…………….. 2011 …………….. (25/01/2012)
À chaque année son bilan. Celle que nous quittons est vraiment particulière. Mieux. On peut dire, sans risque d’exagération, qu’elle est exceptionnelle, pour la simple raison que 2011 est à la fois un passé pas tout à fait révolu et un avenir en cours.
Elle est l’issue de sortie de l’existant et la portière qui donne sur un futur immédiat. Elle est, pour tout dire, la charnière.
Programme. Les prévisionnistes politiques les plus futés ont été pris de court.
Tout a commencé, dès le deuxième mois, par la manifestation du Mouvement du 20 Février. C’était une expression publique à forte connotation de société civile, donc foncièrement maroco-marocaine; mais pas uniquement. Nous sommes objectivement, de par la concordance des temps, partie prenante d’un monde arabe en ébullition. Du Caire à Tunis, en passant par Tripoli, Sanâa et Damas, c’est la rue qui est devenue l’expression des attentes et des aspirations populaires; et qui fixe le timing politique. Une vraie tornade qui a emporté des régimes installés depuis des décennies, apparemment sur des bases durables. C’était la surprise de l’année; les analyses pour distinguer le comment du pourquoi, sont venues après. Valeur aujourd’hui, on n’est pas encore quittes par rapport à un événementiel d’un lendemain pas vraiment prévu au programme. Les prévisionnistes politiques les plus futés ont été pris de court.
En ce qui nous concerne, une question taraudait tous les esprits; allons-nous passer sous le même rouleau compresseur; le Maroc va-t-il être dans l’œil du cyclone qui a ravagé certains pays arabes? Cette interrogation était largement partagée par toutes les catégories sociales et par la force des médias et de l’instantanéité de l’information. Au Mouvement du 20 Février, il fallait une réponse, sans tarder. La réponse est venue deux semaines après, dans le discours royal du 9 mars, avec son lot de réformes institutionnelles et d’élections législatives anticipées. Il y avait du grain à moudre pour la classe politique, et de quoi faire patienter les attentes du peuple citoyen. Mais une question, aux allures de dur à cuire, persistait. À partir de quoi allons-nous nous inscrire dans la dynamique de changement qui traverse les pays arabes? L’idée qui a fait florès, c’était une “assemblée constituante”. Autrement dit, partir d’une absence totale de prérequis institutionnels; d’une déficience intégrale de toute légitimité historique, en terme d’État nation et de pouvoir central. En clair, partir de rien. Or, le Maroc n’est pas dans ce cas de figure.
Il n’y a jamais été, au regard d’une historicité qui témoigne de la continuité d’un Etat centralisateur et garant de l’unité nationale et territoriale. En fait, ce slogan avait déjà été brandi, dans les années 1960 par l’UNFP; mais il est très vite devenu caduc. Les radicaux de l’époque se sont rendus à l’évidence d’un certain particularisme marocain. Aujourd’hui, il ne s’agit pas, pour nous, de construire sur un “no-man ’s-land” institutionnel, mais de reconstruire et d’adapter aux temps nouveaux ce qui n’a jamais cessé d’exister. L’Etat marocain se réforme de par la volonté du peuple et l’ouverture d’esprit du Souverain. La nouvelle Constitution confère des prérogatives renforcées au chef de l’Exécutif, au Parlement et à la Justice.
Ce message, entier et porteur de tous les changements dans le rapport de l’Etat aux institutions électives, a été bien reçu par le peuple électeur. Le Chef du gouvernement a été choisi dans le parti qui est arrivé en tête du scrutin législatif. C’est lui, et lui seul, qui a décidé de ses alliances gouvernementales. Le formalisme démocratique aura été suivi à la lettre. C’est l’essentiel. Quant à l’opérationnalité et l’efficacité de l’Exécutif à dominance islamiste, on en jugera le temps venu. Nous serons, à Maroc Hebdo International, au rendez-vous, en toute indépendance comme d’habitude, depuis vingt ans
12:28 Écrit par OUTALHA | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
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