Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

27/01/2013

LA PAUVRETE, ENNEMI PUBLIC A COMBATTRE

Elle nous guette, nous inquiète, telle une lèpre contagieuse, nous tentons de l’occulter plutôt que de la combattre, elle peut être appelée mouise, guigne, dèche de quelque nom qu’on l’affuble, c’est toujours la pauvreté et c’est d’elle qu’il s’agit.
Elle ne frappe pas qu'un voisin imaginaire, elle   est au cœur des familles, dans nos cités et nos  villages … et nous ne faisons rien, ou si peu pour l’éradiquer!
Or, la pauvreté ne peut engendre de la pauvreté de par le fait que, régie par la loi du plus fort, elle attise des comportements individualistes et laisse la part belle aux citoyens sans scrupules, ceux qui s’accommodent de la corruption et du cynisme !
Il faut la combattre peut la détrôner de ses assises avant qu’elle ne prenne définitivement racine. Ce combat est essentiel pour prospérer.
Dans l’économie vers laquelle nous nous acheminons, il est nécessaire de donner à chaque individu son espace de contribution, c’est-à-dire la possibilité d’honorer ses obligations de citoyen et de créer de la valeur grâce à ses talents et son savoir-faire. Il est évident qu’un homme affaibli réduit sa contribution … quand elle ne devient pas carrément négative, ce qui est pénible, surtout pour lui.

Certes, mourir de faim au Maroc reste exceptionnel sinon inexistant. Mais pour autant, nombreux sont ceux qui doivent recourir aux associations humanitaires pour leur survie au quotidien, sans compter les innombrables assistés de toutes natures grâce à l’hospitalité légendaire de nos concitoyens. Le nombre de pauvres ne cesse de croître. Ce décompte est hélas difficile à établir. Il est même sujet à caution. 

La pauvreté elle-même est difficile à appréhender. Il existe néanmoins une définition statistique communément admise pour la mesurer. Pour les européens, est pauvre celui dont le revenu net est inférieur à 60 % du niveau du revenu médian d'un pays. En France ce seuil oscille autour de 1 463 €/mois. Mais chez nous il est extrêmement difficile voire impossible de fixer un seuil en deçà duquel on est considéré comme pauvre. Nous adoptons donc la définition religieuse du pauvre et de l’indigent.

La pauvreté n'est pas seulement une catégorie comptable. La pauvreté c'est aussi la misère affective, l'absence de perspectives d'avenir, l'insatisfaction de notre société d'hyperconsommation l’écart abyssale entre une minorité nantie et une écrasante majorité d’insatisfaits… le gâchis des talents qui ne s’exprimeront jamais pour cause de chômage chronique et structurel que connait notre pays. Ce n’est pas du manque de ressources que le Maroc souffre mais de l’inégalité dans la distribution des richesses, un système de l’enseignement qui ne sert qu’à fabriquer de nouveaux pauvres, l’inégalité des chances….
Pour penser un nouveau mode de développement, un modèle qui laisse sa juste place aux aspirations humaines en veillant au respect de tout et de tous : nous devons remettre à la mode nos échelles de valeur notamment notre hospitalité et notre solidarité  et par conséquent mettre de notre coté toutes les chances de réussite dans ce combat.
La crise est l'occasion rêvée de remettre à plat notre société. Alors oui, définissons une nouvelle norme d'évaluation de la pauvreté, à l'instar de l'indice de développement humain (IDH qui intègre des notions de santé, d’éducation et de niveau de vie), qui prend en compte d'autres facteurs !

Le Maroc s’est depuis le 18 Mai 2005 doté d’un mécanisme novateur et unique en matière de lutte contre la pauvreté à savoir l’INDH qui a fait de la lutte contre la pauvreté et la précarité sa cible et du développement humain son objectif, et qui depuis a fait ses preuve et démontré sa pertinence. Elle a permis de réduire sensiblement la pauvreté dans les zones ciblées en finançant des milliers de projets portés en majorité par des femmes et des jeunes qui sont les franges de la société les plus exposées. C’est une idée ambitieuse, une réalisation complexe, un coup d’essai réussi qui s’améliore au fil des années et qui s’érige en marque déposée Marocaine.

Ce n’est pas seulement un programme qui vise la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale à travers la réalisation de projets d’appui aux infrastructures de base, des projets de formations et de renforcement des capacités des citoyens ou encore de promotion d’activités génératrices de revenus et d’emploi, c’est une philosophie, une nouvelle approche de gestion sociale de la chose publique, un produit purement marocain destiné aux Marocains mis en œuvre par les Marocains dans le but d’instaurer une gouvernance participative en érigeant les associations et les coopératives comme acteurs incontournables du développement locale.

En somme lutter contre la pauvreté l’exclusion et la précarité implique nécessairement de travailler sur un bouclier social et économique qui permettra d’empêcher les hommes et les femmes sains de corps et d’esprit de sombrer dans le gouffre … un bouclier conçu avec réalisme et dignité.

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16/12/2012

L'obscure clarté de la nuit

 «L’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement, l’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir». C’est ce qu’a écrit Victor Hugo dans un ouvrage intitulé Shakespeare, lequel, loin d’être une biographie de l’auteur de Hamlet, se présente surtout comme un prétexte pour parler de l’art en général et surtout du romantisme comme mouvement littéraire. Ils sont comme cela les grands poètes, ils se mettent à se préparer, à réfléchir et à se promettre de se pencher sur telle question, et c’est tout autre chose qui surgit de leur folle cavalcade dans l’imaginaire. On ne commande pas un poète, on s’en recommande lorsqu’on cherche à appuyer tel sentiment par un argument bien écrit, telle émotion par un poème lu ou telle idée par une citation. C’est du reste ce que fait l’auteur de cette chronique pour introduire le sujet sur la notion du noir, à la fois comme couleur (car le noir est une couleur) et comme idée, état d’âme, situation ou phénomène cosmologique ou astrophysique. C’est ce dernier aspect qui  a attiré notre attention sur un article publié lors des rencontres de la Cité idéale organisées l’été passé dans l’abbaye de Fontevraud en France et consacrées à la nuit et aux étoiles. Au cours de ces rencontres, un astrophysicien, Hervé Dole, un type que l’on ne peut que croire sur parole car il est bardé de diplômes, chercheur au CNRS ayant travaillé pour la NASA et qui continue d’enseigner, d’étudier et de chercher encore, bref, cet homme qui sait de quoi il parle et en parle en connaissance de cause et des choses du ciel a donc expliqué dans une longue et belle démonstration théorique à laquelle je n’ai pas tout bien compris sinon l’essentiel, c’est-à-dire la conclusion, à savoir que la nuit n’est pas noire parce qu’elle est traversée par les lumières : «Il est donc permis d’écrire presque sans ironie, écrit-il justement dans la rubrique Débat du quotidien Le Monde (24-25 juin 2012), que la nuit n’est pas noire, dans la mesure où, si nos yeux étaient sensibles aux rayonnements infrarouge et micro-onde, ils verraient une nuit brillante de rayonnements cosmologiques. Le paradoxe n’est qu’apparent, car il existe donc bien des domaines de longueur d’ondes de lumière pour lesquels la nuit est brillante, mais nos yeux ne les voient pas». 

En général, les scientifiques ont l’art de casser la poésie et de gâcher l’émerveillement de l’homme tranquille qui ne veut pas se poser de question sur le pourquoi et le comment des choses de la vie. Mais là, avouez que la science ajoute de la poésie à ce qui n’était déjà que trop lyrique. La nuit n’est pas la nuit car son noir n’existe pas puisqu’il est traversé par des lumières cosmologiques que nos autres, pauvres humains, n’apercevons pas, insensibles que nous sommes aux rayonnements infrarouges. Et voilà que le fameux oxymore poétique, «Cette obscure clarté qui descend du ciel», est confirmé puis jeté aux orties comme une vieille et triste figure de style d’une grande et navrante pauvreté rhétorique. Il reste que si le noir de la nuit n’existe pas, c’est toute une couleur qui disparaît, un monde artistique qui s’écroule puisque aucune référence chromatique n’est là pour l’attester. Le peintre monochrome Soulage, par exemple, et dont l’œuvre au noir a fait la réputation, serait un imposteur qui nous aurait bernés. La nuit noire n’est donc que la métaphore de quelque chose qui n’existe pas, qui n’a jamais existé ou alors avant le Big-bang, mais là il n’y a personne pour en témoigner. Avouez que c’est flippant comme découverte, non ? De toute manière, ce n’est pas cela qui va empêcher les hommes de continuer à s’agripper au mythe de la nuit noire, ni Johnny Hallyday de filer la métaphore en se lamentant que «Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir». D’accord, nos pauvres yeux de bipèdes bigleux ne sont pas sensibles aux rayonnements infrarouges et autres micro-ondes. D’accord, on ne peut que s’incliner devant le savoir des hommes de sciences, chercheurs intelligents et tout et tout. Mais qui croira que la nuit tous les chats ne sont pas gris ? Qui fournira désormais le noir de la nuit à tous ceux qui s’y réfugient, qui y travaillent, sont en service de nuit pour les bonnes et les mauvaises causes ? A ceux et celles qui pleurent et dansent en chemise de nuit et n’ont que «la nuit pour adresse» et ceux qui  s’ennuient jusqu’au petit jour dans les boîtes de nuit ? Bref, pour tous ceux-là et pour bien d’autres, il «règne sur la ville, comme écrit Aragon, une nuit négatrice». Et pour rester chez les poètes car les poètes ont toujours raison, concluons par le plus grand d’entre eux, Victor Hugo, puisque c’est de lui que nous nous recommandons et c’est avec lui que nous avons commencé. S’adressant à ses opposants dans l’Assemblée, du temps où le verbe avait de la gueule et les interventions de la tenue, Hugo écrit : «Nous sommes pour ce qui sert, vous êtes pour ce qui nuit/ Chacun à sa façon de regarder la nuit».

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