25/11/2012
GAZA, le silence qui tue…
Il y a quelques jours s’exprimait la crainte de voir les faucons israéliens profiter très rapidement de la réélection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis et du vide administratif qui s’en suit en attendant la nomination de nouveaux secrétaires d’État et à la Défense. Cette appréhension, malheureusement, était fondée car au lendemain, quasiment, du 6 novembre, les premiers signes d’une agressivité accrue de l’armée israélienne annonçaient les opérations meurtrières contre Gaza et sa population, qui ont déjà coûté la vie à plus de 100 Palestiniens, civils innocents dans leur écrasante majorité.
Et si l’UE, tout comme la Ligue arabe, a condamné l’agression de l’armée israélienne, qui pilonne aveuglément un ghetto qui enferme plus de deux millions de personnes avec une densité d’habitants parmi les plus élevées au monde, les Etats-Unis préfèrent, quant à eux, suivre aveuglément la position d’Israël qui accuse le Hamas d’avoir provoqué la crise en lançant des roquettes sur le territoire israélien.
La question, en vérité, n’est pas à chercher à en déterminer l’origine ou la responsabilité car, en tout état de cause, elle se trouve dans la situation objectivement faite au Peuple palestinien, privé de ses droits nationaux, coupé en deux entre la Cisjordanie et Gaza, divisé par la fracture politique entre le Hamas et le Fatah, mais surtout, soumis au diktat intransigeant et obtus des dirigeants israéliens majoritairement acquis aux thèses extrémistes d’annexion et de réalisation d’Eretz Israël.
Et si, après avoir prôné et utilisé la voie armée et la violence pour la reconnaissance de ses droits, le peuple palestinien a voulu, au début de la décennie 90, suivre la démarche pacifique et responsable du dialogue, magnifiée par les Accords d’Oslo, force est de constater que ce « processus de paix» est depuis longtemps devenu un simple slogan creux, tant il a été vidé de son sens actif du fait de l’intransigeance israélienne stratégiquement soutenue par les Etats-Unis depuis des décennies.
Aujourd’hui, malgré le soutien et la solidarité des peuples arabes, et de quelques Etats de la région MENA, tel celui du Maroc qui envoie un hôpital militaire à Gaza pour alléger les souffrances des populations civiles, force est de déplorer la solitude profonde du Peuple palestinien, livré à lui-même, privé de leadership résolu et uni, balloté au gré des intérêts stratégiques et égoïstes des uns et des autres. Car, en fait, les agressions qui l’accablent répondent à des agendas qui n’ont rien à voir avec la lutte pour la reconnaissance de ses droits légitimes et inaliénables.
Mais qui voudra admettre cela, dans nos chancelleries, nos rédactions et autres réseaux sociaux où la passion et la fougue l’emportent trop souvent sur la réflexion? Pourtant, d’amères réalités sont à reconnaître.
Quelques vérités
La première veut qu’Israël soit aujourd’hui dirigé par des forces qui, objectivement, ont toujours œuvré à empêcher toute solution durable et pacifique du conflit israélo-palestinien. Netanyahu et Lieberman sont des adversaires farouches de la reconnaissance de la Palestine indépendante, mais aussi de la coexistence pacifique entre deux Etats dans cette perspective. Tout est entrepris par eux dans cet esprit pour casser toute dynamique de paix dès qu’elle apparaît. Ils ont donc pris comme une aubaine le lancement de quelques roquettes par le Hamas contre le territoire israélien, assurés à la fois du soutien aveugle d’Obama, qui a largement profité des voix sionistes pour sa réélection, et de l’adhésion de l’opinion publique israélienne qui est traumatisée par les menaces contre sa sécurité.
Dans un tel contexte, l’agression contre Gaza apparaît seulement comme un moyen rapide d’obtenir le maximum de voix lors des prochaines élections législatives israéliennes.
La seconde vérité, plus difficile à accepter pour celui qui soutient le peuple palestinien, est en rapport avec l’agenda de l’Autorité Palestinienne, qui s’apprête à déposer une demande de statut d’observateur à l‘Assemblée Générale de l’ONU. Cette démarche, puissamment soutenue par une majorité de la communauté internationale des Etats, ne fait ni l‘affaire du Hamas, ni celle d’Israël. Quelques roquettes, lancées au «bon moment» après des mois de trêve et d’accalmie, auraient donc pour objectif pernicieux de casser cette dynamique voulue par Mahmoud Abbas et ses amis.
La troisième vérité, encore plus difficile à admettre, c’est que le Hamas, qui dirige Gaza, est très souvent perçu comme un instrument entre les mains d’une puissance extrarégionale, laquelle lui a fourni, tout au long des derniers mois, des roquettes plus sophistiquées et plus puissantes que celles utilisées précédemment. Le résultat est que ces missiles ont une portée supérieure et menacent directement des villes comme Tel Avive, Jérusalem, ce qui excite encore plus l’agressivité et la volonté destructrice de Tsahal.
Enfin, dernière vérité, l’agression contre Gaza permet, pendant quelques semaines, “d’alléger” la pression faite sur Bachar Al Assad, lequel, de plus en plus isolé diplomatiquement, honni par tous, pourra tenter de s’agripper au pouvoir en Syrie, en poursuivant sa politique d’extermination de son propre peuple.
Or Bachar Al Assad est l’allié unique de cette puissance, l’Iran pour être clair, qui au Liban comme à Gaza, dispose d’organisations «amies», Hamas et Hizbollah…
Dans ces quatre vérités réside le fondement du drame immense vécu par le peuple palestinien, pris en otage par les calculs des uns et des autres, enfermé dans le ghetto de Gaza, meurtri dans sa chair, sans espoir, ni répit.
Notre solidarité envers lui doit s’exprimer de façon exemplaire et c’est la fierté des Marocains de savoir que SM le Roi a ordonné l’envoi d’un hôpital de campagne à Gaza.
Mais notre douleur et nos regrets sont immenses du fait de cette situation que vivent les civils à Gaza, victimes innocentes des intérêts, des calculs et des objectifs de forces, secteurs, Etats, qui n’ont en réalité cure de la paix, de la stabilité et de la sécurité pour tous dans la région et encore moins du droit du Peuple palestinien à un Etat souverain et indépendant.
Les innocents doivent mourir en silence !
20:51 Écrit par OUTALHA dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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COMMERCE EQUITABLE Une douzaine d'opérateurs certifiés "bio équitable" au Maroc
La loi relative au commerce équitable tarde à voir le jour, le secteur souffre d'un manque de contrôle. La majorité des certifications concernent l'huile d'argan dans les régions de Taroudant, d'Agadir ou encore de Sidi Ifni.
Cela fait plus d’un an, depuis le 4 novembre 2011 pour être précis, que l’avant-projet de loi relatif au commerce équitable a été mis en ligne sur le site web du Secrétariat général du gouvernement (SGG) pour commentaires. Elaboré par le ministère délégué auprès du chef du gouvernement chargé des affaires générales et de la gouvernance, chapeauté par Najib Boulif, ce texte aura donc connu comme tout avant-projet une période de 30 jours pendant laquelle tout un chacun pouvait le commenter. Ce laps de temps est bien entendu depuis longtemps arrivé à terme. Aujourd’hui, l’on ne sait toujours pas si le Secrétaire général du gouvernement, Driss Dahak, a pris en compte les commentaires et les réponses du ministère des affaires générales pour élaborer la version finale de l’avant-projet de loi à présenter au conseil de gouvernement. D’après le cabinet du ministre Najib Boulif, le texte serait encore en circulation pour recueillir les avis des différents interlocuteurs. Rappelons que cet avant-projet de loi intègre notamment la définition du commerce équitable et de ses enjeux, et doit veiller à la création d’une Plateforme nationale du commerce équitable (PNCE) et d’un Label national du commerce équitable (LNCE).
Une certification «bio équitable» coûte entre 10 000 et 25 000 DH
En attendant, le secteur, si petit soit-il, du commerce équitable progresse donc en aveugle, sans texte de loi et donc sans contrôle. «Tant qu’il n’y a pas de loi, il n’y a pas de fraudes et donc chacun peut écrire ce qu’il veut sur l’étiquette des produits», nous explique ainsi Mounya El Aouni, DG d’Ecocert Maroc. Pas étonnant donc que des initiatives individuelles fassent paraître un logo «bio» ou «commerce équitable» sans réelle valeur à l’échelle internationale. Ecocert Maroc, filiale 100% marocaine du français Ecocert, qui accapare aujourd’hui 80% du marché de la certification des produits biologiques au Maroc, est par ailleurs le seul à proposer une labellisation «bio équitable», à travers son référentiel Equitable solidaire responsable (ESR) qui «s’adresse aux opérateurs souhaitant valoriser leur implication dans des projets alliant agriculture biologique et commerce équitable». Comme nous le rappelle Mounya El Aouni, la certification bio équitable est donc un «cran au-dessus de la labellisation bio» et coûte un peu plus cher. Se mesurant en jour/ homme, le prix d’une labellisation équitable se situe ainsi entre 10 000 et 25 000 DH. «Qui dit négociation dit non équitabilité. Il est donc hors de question de négocier le tarif en fonction des projets. L’Union européenne nous fixe donc un tarif unique», poursuit Mme El Aouni. Pour l’heure, et en comparaison avec les 300 opérateurs certifiés «bio», le Maroc ne compte qu’une douzaine certifiés ESR. «La grande majorité de ces certifications concernent l’huile d’argan dans les régions de Taroudant, d’Agadir ou encore de Sidi Ifni. Et la quasi-totalité de ces projets sont à l’initiative de bailleurs de fonds et de donneurs d’ordre étrangers», commente Mounya El Aouni.
Dans la certification équitable, comme pour le biologique, l’ensemble de la chaîne est labellisé. Une multinationale qui fabriquerait un produit dont un des composants est marocain et équitable doit donc obligatoirement passer par Ecocert Maroc pour certifier le fournisseur du composant en question. Vu l’engouement en Europe et ailleurs pour les produits bio et équitables, la totalité des produits marocains certifiés selon ces normes est destinée à l’export. «L’équitable et le bio ne sont qu’une niche au Maroc. Très peu de points de vente les commercialise», poursuit Mme El Aouni. Néanmoins, les initiatives locales commencent à se développer à l’image d’Arômes du Maroc, marque des Domaines agricoles, qui, déjà certifiée bio, s’apprête à être labellisée «bio équitable» pour sa gamme de produits cosmétiques à base de rose de Kelâat M’gouna. La marque deviendra alors l’unique projet maroco-marocain certifié «bio équitable».
Un avant-projet de loi qui a déjà ses limites
Une fois adoptée, il est évident que la future loi relative au commerce équitable permettra une prise de conscience du consommateur, mais dans quelle mesure ? «La loi reste délimitée au périmètre marocain et il faudra du temps pour que le référentiel soit reconnu à l’international», précise Mounya El Aouni. Dans son article 5, l’avant-projet de loi précise que «seuls les organismes de commerce équitable reconnus administrativement par la PNCE sont habilités à publier la mention «Reconnu par l’Etat marocain comme organisation de commerce équitable ainsi qu’à apposer leur propre label, ou le label national du commerce équitable (LNCE) pour les organismes de commerce équitable marocains».
20:50 Écrit par OUTALHA dans Economie, societe | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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