045%, un chiffre arrondi à zéro conformément aux règles statistiques. Et plusieurs économistes pensent que l'entrée en récession est seulement repoussée à plus tard. "Nous ne sommes pas à l'abri de ça", a reconnu Pierre Moscovici. Le ministre a maintenu la prévision gouvernementale d'une croissance de 0,3% cette année. Pour 2013, sans revenir sur ses objectifs, il a admis que la tâche serait ardue. "Soyons clairs, il y a une prévision aujourd'hui qui est de 1,2%, elle n'est pas de 0%, ce qui suppose que nous travaillions durement au retour de la croissance", a prévenu Pierre Moscovici. Le gouvernement a tout intérêt à y parvenir. Un ancrage dans la stagnation le contraindrait sinon à durcir encore davantage sa cure de rigueur pour ramener le déficit public à 3% du PIB l'an prochain. Le patron de Bercy veut voir dans le léger rebond de l'investissement (+0,6% au deuxième trimestre après -0,8% au premier) et dans la reconstitution des stocks des entreprises des signes "raisonnablement positifs" pour l'avenir.
Mais de nombreux indicateurs sont au rouge. Les dépenses de consommation des ménages ont reculé au printemps (-0,2% après +0,2%), la production de biens et services a stagné et le commerce extérieur continue de plomber l'activité, avec des importations en nette accélération (+1,8% après +0,6%) et des exportations encore peu dynamiques (+0,2% après +0,1%).
Résultat de cette atonie, 11.700 emplois marchands ont été détruits au deuxième trimestre en France, selon l'Insee. Autant de détails qui "confirment un sombre tableau de l'activité française", estime Tullia Bucco, économiste de la banque Unicredit, qui table sur une contraction du PIB au troisième trimestre, "avant une reprise progressive vers la fin de l'année". "Le problème ce sera, au second semestre, le pouvoir d'achat des ménages", rogné par le chômage et les hausses d'impôt, prévient Pierre-Olivier Beffy. Selon lui, les Français risquent de devoir bientôt renoncer à certaines dépenses, ce qui affaiblira encore plus la croissance.
20:49 Écrit par OUTALHA dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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