Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

06/02/2013

De l’analphabétisme à l’illettrisme

Notions
L’analphabétisme  concerne les personnes n’ayant jamais fréquenté l’école, et qui ne comprennent pas le langage écrit ni le calcul.
L’illettrisme concerne les personnes scolarisées pendant 5 ou 6 ans, n’ayant rien retenu et qui ont perdu la maîtrise de la lecture et de l’écriture ainsi que du calcul.

Situation actuelle
Au Maroc, l’analphabétisme a subi un net recul, tandis que l’illettrisme augmente dans des proportions alarmantes, 50% des élèves quittent l’école après 5 ou 6 ans, sans acquis. Actuellement tout le monde est conscient de la dégradation du système éducatif. A l’époque où l’école publique doit susciter le plaisir d’apprendre en provocant l’épanouissement des enfants et d’éveil, elle ne produit que des indifférents et des paresseux, qui ne manqueront pas de gonfler les rangs des improductifs irresponsables, qui n’auront que des droits mais aucun devoir envers la société. Faute de nouveaux moyens d’enseignement, le corps enseignant est forcé d’utiliser des méthodes traditionnelles d’un autre temps. Le problème le plus grave est l’abandon scolaire qui inquiète sans répit l’avenir de la société, en exploitant les jeunes sans connaissance, et en provoquant des révoltes face à leur impuissance.
Il est temps de tirer le signal d’alarme, pour sauver ce qui peut encore être l’école et la pépinière de nos futurs citoyens responsables de demain. Les enfants sont illettrés dans les deux langues. Des enquêtes menées à l’Université de Casablanca, montrent que sur 11000 étudiants interrogés, 40% sont illettrés en français et aussi en arabe. Ils n’arrivent pas à comprendre les cours ni à prendre des notes.
Ces chiffres deviennent dangereux pour la société, tant est incertaine l’aisance sociale de ces personnes, face à l’ampleur de leur désillusion.  Selon les chiffres d’Abdellatif Kissami de l’Unesco publiés par Le Monde du 19 janvier 2009, 60% des filles ne sont pas scolarisées dont 80% en zone rurale, qui vont venir gonfler le lot des analphabètes, alors que cette situation a tendance à régresser d’après les autorités. L’école est un lieu d’ascension sociale et de valorisation personnelle, en formant des citoyens autonomes, capables de faire face aux problèmes économiques de la vie courante. Mais l’école marocaine n’en est pas encore là. Le parcours scolaire des enfants est souvent déterminé par les parents selon la spirale de leurs désirs personnels inassouvis, produisant une  surestimation de leur progéniture, cause de nombreux problèmes.
L’objectif qualitatif de l’enseignement est relégué au second plan.
Comment identifier la qualité de l’école sans prise en compte de ce paramètre ?
Seule la capacité intellectuelle de l’enfant lui permet d’échapper à l’échec et à l’abandon scolaire. Il faut considérer que l’échec des réformes qui tentent d’améliorer le système scolaire est dû à l’importance donnée à la qualité de l’enseignement sans s’occuper des performances de l’élève. Ainsi comme un supermarché, plus il y a de matières à enseigner, meilleure est l’école, alors que l’enfant a seulement le temps d’en assimiler une partie qui, du reste, ne lui sera d’aucune utilité.

Les causes :
Le manque de développement et la pauvreté du système éducatif, sont les principaux facteurs d’illettrisme de la population dans ce pays. Deux réseaux scolaires et deux méthodes : le réseau public, archaïque et vétuste, dont les enseignants ébranlés par des grèves répétitives, devient  inopérant.
Le réseau privé est d’abord une entreprise commerciale avant d’être un lieu d’éducation. Il fonctionne comme les « auberges espagnoles». On y trouve ce  qu’on y apporte ! C’est un supermarché des illusions pour beaucoup. Dans la région d’Agadir, je connais de nombreuses écoles primaires qui, sous l’influence des parents, enseignent les quatre langues depuis la deuxième année (à 7 ans), alors que l’enfant n’en maîtrise aucune et a donc toutes les chances d’en rester là, puisqu’elles constituent un obstacle à l’épanouissement de l’enfant. La méconnaissance de la psychologie des enfants et souvent l’ignorance de la pédagogie, conduisent au désastre actuel.
Le manque d’adaptation des méthodes pédagogiques aux capacités des élèves. La progression de l’enseignement se fait à l’aveuglette, c’est-à-dire que les enseignants, respectueux du programme imposé par le département de tutelle, ne constatent pas la détresse des enfants, répétant et mémorisant des données incompréhensibles. Les leçons sont dispensées sans vérifier si les précédentes sont bien acquises. L’avancement trop rapide laisse sur place les élèves moins favorisés ou en retard par le changement de réseau d’école entre le public et le privé, puisqu’il y a décalage et  que les parents ne veulent pas en tenir compte.
Chaque jour, je suis confronté à ces dilemmes, dans les écoles privées. Il faut constater que les équipes enseignantes sous-qualifiées ne maîtrisent pas toujours la pédagogie.
 Selon Alain Bentolila, lors de sa conférence du 19 juin 2010, déclare, à propos du Maroc, que «le système éducatif nouveau est une machine à fabriquer de l’illettrisme et de l’analphabétisme». La scolarisation tardive des enfants et le fait d’affronter une langue différente de celle habituellement parlée, entendre des mots sans signification ne correspondant à rien dans leur mémoire, tel est l’handicap de l’apprentissage de la lecture. Les maîtres qui enseignent le français ne le parlent que très peu et mal, souvent les cours se font en arabe. Les manuels sont désuets, trop compliqués, incompréhensibles  aux élèves et parfois aux maîtres ! Comment un élève marocain peut-il franchir la barrière de trois langues simultanées dont le français est la clé de sa réussite sociale ? Pour beaucoup, cette mission est impossible.  

Des solutions :
C’est pendant la période préscolaire qu’il faut familiariser les enfants avec la langue qui deviendra celle de la lecture et de l’écriture. Pourquoi les tableaux interactifs numériques, si ce n’est que pour épater les médias? Quel rôle positif dans la lutte conter l’illettrisme…. quelques mois seulement? Par la volonté des pouvoirs publics, au bénéfice du pays, redéfinir un plan d’éducation et un véritable choix linguistique avec une pédagogie uniformisée, entre les écoles publique et privée, une nouvelle mentalité  des maîtres peuvent constituer un véritable espoir pour ces populations. L’on doit concevoir des méthodes d’apprentissage de la lecture et de l’écriture accessibles aux enfants. La désespérance de ces enfants les conduit vers la délinquance où la valorisation est plus facile qu’à l’école.  

18:33 Écrit par OUTALHA dans Sports | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |

22/09/2012

Handisport ou la capacité à faire face

Quand on voit ces multi-amputés courir avec leurs prothèses, ces malvoyants taper le ballon ou réaliser comme notre championne Najat El Garaa, de magnifiques lancers de disque, on ne peut qu'être submergé par l’admiration. Et de se demander comment ils font, comment ils ont fait pour passer outre leur handicap et ne pas laisser celui-ci être leur geôlier.

Dimanche dernier, le rideau est tombé à Londres sur les plus grands jeux paralympiques jamais organisés. Présent pour la huitième fois, le Maroc n’a pas démérité, même s’il a fait moins bien qu’à Pékin en 2008. Avec un classement à la 37e place sur 164 et six médailles à son palmarès, sa délégation est revenue la tête haute. Ses performances ont aidé à effacer l’amertume laissée par l’épisode peu glorieux de la participation nationale aux Jeux olympiques, tenus un mois plus tôt dans cette même capitale britannique. Que l’on se souvienne : outre qu’ils ne se sont pas bousculés sur les podiums (une médaille de bronze), trois des athlètes représentant le Maroc à Londres s’étaient faits épingler pour dopage, renvoyant ainsi une image déplorable du sport marocain. A cette obsession de la victoire à n’importe quel prix, les sportifs marocains souffrant d’un handicap ont, pour leur part, opposé une volonté toute aussi farouche de gagner mais dans le respect des valeurs qui fondent la compétition sportive. Surtout, à l’instar des autres participants à ces jeux paralympiques, ils ont administré de formidables leçons de courage à tous ceux qui ont eu le loisir de suivre leurs exploits sur place ou à travers le petit écran. Et ils étaient nombreux. Près de quatre milliards espérés par les organisateurs !

En effet, en ces temps de crise marqués par l’angoisse du lendemain, quel meilleur antidote à la déprime que la vue de ces hommes et de ces femmes atteints durement dans leur intégrité physique ou mentale mais qui, malgré ou à cause de cela, réalisent des exploits admirables. Les performances présentées laissent confondu par la pugnacité et, quitte à se répéter car il n’est pas d’autre mot, le courage de ces êtres d’exception. Combien de tonnes en faut-il, en effet, quand on se retrouve privé de sa motricité ou de l’un ou de l’autre de ses sens, pour se relever et entreprendre de se battre au-delà des limites du pensable ? Quand on voit ces multi-amputés courir avec leurs prothèses, ces malvoyants taper le ballon ou réaliser comme notre championne Najaat El Garaa, de magnifiques lancers de disque, on ne peut qu’être submergé par l’admiration. Et de se demander comment ils font, comment ils ont fait pour passer outre leur handicap et ne pas laisser celui-ci être leur geôlier. Ces jeunes filles au visage enfantin qui, avec leurs prothèses métalliques, filent avec la grâce d’une gazelle, par quel miracle se sont-elles muées en héroïnes, acclamées par des dizaines de milliers de spectateurs, elles que le désespoir le plus noir aurait pu engloutir et condamner à jamais à rester en marge de la vie ? D’où cette question, première et fondamentale : pourquoi certains, quelle que soit l’épreuve, trouvent toujours en eux la force de se battre quand d’autres succombent devant des peccadilles ? En vérité, plus que l’intelligence ou la richesse, la plus grande des inégalités se situe à ce niveau.

Au niveau de ce ressort intérieur qui vous fait vous relever quoi qu’il vous arrive. «Si tu tombes à terre, il faut d’abord que tu trouves en toi la force de te redresser. Une fois debout, on peut te donner des béquilles pour avancer. Mais pas avant. Avant, c’est à toi seul qu’incombe l’effort», aimait à nous répéter mon père. C’est si vrai ! Certes, l’accompagnement a son importance. Sans leurs prothèses, ces jeunes coureuses amputées n’auraient jamais pu sprinter. Mais sans leur force intérieure, elles ne se seraient jamais retrouvées sur une piste de course.  Ce qui est valable au niveau individuel l’est également sur le plan collectif. Certaines nations, quoique dépourvues de richesses naturelles, s’en sortent mieux que d’autres, pourtant mieux nanties. Quand on cherche le secret de leur réussite, on constate qu’il réside en premier lieu dans la culture qui imprègne leur peuple et les fondamentaux sur lesquels repose son éducation. Quand on vous inculque dès votre plus jeune âge que ce que sera votre destin est d’abord tributaire de vous, que c’est à vous de faire de votre vie ce que vous voulez qu’elle soit, vous êtes mieux armé pour vous en sortir que lorsque vous vous vivez comme un fétu livré à la force des vents. Pour ce qui nous concerne, qu’est-ce qui prédomine autour de nous ? Une propension gravissime à la déresponsabilisation et au fatalisme. La faute est toujours à l’autre et au destin. C’est Dieu qui donne et reprend. Et ainsi de suite … Comment dès lors faire face à un monde où tout va de plus en plus vite, où il faut, plus que jamais, savoir rebondir et se réinventer ? La magnifique leçon de vie offerte  par les acteurs de ces jeux paralympiques qui ont troqué leur peau de victime contre celle de dieu du stade est à méditer.

20:09 Écrit par OUTALHA dans societe, Sports | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |