CES AGENCES DE NOTATION FINANCIERES QUI FONT LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS (26/12/2012)
Le délai accordé par l’agence de notation financière Moody’s au gouvernement de François Holland vient de prendre fin. Visiblement pas très convaincue de l’efficacité des mesures prises, ou à venir, pour inverser ou du moins stabiliser la tendance de la dette, elle vient de franchir le pas en dégradant la note souveraine de la France de triple A en AA1.
La dégradation attendue de la note souveraine de la France par Moody's (qui fait suite à celle de Standard and Poor's en début d'année) a quelque peu refroidi les marchés. Peut-on penser que cette perte du AAA va pousser le gouvernement à lancer rapidement ses réformes ? L’avenir proche nous le dira.
"La prévisibilité de la résistance de la France à de futurs chocs dans la zone euro diminue au vu de la montée des risques pour la croissance économique, les performances budgétaires et les coûts de financement", est-il écrit dans un communiqué de Moody's, laquelle agence se montre pessimiste pour les perspectives de croissance à long terme du pays considérées comme "défavorablement affectées par de multiples défis structurels, parmi lesquels sa perte graduelle et soutenue de compétitivité et les rigidités de ses marchés du travail, des biens et des services". L'agence menace d'abaisser une nouvelle fois la note de la France à moyen terme.
Première conséquence de cette dégradation ? L'euro a reculé
L'euro reculait face au dollar au lendemain de l'abaissement par Moody's de la note de la France aussi bien face au Dollar US que face au Yen Ce qui est De mauvais augure pour la santé de la zone euro L'euro limite en revanche ses pertes, porté par l'espoir de nouvelles avancées dans le dossier grec.
Réactions du gouvernement et de l’opposition.
Pour le ministre des Finances Pierre Moscovici la France "était encore bien notée...Cette décision, sanction, concerne la situation laissée par nos prédécesseurs: perte de compétitivité, faible croissance, déficit croissant. Toutefois il a admis que cette dégradation "c'est aussi un encouragement à mettre en œuvre rapidement et fortement les réformes que nous avons décidées et qui vont dans la bonne direction : sérieux budgétaire, stabilisation de la zone euro, pacte de compétitivité."
Jean-François Copé pour sa part estime que c’est "un énième signal d'alarme sur le déficit de compétitivité qui touche notre économie". Renvoyant la balle dans le camp de la majorité, le nouveau président de l'UMP, il a affirmé que "le gouvernement ne manquera pas de tenter de se défausser sur Nicolas Sarkozy". Pour le député-maire de Meaux, " la gauche porte clairement une part importante de responsabilité dans cette dégradation" qui fait figure "d'énième signal d'alarme sur le déficit de compétitivité qui touche notre économie".
Il fait observer que "Moody's avait placé la France sous surveillance négative suite au projet de loi de finances rectificative pour 2012 défendu par François Hollande en juillet dernier". Pour lui cette dégradation est le signe que "L'agence de notation (...) constate que le gouvernement n'a pas engagé les réformes nécessaires pour maintenir la notation de la France notamment sur la question de la compétitivité, de la rigidité du marché du travail et des dépenses publiques".
Plusieurs entreprises publiques subissent la dégradation.
Dans le sillage de la France, Moody's a dégradé plusieurs entreprises publiques, comme la SNCF, la Caisses des dépôts et consignations (CDC), , l'Agence française de développement (AFD) , Le Crédit de la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades), l'union nationale pour l'emploi dans l'industrie et le commerce (Unedic), la Caisse nationale des autoroutes (CNA) et la Régie autonome des transports parisiens (RATP) …… Toutefois, l'agence de notation a préservé EADS. Cette décision reflète la "position solide" d'EADS en tant que constructeur aéronautique, avec une bonne base d'actifs et un large spectre de commandes, explique Moody's dans un communiqué reçu mercredi. Elle est également justifiée par les "espoirs de voir la société poursuivre son élan positif en cours" tout en améliorant "son profil de crédit à l'horizon des 18-24 mois" et ce en dépit de l'abaissement d'un cran de la note de la France.
Mécanisme européen de stabilité (MES) est aussi sanctionné.
Poursuivant dans sa foulée, Moody's a de nouveau fait feu. Et a visé un gros morceau : le Mécanisme européen de stabilité (MES). Celui-ci voit sa note passer de "Aaa" à "Aa1", avec une perspective négative. Dans le même temps, elle a également annoncé la dégradation d'un cran du Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui passe aussi de "Aaa" à "Aa1", lui aussi assorti d'une perspective négative. Cette décision est la conséquence de la dégradation de la France mi-novembre. Ce qui est logique puisque l'Hexagone constitue le deuxième plus gros pays contributeur des MES et FESF. Le risque et la notation des MES et FESF sont étroitement liés à ceux de leurs principaux soutiens.
Du côté de la zone euro, l'incompréhension et l'agacement dominent. Le geste de Moody's est difficile à comprendre les principaux décideurs financiers sont en désaccord avec l'approche de l'agence de notation qui ne prend pas suffisamment en compte le cadre institutionnel particulièrement solide du MES, les engagements politiques et la structure de son capital.
Si le geste surprend, c'est surtout parce que le MES, principal instrument de sauvetage de la zone euro, bénéficie d'une structure de capital bien différente du FESF. A terme, celui-ci disposera d'un capital en dur de 80 milliards d'euros, qui lui permet (en théorie) d'être moins sensible aux changements de notation des Etats de la zone euro.
Or il s'agit du plus important "capital en dur" pour une institution de prêt multilatérale, comme le souligne son communiqué. Actuellement, celui-ci s'élève à 32 milliards d'euros. Et il doit encore être renforcé jusqu'en 2014. Reste que pour l'instant, le MES bénéficie toujours d'un triple A, la meilleure note possible auprès de l'agence Fitch. Mais n'est pas encore noté par sa concurrente Standard & Poor's.
A chaque dégradation son "choc" politique... Il ne faut pas s'affoler plus que de raison. La note "Aa1" représente une probabilité de défaut quasi-nulle. Et aujourd'hui, on va vers l'ère des quasi-triple A. Il n'y a guère que des pays comme la Norvège, la Suède ou Singapour qui conserveront leur "triple A" sur le long terme. Les marchés le savent bien. Par ailleurs au niveau mondial, la zone euro bénéficie toujours de la confiance des investisseurs. Les pays membres sont considérés comme plus fiables que la plupart des pays émergents.
12:24 Écrit par OUTALHA | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
|
Imprimer | |