Pourquoi cette levée de boucliers chez certains nantis contre la taxation, exceptionnelle et limitée dans le temps, des hauts revenus ?

05/12/2011

USFP:Gouvernement ou opposition ?

Dans l'attente d'une réunion du conseil national du parti pour décider, une pétition circule refusant une probable participation au gouvernement.

L'USFP (Union socialiste des forces populaires) semble se retrouver face à un vrai dilemme entre les tentations du gouvernement et le retour à l'opposition. Le PJD (Parti de la justice et du développement) dont le secrétaire général a été désigné pour former le gouvernement après sa victoire, a dès le premier jour formulé le souhait de former une majorité gouvernementale avec la Koutla. Seulement voilà, les trois partis de cette alliance, à savoir l'Istiqlal, l'USFP et le PPS (Parti du progrès et du socialisme) n'agissent pas de concert. Chacun a choisi de faire cavalier seul selon ses propres calculs politiques. L'Istiqlal a été le premier à accepter l'invitation du parti de la lampe. Abbas El Fassi, secrétaire général de l'Istiqlal, est d'ailleurs le premier responsable politique reçu par Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement désigné. Sauf grande surprise de dernière minute, les istiqlaliens feront partie pour sûr de la prochaine équipe gouvernementale. Reste à savoir si ses deux alliés à la Koutla vont suivre les mêmes pas. Pour l'instant, l'USFP ne se bouscule pas puisque des divergences ont éclaté entre les dirigeants du parti sur l'utilité de rejoindre un gouvernement conduit par un parti comme le PJD. Car si l'Istiqlal est plutôt proche sur le plan idéologique des pjdistes, l'USFP et le PPS, qui sont des partis de gauche, n'ont pas forcément les mêmes approches que le parti de la lampe en dépit de quelques rapprochements limités dans le temps entre les trois formations.
Après sa rencontre avec Abdelwahed Radi, premier secrétaire de l'USFP, le chef de gouvernement désigné a déclaré devant les médias que les socialistes n'avaient pas encore pris de décision sur la question. De quoi alimenter le suspens durant quelques jours encore.

Manœuvre
Mais des observateurs de la scène politique disent que la position actuelle de l'USFP ne serait qu'une manœuvre politique pour mieux monnayer sa participation au gouvernement. De même, certains dirigeants du parti auraient intérêt à agir de la sorte pour faire pression sur le PJD qui a annoncé son intention d'intégrer dans la nouvelle équipe de nouvelles figures jeunes écartant ainsi les candidatures des personnalités qui ont déjà connu une expérience ministérielle. «L'hypothèse d'une manœuvre politicienne est éloignée parce que la situation est totalement différente. Il existe une réelle tendance au sein des bases de notre parti pour rejoindre l'opposition», affirme un membre du conseil national du parti de la rose. Il faut dire que le parti n'est plus en position de force notamment en l'absence d'une réelle solidarité au sein de la Koutla. Car l'Istiqlal pourra participer au gouvernement même en cas d'un refus des usfpéistes de rejoindre la majorité. Dans ce cas, le PJD n'hésitera pas à faire appel à l'UC (Union Constitutionnelle) et le MP (Mouvement Populaire) pour compléter sa majorité parlementaire. Les secrétaires généraux de ses deux partis devaient rencontrer hier Benkirane pour démarrer les négociations. D'ailleurs, tout porte à croire que ces deux formations vont effectivement rejoindre le gouvernement si elles reçoivent de bonnes propositions. L'UC aimerait bien revenir à l'Exécutif après plus de quatorze ans passés à l'opposition. Pour sa part, le MP voudrait bien faire oublier le revers essuyé lors des dernières élections avec des résultats jugés modestes par le secrétaire général lui-même.

Échéances
La marge de manœuvre de l'USFP est ainsi réduite. D'autant plus que de plusieurs échéances cruciales attendent le parti notamment les élections locales et régionales en 2012, ainsi que l'organisation de son 9e congrès qui a été retardé en raison de la tenue des élections législatives. Pour sortir de cette situation embarrassante, les dirigeants actuels du parti vont soumettre la question d'une participation au gouvernement au conseil national qui devrait se réunir incessamment. «Il me semble que c'est la dernière chance pour l'USFP. Il est vrai que les résultats de notre parti dans les élections n'ont pas été catastrophiques mais ils n'ont pas beaucoup changé par rapport aux élections de 2007. A mon avis, il est grand temps de revenir à l'opposition pour mieux préparer les échéances futures», ajoute la même source. Et de conclure : «Plusieurs initiatives sont en cours actuellement pour amener les dirigeants à refuser la proposition de rejoindre la majorité notamment la signature d'une pétition. C'est une occasion également pour amorcer le chantier d'une réelle polarisation du champ politique national».

PPS

Le PPS se dirige également à convoquer ses instances pour prendre une décision finale sur le sujet.
A priori, le parti n'a aucun problème à rejoindre la majorité si, en contrepartie, il reçoit des propositions intéressantes. Le parti du livre a régulièrement participé aux gouvernements depuis l'expérience de l'alternance en 1997. Ces résultats dans les élections législatives n'ont pas connu d'énormes changements comme ce fut le cas pour l'USFP qui avait chuté de la première position en 2002 à la cinquième dans les élections de 2007.
Toutefois, la décision finale de l'USFP pourrait influencer celle du PPS.

21:30 Écrit par OUTALHA dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |

Feuille de route chargée pour les 100 premiers jours

Après l’euphorie de la victoire, une fois sa majorité et son équipe gouvernementale constituées, le PJD devra bientôt s’atteler aux choses sérieuses. Et la partie ne sera pas de tout repos.

Les premiers mois risquent d’être mouvementés et intéressants pour Abdelilah Benkirane et sa future équipe gouvernementale. D’abord, il y aura un chantier urgent qui est la loi de Finances 2012. L’année 2011 s’approche de la fin et la nouvelle équipe ne pourra pas entamer 2012 sans loi de Finances au risque de bloquer son action faute de budgets. Or, on se rappelle bien que le projet de loi de Finances déposé au Parlement quelques semaines avant les élections était minimaliste, le gouvernement sortant préférant laisser à son successeur le soin d’y apporter ses touches. Mais le gouvernement d’Abdelilah Benkirane aura-t-il le temps de se mettre en place et de plonger dans les dossiers pour être au rendez-vous avant fin 2011? En toute logique, si le nouveau gouvernement laisse ce projet en l’état, il  a de fortes chances qu’il soit voté très rapidement et, surtout, sans aucun risque de blocage de la part de l’opposition. La raison en est que le projet de loi a été préparé par cette même opposition quand elle était encore aux commandes. Elle devrait donc le voter. Mais l’inconvénient d’une telle option est qu’elle ne permet pas au nouveau gouvernement mené par le PJD d’apporter sa touche et donc de marquer d’entrée de jeu la différence. Et surtout, cela reviendra à adopter des hypothèses, notamment en termes de croissance, de déficit budgétaire et autres, qui ne correspondent pas forcément aux engagements pris par le PJD lors de sa campagne. En d’autres termes, sur le plan politique, cela risque de nuire au capital sympathie avec lequel démarre le PJD. Dans le cas contraire, si le nouveau gouvernement décide de modifier le projet de loi de Finances, l’exercice sera d’une extrême difficulté puisque sur le plan budgétaire les marges sont très réduites pour ne pas dire inexistantes. Chaises musicales au Parlement…
Véritable casse-tête. La session d’automne a déjà été ouverte en octobre dernier avec les anciens parlementaires. Ces derniers ont eu à travailler en commissions sur un certain nombre de projets de loi qui sont actuellement toujours en examen. De même, ces commissions planchaient sur des propositions de loi soumises par l’opposition de l’époque dont faisait justement partie le PJD. La première question qui vient à l’esprit est de savoir comment la nouvelle majorité va opérer ce passage. Les propositions de loi qui émanaient, par exemple, du groupe parlementaire du PJD, et elles sont nombreuses, vont-elles être transformées en projets de loi ? C’est le cas par exemple des propositions relatives à la Charte communale, au Code pénal, aux banques islamiques, etc. Pendant plusieurs années, ces propositions étaient constamment refusées au Parlement. Maintenant qu’il a la main sur la première Chambre, rien n’empêche le PJD de les programmer en premier et de les faire voter puisqu’il dispose pour cela d’une majorité confortable. Mais se posera alors un problème d’ordre éthique. Vraisemblablement, on se dirige vers une majorité à laquelle prendront part des partis de l’ancienne comme le Mouvement populaire et surtout l’Istiqlal. Les députés de ces deux partis devront donc supporter et défendre des textes contre lesquels combattaient encore il y a quelques semaines ou quelques mois. Comment pourront-ils argumenter logiquement un tel changement radical de position ? Il va sans dire que c’est la crédibilité du Parlement et des parlementaires qui est en jeu.

21:26 Écrit par OUTALHA dans MAROC | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |  Imprimer | |