Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

20/01/2012

L'Europe sous le choc

euro.jpgLa zone euro dont la France vit une nouvelle semaine de tourmente après la dégradation de neuf membres de l’Union, une nouvelle donne avec laquelle il faut  composer et qui vient s'ajouter au spectre récurrent d'une faillite de la Grèce. 

 La perte par la France de son "triple A", la meilleure note possible qui a été abaissée vendredi d'un cran, à "AA+", par l'agence d'évaluation Standard & Poor's (SP), est un sérieux revers pour le gouvernement français qui a, à coup de plans de rigueur, fait de la conservation de son «triple A» un enjeu primordial.
 Au final, seule l'Allemagne semble tirer son épingle du jeu puisqu'elle reste en triple A. Hormis la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l'Irlande, l'Estonie et la Finlande qui conservent leur note, tous les autres pays de la zone euro sont dégradés et placés en perspective négative, laquelle perspective les place sous le coup d'une nouvelle dégradation dans un avenir proche.
 L'abaissement de la note financière d'un pays se traduit, en principe, par une hausse des taux d'intérêt auxquels il refinance sa dette. Pour la France, la première épreuve déterminante est attendue jeudi. Paris espère lever 7,5 à 9,5 milliards d'euros, sur 178 milliards d'emprunts prévus cette année.
 Pour Standard & Poor's, les efforts visant à mettre en place une règle d'or budgétaire commune à tous les pays de la zone euro n'ont pas séduit l'agence de notation américaine. Sa décision concernant la France était alors motivée par ses craintes quant à l'impact sur le pays de l'aggravation des problèmes politiques, financiers et monétaires au sein de l'Union économique et monétaire européenne.
Quelles conséquences pour la France ?  
L'augmentation des taux auxquels la France emprunte sur le marché,  actuellement de 3,2% pour des emprunts à 10 ans, devrait être la première conséquence. L'agence de notation indique par cette dégradation que la dette française est moins sûre, et qu'elle pourrait donc avoir des difficultés à rembourser. Les marchés, s'ils se méfient, demanderont donc à prêter à des taux plus élevés. Cette tendance risque de se confirmer, quant à l'Allemagne elle a été épargnée vendredi soir par la dégradation et conserve son triple A avec perspective stable et donc l'assurance de continuer à emprunter à des taux très bas.
 Tout ceci n'est encore que pure spéculation. Dégradés l'été dernier, les Etats-Unis empruntent aujourd'hui à des taux inférieurs à ceux d'alors. Mais la situation européenne n'est pas comparable, car contrairement aux économies de l'UE tributaires les unes des autres, les Etats-Unis sont autonomes et indépendants.
 Sur le plan local, une grande partie du budget des collectivités provenant de l'Etat, sera par conséquent plus chère. Il sera donc plus coûteux de rénover des routes ou financer des musées, voire opérer des arbitrages et c'est en définitive le confort du citoyen lambda qui va s'en ressentir.
 Les grands groupes publics devraient se retrouver dans la même situation que les collectivités locales et souffrir d'une hausse de leurs taux de financement ainsi que d'une baisse des commandes publiques puisque l'Etat va encore d'avantage se serrer la ceinture.
 Les banques devraient également voir leur note dégradée, ce qui augmenterait les taux auxquels elles pourraient emprunter. Et donc les taux auxquels elles-mêmes prêtent aux particuliers, aux entreprises et aux autres banques.
Le crédit devrait lui aussi devenir plus coûteux. D'où un risque de récession.  Du côté des entreprises, les petites et moyennes seront celles qui en souffriront le plus, car les grands groupes, qui font une partie de leurs bénéfices hors de France, peuvent trouver d'autres sources de financement au-delà de l'Hexagone. Il y aura un certain attentisme en ce qui concerne l'investissement et les embauches, ce qui va entraîner une baisse de la demande et du pouvoir d'achat en général.
 En somme, les taux d'accès au crédit devraient en principe augmenter et si l'ensemble de l'activité économique se détériore, l'emploi pourrait être également touché.
 Côté positif, l'euro est en baisse. Il a chuté sous les 1,27 dollar après les fuites d'informations, vendredi après-midi. Les exportations seront donc moins chères à l'étranger, ce qui pourrait aider la production européenne à repartir.
 Autre souci de taille pour l'UE: les pays déjà en difficulté dans la zone euro, tels que l'Italie, l'Espagne ou le Portugal également en ligne de mire des agences de notation. Le couperet de S&P est tombé : les trois pays voient leur note souveraine chuter de deux crans avec une perspective négative.
 Ces derniers jours, les tensions sur l'avenir de la zone euro s'étaient calmées. Elles pourraient réapparaître la semaine prochaine pour questionner à nouveau la gouvernance de la zone euro et la survie de la monnaie unique.

 

Paru sur LIBERATION edition papier du Vendredi 20 Janvier 2012

http://www.libe.ma/L-Europe-sous-le-choc_a24493.html

Par Lhassan OUTALHA

13:46 Écrit par OUTALHA dans FINANCE | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |

17/01/2012

STANDARD & POOR’S MAINTIENT LA NOTE DU MAROC

-L’agence jugera sur les mesures du prochain gouvernement
-Sa dernière évaluation sur le Maroc était assez critique
-Le PJD promet 7% de croissance et un déficit contenu à 3% du PIB

S&P ne touche pas à la note du Maroc. L’agence indique qu’elle jugera sur la capacité du prochain gouvernement à soutenir la stabilité économique et la consolidation budgétaire.       
Standard & Poor’s maintient sa confiance au Maroc en confirme la note BBB- du pays assortie d’une perspective stable.
Le Royaume avait accédé à la catégorie «Investment grade» en mars 2010. S&P ne juge pas, pour l’instant, nécessaire de toucher à la note du pays après les élections législatives. Pour elle, le nouveau gouvernement sera jugé sur sa capacité à soutenir la stabilité économique et la consolidation budgétaire et non sur la qualité de ses membres. En clair, la note du Maroc pourrait se dégrader ou évoluer positivement indépendamment de la présence des islamistes au pouvoir.
Dans sa dernière évaluation sur le Maroc, l’agence a jugé «les risques encourus par l’économie nationale très élevés en raison de sa forte dépendance de facteurs exogènes».
Les secteurs de l’agriculture ou du tourisme sont pointés du doigt en raison de leur exposition aux conditions climatiques et à la conjoncture internationale. Cela a valu le maintien du Royaume dans le groupe 8 sur une échelle de 10 en compagnie de l’Argentine, l’Egypte, l’Azerbaïdjan ou encore la Bolivie. Après sa nomination à la Primature, Abdelillah Benkirane tentera de concrétiser ses promesses de campagne. Le programme économique du PJD table notamment sur la réalisation d’un taux de croissance de 7% et une maîtrise du déficit budgétaire à hauteur de 3% du PIB. C’est dire que la tâche n’est pas aisée. En l’absence de mesures concrètes l’on devrait toucher le fond, avertissent les économistes.
Le projet économique du PJD prévoit également une réduction de moitié de la pauvreté. Sur ce point, le parti islamiste a sa petite idée. Il s’agira de taxer davantage les riches et d’un autre côté relever de 40% le revenu des classes moyennes d’ici 2016.
L’équipe de Benkirane devra en outre s’attaquer à la réforme de la compensation. Les économistes du parti avaient jusque-là reproché à l’ancien gouvernement son manque de courage sur ce dossier et les niches fiscales également.
En tout cas, les mesures du prochain gouvernement seront scrutées à la loupe par S&P.

18:27 Écrit par OUTALHA dans Economie, FINANCE, MAROC | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |